C’est finalement en Moselle que Knauf installera son usine de production de laine de roche. (Photo: Knauf/BEI)

C’est finalement en Moselle que Knauf installera son usine de production de laine de roche. (Photo: Knauf/BEI)

Knauf. La marque connue des bricoleurs n’aura jamais obtenu un tel battage médiatique depuis que la direction du groupe a décidé de construire une nouvelle usine en Moselle, plutôt qu’au Luxembourg. Le vent défavorable autour du dossier depuis quelques mois a échaudé le fabricant de laine de roche. De quoi déclencher le courroux d’Étienne Schneider (LSAP), qui exprimait le 30 mai dernier sa déception non pas tant du choix de Knauf que du discours «anti-industrie» envoyé à l’extérieur du pays. Mise en cause, l’Administration de l’environnement se défend d’avoir voulu faire barrage. 

En Vert et contre tous?

En première ligne, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg (Déi Gréng) joue l’apaisement par la voix de son porte-parole. Elle ne souhaite pas commenter les propos d’Étienne Schneider, mais parle d’une approche constructive: «Nous avançons bien dans le dossier Google, et dans le dossier de l’extension DuPont de Nemours, une solution vient d’être trouvée. On ne peut donc pas parler d’une culture anti-industrielle. C’est Knauf qui a pris la décision de clôturer le dossier, non l’administration.»

Et d’ajouter que «le projet suscitait beaucoup d’inquiétudes au niveau de la pollution de l’air, notamment pour le dioxyde de soufre et l’ammoniac. Le problème, c’est le processus d’incinération, qui est basé sur le coke, Knauf ne voulait pas changer ce processus.» «Nous regrettons que Knauf ait pris sa décision, alors que notre dossier n’était pas complet», déclarait le député DP Max Hahn au sortir d’une commission parlementaire environnement sur le sujet, également le 30 mai. On y apprenait d’ailleurs que deux autres sites en Belgique étaient aussi en lice. «Nous avons des objectifs très ambitieux à atteindre d’ici 2030 et nous avions des solutions à proposer à l’entreprise pour réduire son impact sur l’environnement. L’idée d’utiliser la chaleur de l’entreprise Kronospan située à Sanem, par exemple.»

Rifkin-friendly

«La promotion de la croissance économique doit s’inscrire, comme toute politique, dans le contexte du développement durable», indiquait le programme du gouvernement en 2013. Étienne Schneider et Carole Dieschbourg ne disent pas autre chose que de vouloir une industrie compatible avec la stratégie Rifkin, durable, à haute valeur ajoutée et orientée vers la technologie. Mais la cacophonie autour de Knauf et les déclarations plutôt hostiles (dont celles du bourgmestre CSV Laurent Zeimet) à l’égard de l’usine de yaourts Fage (prévue à Bettembourg) peuvent donner des signaux négatifs à l’étranger. La vision de croissance «qualitative» à long terme, visiblement défendue par tous les responsables politiques, doit-elle être adoptée dès à présent et de facto? Reste à attendre la réponse de Google sur son projet de méga data center à Bissen, représentant 1 milliard d’investissement, pour connaître les limites éventuelles du positionnement économique du pays.