Évoquée depuis le 19 juin dans la presse spécialisée, l’annonce de la perte de contrôle par SES de son satellite AMC-9 a été officialisée – discrètement – en début de semaine dernière. Dans un communiqué publié sur son site, le leader mondial des services par satellite indiquait que l’engin spatial, lancé en 2003 et destiné à couvrir les États-Unis et le Mexique, connaissait «une anomalie significative». Ce qui l’a obligé à redéployer les capacités louées à ses clients sur d’autres satellites de sa flotte.

«Depuis le 1er juillet, nous avons repris contact avec lui et nous sommes en train de dresser un état des lieux de la situation, pour connaître notamment le niveau des batteries ou des réserves de carburant», indique lundi Markus Payer, porte-parole de SES, contacté par Paperjam.lu. «Mais avoir repris contact ne signifie pas pour autant que nous ayons repris le contrôle», précise le porte-parole, tout en soulignant que «les informations selon lesquelles notre satellite ‘part en miettes’ sont fausses».

Il n’y a aucun risque de collision avec d’autres satellites actifs.

Markus Payer, porte-parole de SES

Reconnaissant que «deux objets de nature inconnue» ont été observés à proximité immédiate de l’AMC-9, ce dernier indique que «des analyses sont en cours pour tenter d’en déterminer l’origine», reléguant l’affirmation d’une destruction partielle de l’engin au rang «de pure spéculation». Pourtant, selon Doug Hendrix, CEO de la société ExoAnalytic Solutions, chargée d’examiner la situation citée par le site Ars Technica, «plusieurs pièces du satellite se sont détachées au cours des derniers jours». Mais ce dernier indique «ne pas pouvoir donner les raisons».

«Nos connaissances actuelles de la situation indiquent qu’il n’y a aucun risque de collision avec d’autres satellites actifs», assure Markus Payer, en référence aux effets catastrophiques prédits par le syndrome de Kessler, théorie selon laquelle chaque fragment dans l’espace augmente le risque de collision entre engins en orbite générant de nouveaux débris, qui augmentent à leur tour le risque de manière exponentielle.

Nous n’avons pas atteint le montant maximal de notre franchise.

Markus Payer, porte-parole de SES

Les conclusions des investigations, menées notamment avec Thales, constructeur du satellite, ne devraient pas être disponibles avant plusieurs jours. Voire plus. Qualifié de «rare», l’incident aura un coût financier que SES avait estimé dès le 27 juin dernier à un montant «inférieur à 20 millions d’euros» pour les revenus du groupe. Ce dernier s’attend également à «une dépréciation ponctuelle de 38 millions d’euros pour l’actif perdu».

À noter que l’AMC-9, tout comme l’ensemble de la flotte de SES, est assuré, ce qui fait dire à SES que «les incidents opérationnels étant peu nombreux, nous n’avons pas atteint le montant maximal de notre franchise autorisée, et donc, nous ne devrons pas avoir de dépenses directes». Bien que non évoquée officiellement, l’hypothèse d’un dysfonctionnement définitif du satellite pourrait amener la société luxembourgeoise à prendre la décision de faire quitter l’engin de son orbite pour le faire se désagréger dans l’atmosphère.