Bertrand Schmeler : «Une prise de profit à court terme semble s’imposer.» (Photo: Maison Moderne Studio)

Bertrand Schmeler : «Une prise de profit à court terme semble s’imposer.» (Photo: Maison Moderne Studio)

Les analystes financiers se livrant au jeu des prévisions de début d’année sont souvent victimes d’un «syndrome» consistant à extrapoler les tendances et les données récentes (généralement celles des derniers 2 –3 mois), pour prédire l’avenir…
L’année 2014 allait alors à coup sûr être marquée par la remontée des taux, la hausse du Dollar (USD) face à l’Euro (EUR) et la poursuite de la hausse des marchés boursiers, avec une préférence pour les actions des pays de la Zone Euro et du Japon.

Quatre mois et demi plus tard, les taux longs sont à leur plus bas niveau des 9 derniers mois, l’EUR n’a pas faibli contre le USD, il s’est même approché des 1.40 début mai. Enfin, malgré l’annonce de près de 3.100 opérations de « fusions et acquisitions » prédites pour 2014, pour un montant de 953 milliards de USD, les marchés actions ont du mal à se maintenir en territoire positif, les actions européennes peinant à faire jeu égal avec leurs homologues américaines.

Nervosité des indices actions

Depuis quelques semaines, les indices actions font preuve de nervosité, alternant les séances de hausse et de baisse sans dégager de tendance claire. Les investisseurs, qui en majorité s’étaient positionnés pour une hausse des taux, se voient contraints de liquider l’ensemble de leurs positions à perte (positions vendeuses sur les matières premières, acheteuses sur les actions japonaises et le USD …) – sinon, comment est-il possible d’expliquer simultanément une baisse des taux et une hausse des matières premières depuis le début de l’année? Certains indices et secteurs, qui avaient tiré le marché à la hausse en 2013 et début 2014, commencent à montrer des signes de faiblesse (valeurs des secteurs technologiques et de l’immobilier aux États-Unis, actions Japonaises, sociétés exportatrices européennes…), laissant envisager une correction plus marquée de l’ensemble des indices boursiers, tout au moins une rotation des thématiques d’investissement à privilégier.

Une prise de profit à court terme semble s’imposer; elle permettra d’observer l’évolution de quelques facteurs clés dans les mois qui viennent. Outre les aspects géopolitiques liés à la situation en Ukraine, d’autant plus difficile à analyser que les intentions ultimes de la Russie dans ce conflit sont peu claires, les États-Unis devront confirmer qu’après un premier trimestre avec une croissance quasi nulle, la reprise n’est pas déjà en train de s’essouffler. La gestion des crédits douteux du système financier chinois est un autre sujet de préoccupation pour les marchés et devra certainement passer par un plan ambitieux de recapitalisation des principales banques d’État; nul doute qu’un regain de visibilité sur ce point aurait un effet positif non seulement sur la Chine, mais aussi sur l’ensemble des marchés émergents. Plus près de nous, la Banque Centrale européenne doit faire baisser l’Euro sans mettre à mal la demande des investisseurs internationaux pour les emprunts des pays européens, dont le financement des déficits et le poids de la dette restent des points clés de la stabilité financière mondiale.

En l’absence de réponses claires à ces inquiétudes, le potentiel de hausse des marchés actions semble limité.