Parmi les objectifs annoncés en 2017 par Karim Michel Sabbagh figure la volonté de faire bénéficier à SES de la demande de services liés aux satellites. Un objectif que devra poursuivre Steve Collar. (Photo: Mike Zenari / archives)

Parmi les objectifs annoncés en 2017 par Karim Michel Sabbagh figure la volonté de faire bénéficier à SES de la demande de services liés aux satellites. Un objectif que devra poursuivre Steve Collar. (Photo: Mike Zenari / archives)

À moins de deux semaines de la communication de ses résultats 2017 – prévue le 23 février prochain –, SES se retrouve sur le devant de la scène. La faute à l’annonce du départ de Karim Michel Sabbagh de ses fonctions de président et CEO de l’opérateur satellitaire au 5 avril prochain et son remplacement par Steve Collar.

Présenté par SES comme «une décision personnelle de Karim Michel Sabbagh qui a obligé le conseil d’administration à agir», le retrait vise officiellement à permettre à celui qui a succédé en 2014 à Romain Bausch de «passer plus de temps avec sa famille et poursuivre de nouveaux intérêts». Une version consensuelle qui ne convainc pas l’ensemble des collaborateurs de la société de Betzdorf, certains évoquant sous couvert d’anonymat, «un style de management particulier (…) qui ne faisait pas forcément l’unanimité».

Cette annonce ne va concrètement rien changer dans le fonctionnement de SES.

Markus Payer, porte-parole de SES

En revanche, le nom de Steve Collar, appelé à devenir le quatrième CEO de SES depuis sa création en 1985, recueille des commentaires positifs. Voire enthousiastes. Qualifié par Markus Prayer, porte-parole de SES, de dirigeant «non seulement visionnaire, mais aussi doté d’une mentalité d’entrepreneur», le Britannique apparaît pour un fin connaisseur de la société européenne de satellite comme «un très bon choix». Et ce, en raison de «ses connaissances non seulement du volet data, mais aussi du secteur de la vidéo» – sans oublier «ses qualités d’orateur et de son ouverture d’esprit».

Si le jeu des chaises musicales annoncé ce lundi aboutit à une réorganisation de l’organigramme, il ne doit pas impacter la stratégie globale du fleuron de l’industrie aérospatiale luxembourgeoise, décidée par le conseil d’administration. «Cette annonce ne va concrètement rien changer dans le fonctionnement de SES, car les personnes choisies sont déjà totalement impliquées et intégrées dans les schémas d’application», assure le porte-parole de la compagnie, en référence à la présence de Steve Collar au poste de directeur général de SES Networks depuis 2016, après avoir été CEO d’O3b Networks, la start-up qui a enregistré la plus forte croissance du secteur, depuis 2011.

SES aussi puissant qu’Apple ou Facebook en 2040?

Fondée en 1985, SES a été dirigée à ce jour par un nombre restreint de personnes. Le Suisse Pierre Meyrat (1985-1995), le Luxembourgeois Romain Bausch (1995-2014) et le Libano-Canadien Karim Michel Sabbagh (2014-2018). Au début d’année, certains analystes avaient émis des doutes sur la stratégie du géant de Betzdorf, que ce soit sur le plan d’investissement lié au développement du réseau O3b mPower ou sur l’évolution globale du secteur. En janvier dernier, Karim Michel Sabbagh assurait pourtant que les décisions prises devaient permettre à SES «d’être concentré sur des marchés spécifiques où vous avez des chances de gagner».

Une stratégie à laquelle plusieurs acteurs semblent croire, dont la fondation Morgan Stanley qui voyait, dans un rapport publié en octobre dernier, SES comme l’un des gagnants du «new space». Selon les experts américains, d’ici 2040, la société luxembourgeoise devrait figurer dans la liste des 20 sociétés les plus puissantes au monde, au même titre qu’Apple, Facebook ou Microsoft.