Alfred Steinherr (Sacred Heart University): « Notre formation se veut très interactive et pragmatique » (Photo: Charles Caratini)

Alfred Steinherr (Sacred Heart University): « Notre formation se veut très interactive et pragmatique » (Photo: Charles Caratini)

M. Steinherr, comment est née l’implantation luxembourgeoise de la Sacred Heart University, université américaine basée à Fairfield dans le Connecticut ?

« Au début des années 90, de plus en plus de décideurs luxembourgeois étaient en demande d’un cursus de qualité dédié aux managers et aux dirigeants d’entreprises. Tout à coup, il est apparu que l’instauration d’un Master of Business Administration (MBA) au Luxembourg prenait tout son sens. Par ailleurs, différentes connexions existaient entre ces décideurs et la Sacred Heart University, ce qui a mené à la naissance de notre implantation.

Depuis lors, près de 400 étudiants ont fréquenté notre enseignement, que ce soit nos formations en MBA ou des certificats professionnels dans les domaines du management et de la finance, soit un peu plus d’une vingtaine d’étudiants par an.

Comment s’organise votre enseignement ? Quels sont les liens avec l’université américaine ?

« Les liens sont très étroits, dans le sens où le contenu de nos MBA est directement calqué sur ceux proposés dans le Connecticut. L’idée de base est que les cours sont dispensés par des professeurs et des professionnels issus du campus américain – qui nous rejoignent pour de courts séjours – et de la Grande Région. La formation se veut très interactive et pragmatique. Nos programmes sont spécialement conçus pour des professionnels souhaitant poursuivre leur activité tout en acquérant une formation supérieure.


Les cours ont lieu en soirée, selon des modules de six semaines. Le mot clé de notre enseignement pourrait être ‘flexibilité’. La seule contrainte est de mener à bien le cursus complet en six ans maximum. C’est très important pour nous de pouvoir offrir cette flexibilité à de jeunes gens actifs, aux alentours de la trentaine, qui doivent composer avec une carrière captivante, mais aussi avec une vie de famille qui, souvent à cet âge, prend une nouvelle dimension, avec un mariage, des enfants…


Quelles ont été les évolutions récentes au sein de votre université ?

« En janvier 2007, Sacred Heart University a reçu l’accréditation AACSB (décernée par l’Association to Advance Collegiate Schools of Business). Il s’agit d’un label d’excellence et de reconnaissance pour les institutions de management que moins de 5 % des universités et business schools dans le monde ont reçu. Cela donne évidemment une nouvelle aura à notre institution, une marque de qualité qui nous donne certaines nouvelles contraintes, mais qui constitue aussi une belle publicité.

À qui s’adressent les formations délivrées par votre université ?

« Les MBA s’adressent essentiellement à des personnes qui travaillent dans un contexte dynamique, qui ont besoin d’acquérir une meilleure vision globale des enjeux économiques et financiers, à la lumière des évolutions constantes des marchés. L’objectif de ce programme est de développer des individus qui pensent et agissent comme des leaders plutôt que comme des experts fonctionnels. Cela passe par le développement des compétences de gestion, telles que la capacité à motiver et inspirer les autres, à innover, dans un environnement international, afin d’atteindre l’excellence.
Les étudiants qui entrent sont évalués afin de mesurer leurs compétences de gestion, de communication et leurs connaissances, pour aider à déterminer le contenu de leur programme d’enseignement individuel.

À côté des MBA, nous proposons également différents certificats d’études supérieures dans quatre domaines : corporate finance, global investments, leadership et modern business management. Deux nouvelles disciplines, les ressources humaines et le marketing, se grefferont au programme dès la rentrée prochaine.

Un MBA destiné à de plus jeunes étudiants voit aussi le jour ?

« Il s’agit d’un MBA accompagné d’un stage en entreprise. Ce nouveau programme peut être réalisé en 15 mois. Notre volonté est d’attirer de jeunes étudiants, de jeunes talents au Luxembourg en mettant en avant nos nombreux atouts. Le Grand-Duché est un petit pays qui abrite beaucoup d’entreprises reconnues à l’international. Un MBA classique demande un minimum de deux ans d’expérience, avec la difficulté qu’il peut y avoir à retourner sur les bancs de l’école après plusieurs années en entreprise. Ce programme se veut différent. Il peut être intégré dès la fin d’un parcours universitaire classi-que. Nous cherchons, par ce biais, à attirer des candidats venus d’Asie, d’Amérique, d’Europe, d’Afrique, du Moyen-Orient, etc.

Comment s’organise la collaboration avec les entreprises locales ?

« Ce nouveau programme MBA se base sur une relation win-win entre l’entreprise et le stagiaire. Durant neuf mois, la société va pouvoir intégrer un jeune manager de talent, venu de Chine, du Brésil, d’Inde ou d’ailleurs. Celui-ci devra réaliser un projet défini à l’avance. C’est l’université qui s’occupe de toutes les démarches administratives, qui présélectionne les candidats. L’entreprise s’engage quant à elle à verser au moins 1.000 euros par mois au stagiaire.

Combien seront-ils pour la première cession de ce MBA with internship ?

« Nous attendons une petite dizaine d’étudiants. Mais nous misons sur une trentaine d’inscrits dès la deuxième année. Pour l’heure, nous avons simplement placé une annonce dans The Economist et les retours sont déjà très intéressants. Nous accueillerons un Brésilien, dont le papa a déjà travaillé au Luxembourg. Il parle huit langues dont le japonais et le luxembourgeois…

Pour la petite histoire, le premier à s’inscrire a d’ailleurs été un Luxembourgeois. Quelle meilleure façon de se lancer sur le marché du travail qu’en réalisant un MBA tout en faisant un stage dans une des meilleures entreprises du pays ? Nous accueillerons aussi un étudiant indien qui avait reçu son billet d’entrée à Oxford, mais qui, faute de visa obtenu dans les temps, a finalement opté pour notre université.

Les étudiants non-européens qui obtiennent leur MBA reçoivent automatiquement un permis de travail valable pour une durée de deux ans. Nous espérons que les entreprises dénicheront ainsi de nouveaux talents et pourront les engager.

Quelles sont les conditions d’accès ?

« Elles sont multiples. Il faut évidemment présenter des résultats scolaires d’un bon niveau, passer différents tests, écrire un essai, fournir deux lettres de recommandation de professeurs…

D’autres ambitions pour l’avenir ?

« Avec le lancement des nouveaux programmes dès la rentrée, nous espérons rapidement doubler le nombre d’étudiants inscrits à la Sacred Heart. Il est fini le temps où un jeune diplômé d’une bonne école de commerce entrait dans une banque et pouvait espérer évoluer vers un poste de direction. Les travailleurs doivent faire preuve d’une flexibilité accrue. Ils doivent se former en permanence, devenir des spécialistes de leur domaine, être capables de se remettre en question, d’évoluer. Nous sommes là pour accompagner cette évolution. » 

 

Board of regents - Du beau monde

Le conseil de Sacred Heart University (board of regents) est présidé par Norbert Becker. Y siègent également Henri Ahlborn (maréchal de la Cour grand-ducale), Romain Bausch (SES), Pierre Gramegna (Chambre de Commerce), Roland Junck (Nyrstar), Guy Harles (Arendt & Medernach et bâtonnier de l’Ordre des avocats), Marc Hoffmann (CBP Quilvest), Didier Mouget (PwC), André Roelants (Clearstream International), Jacques Santer (ministre d’État honoraire et ancien président de la Commission européenne) ou encore Mark Tluszcz (Mangrove Capital Partners). « Ce conseil joue un rôle très important dans l’organisation de notre enseignement, confie Alfred Steinherr. Il nous aide à placer nos étudiants dans des entreprises de réputation mondiale, un gage de qualité pour notre programme de pointe. »