Le site d’Esch-Belval  doit bénéficier de nouveaux investissements.  (Photo : Charles Caratini / archives)

Le site d’Esch-Belval doit bénéficier de nouveaux investissements.  (Photo : Charles Caratini / archives)

« Un génocide industriel », telle est l’image employée par Yves Fabri, du syndicat français CGT, aux côtés de ses camarades de l’OGBL et des deux organisations belges, FGTB et SETca, pour qualifier la situation de l’usine de Florange en Moselle. Selon le syndicaliste, l’option d’un repreneur, présentée par le ministre du redressement productif (en charge de l’industrie, ndlr.) Arnaud Montebourg, en réponse à la décision d’ArcelorMittal de fermer les hauts-fourneaux du site est inacceptable. « 2.800 emplois sont menacés, et au-delà, l’industrie même en France », ajoute M. Fabri qui accueille tout aussi fraîchement l’idée de spécialisation accrue, dans l’industrie automobile pour le restant du site encore en activité.

Une même cause européenne

Outre le cas de Florange, c’est la question de l’avenir de la sidérurgie européenne, que les syndicats posent à nouveau, dans une lettre adressée aux ministres concernés : le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur Étienne Schneider, le ministre français du Redressement productif Arnaud Montebourg, ainsi que Jean-Claude Marcourt, ministre de l’Économie en Wallonie. Trois interlocuteurs que les syndicats entendent rencontrer prochainement, forts de quatre rapports indépendants, précisant que d’autres voies de reprises ou de spécialisation des usines concernées sont possibles.

Les syndicats accusent ArcelorMittal de créer des tensions à tous les niveaux (raréfaction des produits, maintenance, formation du personnel, relations avec les clients…). Ils redoutent que la stratégie de M. Mittal ne se propage à d’autres industriels en Europe. « Nous constatons cependant que le groupe allemand Thyssen recentre actuellement, malgré une baisse de la demande, ses activités sur ses actifs européens », ajoute Philippe Verbecke, autre représentant de la CGT.

Schifflange et Rodange viables

Alors que le communiqué d’ArcelorMittal, et même celui du LCGB, faisaient état d’une réunion constructive (portant sur la branche luxembourgeoise du groupe) à l’occasion du comité de suivi, ce vendredi 26 octobre, la présentation de ce lundi donne plutôt l’impression d’une rupture de dialogue. 

Reste que le numéro un mondial du secteur annonce vouloir investir 150 millions d’euros dans ses installations luxembourgeoises ; comme prévu dans le cadre des accords Lux 2016. Des investissements qui ne concernent pas les sites de Rodange et de Schifflange, où des reclassements sont en cours.

Et c’est justement sur ces deux sites que l’OGBL – qui fut le moins prolixe durant la réunion intersyndicale – entend faire part de ses propositions de reconversion. La presse devrait être convoquée ultérieurement pour plus de détails, mais il serait question d’adapter la gestion des usines à leur taille.
« Schifflange et Rodange peuvent vivre via une structure de 300 à 400 employés avec, par exemple, moins de directeurs généraux, et une structure adaptée à une PME », précise à ce sujet Jean-Claude Bernardini. Le membre du bureau exécutif de l’OGBL pose aussi la question de la séparation de certains sites luxembourgeois du groupe ArcelorMittal, en leur donnant davantage d’autonomie.

S’appuyer sur l’histoire

Les syndicats proposent d’ailleurs également la prise de participation de certains États dans l’industrie européenne. Ou encore la concertation entre dirigeants européens pour se doter des instruments de protection nécessaires contre la concurrence de produits en provenance d’autres continents. Le souvenir de la CECA (Communauté européenne du Charbon et de l’Acier) n’est pas loin. Les syndicats l’évoquent ouvertement, pour rétablir une coopération entre États, contrairement à la politique de la Commission européenne qu’ils qualifient « d’ultralibérale, et qui met les États en guerre les uns contre les autres. »

En attendant la réponse des ministres concernés, les syndicats devront composer avec deux paramètres politiques importants : les difficultés budgétaires des États – pouvant remettre en cause leurs éventuels efforts – ainsi que le temps que peut prendre un processus décisionnel au niveau européen.