Serge Krancenblum: «Ces derniers jours, je me suis laissé endormir, comme tout le monde, par les sondages favorables au maintien.» (Photo: Annabelle Denham / archives)

Serge Krancenblum: «Ces derniers jours, je me suis laissé endormir, comme tout le monde, par les sondages favorables au maintien.» (Photo: Annabelle Denham / archives)

«La première chose que je retiens, c’est qu’il ne faut pas laisser les politiciens poser des questions simples à des gens simples sur des problèmes complexes… On ne pose pas une telle question à une population entière! Le principe de la démocratie, c’est d’élire des gens compétents pour qu’ils puissent travailler sur des sujets aussi complexes.

Bon, maintenant que c’est fait, il faut 'punir' les Britanniques et le faire immédiatement. Il faut bien leur faire comprendre qu’on ne sort pas de l’Union européenne sans qu’il y ait des conséquences. Alors il faut retirer aux sociétés britanniques la possibilité d’agir en libre prestation de services (LPS), réintroduire des droits de douane… Sans cela, il est à craindre qu’il y ait d’autres candidats à la sortie.

Les Anglais ne se sont jamais vraiment sentis comme partie intégrante de cette Union.

Serge Krancenblum, SGG

 Il faut donc que les politiques soient courageux et prennent les mesures qui s’imposent pour couper les ponts. Que le Royaume-Uni redevienne une nation amie, mais en dehors du régime privilégié de l’Union européenne. De toute façon, les Anglais ne se sont jamais vraiment sentis comme partie intégrante de cette Union. Combien de fois les avons-nous entendus dire 'Vous, les Européens'?

Il y a quelques semaines encore, j’avais des craintes par rapport à ce résultat négatif, sachant, encore une fois, que c’est la population dans son ensemble qui votait. Et puis ces derniers jours, je me suis laissé endormir, comme tout le monde, par les sondages favorables au maintien. Alors forcément, vendredi matin, c’était un peu une sensation de gueule de bois.

Il est une grande chance que les Anglais n’aient pas l’euro comme devise. Sans quoi il faudrait en plus devoir gérer une crise monétaire.

Avoir le courage politique pour donner un signal fort.

Serge Krancenblum, SGG

Au Luxembourg, nous avons bien évidemment tout intérêt à préserver nos intérêts. On peut imaginer que les sociétés britanniques voulant opérer en LPS se tourneront plus naturellement vers le Grand-Duché pour s’y établir. Sans doute aussi, de manière plus générale, bon nombre de groupes multinationaux réfléchiront à deux fois avant d’établir leur QG en Grande-Bretagne.

Oui, bien sûr, le Luxembourg peut en tirer un certain avantage. Mais à terme, je crains que cette décision ne soit négative pour tout le monde. Une des façons pour le Luxembourg de tirer son épingle du jeu sera de faire valoir de vrais avantages concurrentiels. On n’y arrivera qu’en faisant baisser l’impôt direct sur les personnes physiques. C’est bien beau de vouloir réduire les impôts sur les sociétés, mais on n’arrivera pas à attirer des dirigeants d’entreprises et des nouveaux employés avec un impôt sur le revenu de 45%.

On peut imaginer qu’avec un taux plus bas il y aurait davantage de contribuables qu’il serait alors possible d’accueillir au Luxembourg, et donc des rentrées fiscales compensant cette baisse du taux d’imposition. Mais là aussi, il faut du courage politique pour lancer un tel signal fort.»