Pour Xavier Bettel, l’Europe se trouve à un moment charnière de son histoire. Interviewé par France 24, samedi, le Premier ministre a dressé un constat en demi-teinte de l’institution, décrite comme «une Europe qui est juste une Europe économique, d’échanges de marchandises» et où «un phénomène de repli identitaire» aboutit au fait que «la volonté de voir une Europe politique se trouve plutôt au point mort».

Dans ce contexte, le référendum britannique du 23 juin prochain est vu par le chef de gouvernement comme «dangereux» puisque pouvant potentiellement aboutir à «la première demande de divorce par consentement mutuel, même si elle est unilatérale de la part d’une partie». Pour Xavier Bettel, si le Brexit devait se réaliser, «tout le monde sera perdant» et une grande part de responsabilité devra être assumée par David Cameron, qui s’était engagé à réaliser ce référendum au cours de sa campagne électorale, «peut-être pour gagner des voix».

L’accord avec la Turquie est une part de la solution, mais pas LA solution.

Xavier Bettel, Premier ministre du Luxembourg

Assurant que «la situation économique repart», le Premier ministre luxembourgeois estime qu’«on devrait réussir à combattre les populistes» qui bénéficient cependant «d’un avantage sur les démocrates»: celui «de toujours donner des réponses simplistes, même si pas réalistes» aux questions posées par les citoyens. Un constat aggravé, selon Xavier Bettel, par le fait que «les partis traditionnels du centre sont en train d’imiter les extrêmes (…) en rendant un peu acceptables certaines de leurs idées». Ne citant aucun nom, le chef de gouvernement estime qu’il est «important de garder nos valeurs» et assure que «si on imite un populiste, on devient populiste». Selon lui, «si on court après un électeur, on ne verra que son dos».

Face à la crise migratoire qu’affronte le vieux continent, «seule une politique d’immigration commune avec des mécanismes permanents qui fonctionnent de manière équitable» permettrait de répondre aux défis actuels, mais cette dernière «n’est pas d’actualité, car nous sommes en période de crise», estime Xavier Bettel, qui juge que l’accord conclu avec la Turquie «est une part de la solution, mais pas LA solution». Dans le dossier grec, le Premier ministre plaide pour «un aménagement de la dette avant tout», espérant que la question de «l’allégement» n’interviendra «qu’au dernier moment», car serait «difficile à justifier auprès du contribuable européen».

Pour les soupçons de conclusion de rulings verbaux, Xavier Bettel dénonce de «fausses informations» véhiculées par des journalistes belges qui auraient dû «faire leur boulot». Un démenti qui reprend celui effectué la semaine dernière par le ministère des Finances, qui s’interrogeait entre les lignes sur les origines véritables de ces accusations. «Si le Luxembourg demande le ‘level playing field’, ce n’est pas pour cacher des choses derrière la porte», plaide Xavier Bettel.