Carlo Schlesser et Serge Krancenblum (SGG) (Photo: Luc Deflorenne)

Carlo Schlesser et Serge Krancenblum (SGG) (Photo: Luc Deflorenne)

La reprise du contrôle de la société par son management lui permet d’envisager sereinement la poursuite de son développement aussi bien au Luxembourg qu’à l’étranger.

L’information, tombée le 1er avril, n’est pas passée inaperçue. SGG, société de corporate services et de family office, a été reprise par l’ensemble de ses dirigeants et de ceux de sa filiale, la Fiduciaire François Winandy. Un management buy out (un de plus dans l’histoire de la société) appuyé par BIP Investment Partners, qui a mis quelque 10,5 millions d’euros sur la table pour porter un projet dont le montant total n’a pas été communiqué. La participation de BIP reste néanmoins minoritaire dans la nouvelle donne financière de la société.

SGG, qui s’est appelée Services Généraux de Gestion jusqu’au 1er janvier 2009, était officiellement née en 1998 du rachat, par Arthur Andersen, des activités de domiciliation et d’administration de sociétés de Kredietrust. Carlo Schlesser, l’un des deux CEO actuels, en était déjà administrateur, aux côtés de John Hames (aujourd’hui associé chez Ernst & Young), Alex Sulkowski et Olivier Ferres (qui ont, tous les deux, participé à la création d’Atoz).

Elle avait ensuite vécu un premier MBO avant de passer sous le contrôle de Sal. Oppenheim en 2005. «Cette cession avait été faite afin de pouvoir se développer par croissance externe et devenir professionnel du secteur financier (PSF)», indique Serge Krancenblum, l’autre CEO de SGG. Le management de la société avait été laissé en place afin d’en permettre une gestion indépendante. Quelques acquisitions plus tard (en particulier Mercuria et Fiduciaire François Winandy), la situation de l’actionnaire de référence a changé, Sal. Oppenheim étant en proie à de sérieux problèmes financiers, qui avaient nécessité un «sauvetage» de la part de la Deutsche Bank (DB). «Nous avons proposé un MBO à Deutsche Bank afin de pérenniser la clientèle et le personnel, indique M. Krancenblum. Les négociations se sont déroulées dans un excellent climat, puisque notre business model repose sur l’indépendance, alors que DB a beaucoup plus une volonté de globalisation de sa marque.»

Tout s’est fait très vite, puisque le dossier a été bouclé en l’espace de deux mois, avec l’implication de l’ensemble des directeurs et cadres de SGG et de Fiduciaire François Winandy. «Le personnel, à qui nous avions annoncé que nous avions notre avenir entre nos mains et que nous ferions tout pour préserver la pérennité de l’entreprise, avait confiance dans le management, se réjouit M. Krancenblum. Nous n’avons d’ailleurs pas eu une seule défection parmi le personnel.»

Devoir de Place

Aujourd’hui, la société forte de quelque 270 personnes revendique un chiffre d’affaires de plus de 40 millions d’euros. Désormais fixée sur son avenir immédiat, SGG va surtout s’atteler à «poursuivre l’intégration des deux importantes récentes acquisitions, indique Carlo Schlesser. Pour l’instant, ce MBO n’a pas pour but de faire des acquisitions supplémentaires. Mais nous avons bien sûr un plan de développement, en particulier à l’international, où nous allons accroître notre présence dans les pays où nous sommes déjà (Pays-Bas, Belgique, Suisse, Chypre, ndlr.), et nous installer sur d’autres continents.»

Au-delà de sa propre existence, SGG estime également avoir un «devoir de Place». «Nous participons aux missions économiques et, comme tous les participants, nous ne le faisons pas seulement pour notre intérêt propre, mais par devoir vis-à-vis de tout le secteur financier pour montrer qu’il a un avenir», précise M. Krancenblum, pour qui les agitations politico-médiatiques entourant les questions du secret bancaire et de l’échange d’informations ne sont plus, et depuis longtemps, des sujets brûlants. «Les questions que bon nombre d’acteurs se posent aujourd’hui, nous nous les posons depuis quinze ans. Depuis très longtemps, donc, nous avons changé notre business model et nous travaillons sur de la vraie ingénierie patrimoniale en ce qui concerne la clientèle privée, avec des solutions de report d’imposition et non du ‘pas vu, pas pris’. En termes de clientèle institutionnelle, nous offrons des solutions très sophistiquées qui ne jouent aucunement sur le peu d’avantages que pouvait précédemment procurer le seul secret professionnel.»