En 2009, l’ancien PDG du groupe Dassault avait perdu son siège de maire qu’il occupait depuis 1995, après l’invalidation de ses comptes de campagne par le conseil d’État français. (Photo : Licence CC)

En 2009, l’ancien PDG du groupe Dassault avait perdu son siège de maire qu’il occupait depuis 1995, après l’invalidation de ses comptes de campagne par le conseil d’État français. (Photo : Licence CC)

Le procès du magnat de l’industrie aéronautique s’ouvrait lundi matin en son absence, deux ans après l’ouverture d’une enquête sur son patrimoine par le Parquet national financier en novembre 2014.

Il est reproché à l’ex-maire de Corbeil-Essonnes (région parisienne) d’avoir dissimulé jusqu’à 31 millions d’euros sur quatre comptes de fondations et sociétés aux Îles vierges britanniques, au Luxembourg et au Liechtenstein. Serge Dassault a depuis régularisé sa situation auprès du fisc comme de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, chargée de vérifier les situations patrimoniales des élus. Celle-ci avait émis un «doute sérieux» sur «l’exhaustivité, l’exactitude et la sincérité» de ses déclarations.

C’est une autre enquête sur Serge Dassault qui avait déclenché celle du Parquet national financier. L’industriel était soupçonné d’avoir mis en place un système d’achat de voix lors des campagnes municipales de Corbeil-Essonnes en 2009 et 2010. L’un de ses co-accusés avait admis, en octobre 2014, avoir utilisé deux comptes du sénateur au Luxembourg pour distribuer des fonds à des intermédiaires.

Un véritable système d’achat de votes

Les investigations du parquet ont révélé que près de 4 millions d’euros ont été transférés depuis ces comptes à «des œuvres prétendument caritatives en Algérie et en Tunisie sur la période 2009 et 2010», selon une source proche de l’enquête citée par l’AFP.

D’autres sommes auraient été transférées des «cagnottes» luxembourgeoises à une société financière suisse qui apportait les fonds en espèces à Paris. Le système d’achat de voix est accrédité par des témoins, mais aussi par des documents saisis à la résidence de Serge Dassault, notamment des listes d’électeurs avec les mentions «payé» et «non payé» et des annotations très claires comme «permis de conduire» ou «soutien sortie détention».

Serge Dassault, mis en examen dans cette affaire pour achat de votes, complicité de financement illicite de campagne et financement en dépassement du plafond autorisé, confirme les dons mais conteste qu’ils aient un lien avec les élections. Le dossier est toujours en cours d’instruction.

C’est la première fois que l’ancien industriel est directement inquiété par la justice française - il a déjà été condamné en Belgique dans une affaire de corruption. En 2015, il affichait un patrimoine estimé à 17,5 milliards d’euros, soit la 5e fortune de France. Une fortune bâtie sur le groupe Dassault, un conglomérat mêlant industrie d’armement, aéronautique et presse (Le Figaro), hérité de son père et dont il a piloté l’expansion.