Affirmer que l’on va nettoyer les océans des déchets plastiques flottants est déjà un sacré pari. Mais pas le seul pour le Manta, le navire développé par The Sea Cleaners qui devrait prendre la mer d’ici deux à trois ans. Il faut encore trouver les technologies qui permettent de s’embarquer dans cette aventure en étant soi-même écologiquement responsable. Une gageure qui a demandé l’opiniâtreté d’un navigateur hors du commun comme Yvan Bourgnon et l’expertise d’une équipe d’ingénieurs mobilisée sur le projet depuis dix-huit mois.

Le navire imaginé par ces passionnés doit relever plusieurs défis, à commencer par l’alimentation des moteurs électriques utilisés lors des phases de travail et de manœuvres portuaires (les voiles assurant les déplacements vers les zones de pollution). Le choix s’est porté sur deux éoliennes de 41 mètres de haut qui tournent sur un axe vertical afin de fonctionner quelle que soit la direction du vent. Problème, ce type d’équipements n’existe pas aujourd’hui, sinon à l’état de prototypes. Les ingénieurs travaillent donc à dessiner des éoliennes adaptées au Manta.

Le gros des déchets devrait être recyclé en carburant  

Un autre pari porte sur la transformation à bord des déchets les plus dégradés – qui ne pourront pas être valorisés à terre – en carburant utilisable pour alimenter les générateurs électriques appelés en renfort des modes de production d’énergie propre installés sur le Manta. La pyrolyse constitue à ce jour l’option la plus écologique pour réformer les plastiques. Souci, elle ne supporte pas bien l’eau salée, ce qui obligerait à procéder à une désalinisation en grande quantité.

Une opération qui exige elle-même une importante débauche d’énergie! La catalyse, plus tolérante avec le sel marin, pourrait donc emporter le marché. Les équipes de design mettent la dernière main à leur audit technologique. Verdict dans quelques semaines, le cahier des charges défini par Yvan Bourgnon imposant un minimum de 75% d’énergies propres sur le Manta.