Le lien affectif entre le pays et sa sidérurgie se serait estompé au fil des ans. (Photo : Charles Caratini)

Le lien affectif entre le pays et sa sidérurgie se serait estompé au fil des ans. (Photo : Charles Caratini)

L’industrie a-t-elle un futur au Luxembourg ? Si les réponses à la question varient suivant les points de vue, la baisse de l’influence de la sidérurgie dans l’activité industrielle du pays fait régulièrement l’unanimité. En abordant cette question durant sa nouvelle conférence, la Sacred Heart University va également provoquer le « choc » des opinions en réunissant trois acteurs particulièrement aguerris sur le sujet : Michel Wurth, membre du comité de direction d’ArcelorMittal ; Guy Harles, associé chez Arendt & Medernach ainsi que le directeur du Centre Robert Schuman, Charles Barthel.

L’origine des capitaux en question

Historien de formation, M. Barthel aura à cœur de faire une mise au point sur l’origine des capitaux qui ont permis le développement de la sidérurgie et de facto la richesse du pays.

« Ce qui m’horripile c’est de lire régulièrement, même sur des sites Internet officiels, que la révolution industrielle aurait eu lieu au 19e siècle grâce à des capitaux allemands alors que ce n’est tout simplement pas vrai. » Et M. Barthel de préciser que lesdits capitaux engagés étaient en provenance du Luxembourg et de Belgique.

« Durant les années 20 et 30, on ne ratait pas une occasion de dénigrer la toute jeune Union économique belgo-luxembourgeoise et de mettre en valeur les Allemands », précise M. Barthel.

Sidérurgie et politique

Véritable « État dans l’État » l’Arbed, devenu aujourd’hui ArcelorMittal, a joué un rôle prépondérant durant de nombreuses années dans le façonnage du pays, jusque dans la politique étrangère luxembourgeoise, selon M. Barthel. « Émile Mayrich a pris part à la formation des cartels internationaux et fut l’un des précurseurs de la première réconciliation franco-allemande de l’entre-deux-guerres. »

Si ce lien entre le développement d’une industrie et celui d’unterritoire n’est pas des exceptions à l’échelle régionale, à l’instar des cas des bassins lorrains et liégeois, le cas est plus singulier pour un pays tout entier. « La Communauté européenne du Charbon et de l’Acier a été une chance pour le pays, ajoute M. Barthel. Grâce à notre industrie, nous avons pu jouer un rôle supérieur à celui auquel nous aurions pu prétendre compte tenu de son étendue géographique. »

Un lien affectif moins fort

Élément déterminant dans la résolution des crises sidérurgiques des années 70 et 80, le lien entre la sidérurgie et le Luxembourg s’est aujourd’hui détendu sur le plan « affectif ».
« Le lien affectif n’existe plus, ajoute M. Barthel. D’autant plus que très peu de Luxembourgeois travaillent encore dans la sidérurgie et le personnel dirigeant luxembourgeois disparait peu à peu au sein d’ArcelorMittal. »

Une évolution économique et sociologique qui sera évoquée ce jeudi 17 janvier durant la conférence de la SHU intitulée « Industry means steel in Luxembourg. Still true ? » Informations et inscriptions via club.paperjam.lu.