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Le fracas des marteaux piqueurs et des véhicules de chantier servant à la construction de la nouvelle cité de Belval contraste avec le silence assourdissant du ministère de l’Intérieur lorsque ses représentants sont sollicités pour évoquer la prégnance du politique sur la promotion immobilière au Grand-Duché.

Après une semaine de sollicitations, il faut se contenter d’un courrier électronique jargonneux, envoyé depuis la boîte mail du ministre, Jean-Marie Halsdorf : « Le rôle de l’État, et plus particulièrement du ministre de l’Intérieur, consiste à vérifier la légalité des procédures et décisions des autorités communales. Le ministre approuve les PAG et PAP adoptés par les conseils communaux au regard des textes de loi applicables et en tenant compte de l’avis de la commission d’aménagement. » On reste sur sa faim, puisque l’on comprend que le gouvernement n’aurait pas vraiment son mot à dire… alors que, dans les faits, il semble qu’il tire des ficelles.

Reconvertir les friches industrielles d’Esch-Belval, site historique de l’Arbed devenue ArcelorMittal, est par exemple une de ses priorités obsédantes depuis de nombreuses années. L’État sponsorise le développement du site qui s’apparente de plus en plus à une cité administrative avec la progressive implantation des centres de recherche publics, de l’Université du Luxembourg, de l’Institut luxembourgeois de la normalisation (Ilnas), de l’agence de l’Environnement, de l’administration des Eaux… bref, il y aura bien de la vie sur le site. Mais à quel prix ?

Quelques promoteurs, INBC, Belimmo ou Technoconsult, ont vu dans cet espace sudiste une opportunité de développer l’un ou l’autre projet, vu le soutien public massif accordé au développement en question. Mais ce dernier ne fait pas l’unanimité et certains acteurs de l’immobilier s’interrogent même sur sa pertinence – le site est mal desservi et trop à l’écart de la vie économique – ou encore sur la manière de procéder – le développement a été fait à l’envers, dit-on.

Si les avis sont partagés sur la pérennité du site, à court terme tout le monde s’accorde sur un certain cafouillage qui résulte manifestement d’un manque de concertation entre le public et le privé. Le secteur privé a, par exemple, pris le parti de s’implanter dans une zone plus proche de la capitale et pas forcément prévue à cet effet, comme Leudelange.

C’est le deuxième point soulevé dans la correspondance avec le ministère qui, au moyen du même jargon administratif, tente de noyer le poisson tout en admettant un léger raté : « Le développement urbain de cette commune au-delà des limites actuelles de l’urbanisation existante n’est dès lors pas vraiment en phase avec les orientations de développement du programme directeur de l’aménagement du territoire », explique l’auteur du courriel.
On n’en saura pas plus. À la décharge du ministre, le terrain est glissant. Parler avec la presse n’est pas la situation la plus confortable quand son nom est cité parmi d’autres dans « l’affaire Livange-Wickrange »… On fait donc vœu de silence. Un brin assourdissant. Et pendant ce temps-là, les chantiers continuent leur fracas.