Philippe Denis: «Les bons retours de nos partenaires nous ont incités à poursuivre nos investissements, de même que le changement d’état d’esprit que nous avons observé chez les fiduciaires luxembourgeoises.» (Photo: Laetizia Bazzoni)

Philippe Denis: «Les bons retours de nos partenaires nous ont incités à poursuivre nos investissements, de même que le changement d’état d’esprit que nous avons observé chez les fiduciaires luxembourgeoises.» (Photo: Laetizia Bazzoni)

La plate-forme connectée aux logiciels comptables des fiduciaires automatise les process. De leur côté, les dirigeants de TPE/PME accèdent depuis le web ou sur leur smartphone aux tableaux de bord opérationnels essentiels au pilotage de leur activité.

Monsieur Denis, comment a débuté l’aventure Skwarel et quelles ont été les étapes-clés de votre développement, en particulier au Luxembourg?

«C’est l’ambition de digitaliser notre propre fiduciaire qui est à l’origine du projet. Nous souhaitions dématérialiser au maximum les échanges avec nos clients pour la partie administrative, tout en conservant bien sûr l’échange humain pour l’aspect conseil. Nous avons donc d’abord développé la plate-forme collaborative en Belgique pour nos besoins internes, puis nous l’avons proposée à d’autres bureaux comptables.

Début 2016, nous avons fait une première levée de fonds de 800.000 euros afin de lancer le développement et la commercialisation de Skwarel. Cela nous a notamment permis d’améliorer les fonctionnalités de l’outil et d’étendre la compatibilité, en plus de WinBooks, à Sage BOB, largement utilisé en Belgique et au Luxembourg. Nous avions approché quelques fiduciaires luxembourgeoises dès 2017 et poursuivi grâce à elles le développement de l’outil.

Grâce à l’évolution de la GDPR et à la réforme de la CSSF, les fiduciaires sont plus rassurées à l’idée que leurs données soient stockées.

Philippe Denis, CEO de Skwarel

Mais c’est en 2018 que nous avons plus largement accéléré le déploiement de Skwarel au Grand-Duché. Les bons retours de nos partenaires nous ont incités à poursuivre nos investissements, de même que le changement d’état d’esprit que nous avons observé chez les fiduciaires luxembourgeoises, désormais plus ouvertes à la digitalisation, devenue un sujet central.

Par ailleurs, grâce à l’évolution de la GDPR et à la réforme de la CSSF, les fiduciaires sont aussi plus rassurées à l’idée que leurs données soient stockées sur le cloud dans l’Union européenne. Cela a aussi contribué à créer un contexte favorable à notre déploiement au Grand-Duché. Notre récente levée de fonds de 1 million d’euros nous permet d’accompagner cette croissance.

Quels sont selon vous les enjeux de la digitalisation des fiduciaires?

«Le digital implique l’automatisation des taches répétitives, dépourvues de valeur ajoutée, mais indispensables. Cela représente un gain de temps pour le comptable, mais aussi une perte de facturation pour les bureaux comptables qui, dans leur immense majorité, fonctionnent en régie et facturent leurs clients à l’heure. Le premier enjeu est donc de changer le modèle économique pour passer à une facturation forfaitaire et packagée avec des services, qui correspond davantage aux nouvelles attentes de consommation.

Pour que la transition réussisse, il faut fixer des objectifs atteignables et progressifs aux collaborateurs.

Philippe Denis, CEO de Skwarel

Cela permet de valoriser des missions plus qualitatives et les entrepreneurs sont prêts à payer plus cher pour davantage de services. L’autre enjeu majeur est celui du change management. Pour que la transition réussisse, il faut fixer des objectifs atteignables et progressifs aux collaborateurs, et déjouer les freins psychologiques inhérents à toute modification des méthodes et outils de travail. Il faut aussi convaincre les clients de changer leurs habitudes, mettre en avant les bénéfices de la digitalisation, notamment en termes de communication, de conseil et de transparence.

La plate-forme rend également la gestion comptable plus accessible et opérationnelle aux entrepreneurs?

«Notre solution s’adresse clairement aux petites et moyennes entreprises. La comptabilité est un métier à part, parfois complexe, et si les entrepreneurs ne souhaitent pas forcément un reporting détaillé, ils ont manifesté le besoin d’accéder de façon régulière à une photographie instantanée de leur business, en termes de rentabilité, de paiements, etc.

Nos premiers niveaux de dashboards sont des versions simplifiées et accessibles à tout un chacun.

Philippe Denis, CEO de Skwarel

C’est pourquoi nos premiers niveaux de dashboards sont des versions simplifiées et accessibles à tout un chacun, utiles au pilotage de l’activité. Ces tableaux peuvent aussi inciter le client à se tourner vers son expert-comptable pour trouver du conseil, ce qui est finalement la vraie valeur ajoutée du comptable.

Quels sont vos projets de développement? 

«L’outil de messagerie de Skwarel est depuis quelques jours également disponible sur l’application mobile. Les entrepreneurs peuvent donc utiliser la solution plus facilement en mobilité ou depuis leur domicile. Prochainement, nous allons encore faire évoluer la messagerie pour pousser des messages et des conseils de façon automatisée en fonction d’un ciblage des clients.

Nous proposerons également en fin d’année au Luxembourg notre outil de gestion des déclarations de revenus. Il s’agit de collecter et rassembler les informations personnelles à l’aide d’un formulaire web qui s’adapte à la situation fiscale du client. L’idée étant toujours de faciliter le travail du comptable, mais également de mettre un cadre GDPR autour de cette collecte d’infos.»