Christian Bauer: «Cela vaut la peine d'avoir un œil critique sur le marché.» (Photo: Julien Becker / Archives)

Christian Bauer: «Cela vaut la peine d'avoir un œil critique sur le marché.» (Photo: Julien Becker / Archives)

La faiblesse actuelle des taux de crédit invite à faire le grand saut pour qui souhaite se porter acquéreur d’un appartement ou d’une maison afin d’en faire son lieu d’habitation. Compte tenu, aussi, des prix de l’immobilier au Luxembourg (4.323 euros du m2, en moyenne pour un appartement ancien, selon les derniers chiffres de l’Observatoire de l’habitat), pas question non plus de se précipiter.  C’est d’autant plus vrai que le prix n’est d’ailleurs que l’un des critères qu’il convient de prendre en considération avant d’investir.

Une évidence, certes, mais qui n’est pas inutile de rappeler tant les émotions suscitées par le «fameux coup de cœur» ont le pouvoir de bousculer la raison.

Il convient tout d’abord de bien évaluer les forces et les faiblesses du logement au regard de sa propre grille de lecture. Pas inutile en la matière de coucher, par écrit, les points à vérifier lors de sa visite. «Il est notamment très important d’être attentif à tout ce qui ne pourra pas être changé au fil des ans», souligne l’architecte Christian Bauer, du cabinet d’architecture CBA (Christian Bauer et Associés). «Le plan du logement est-il bien ordonné? Est-il simple mais également bien éclairé naturellement? Est-ce que j’ai des vues agréables vers l’extérieur? Y a-t-il des endroits où je bénéficie d’un ensoleillement direct? Ce sont quelques-unes des questions qu’il est fondamental de se poser car ce sont des éléments sur lesquels on ne peut effectivement guère agir a posteriori.»

À l’épreuve de l’espace et du temps

Pour éviter de voir la facture grimper significativement, l’inspection des murs, des plafonds, de la toiture ou bien encore de la façade est, bien entendu, impérative. Un conseil qui vaut également pour la consommation énergétique. Mal isolé, un logement ancien génère de l’inconfort ainsi que des charges importantes. S’il s’avère opportun de changer tout ou partie des fenêtres, par exemple, mieux vaut faire établir un devis auprès d’un professionnel pour avoir une estimation précise des travaux. «Il est également important de se pencher sur l’isolation acoustique dont on ne tient pas toujours suffisamment compte. Attention notamment aux portes palières! Les logements devenant de plus en plus petits, il devient absolument nécessaire d’intégrer d’office les armoires dans son projet pour que chaque mètre carré soit utile et esthétique», conseille également l’architecte.

Au-delà des murs et de leur organisation, un autre critère essentiel est l’environnement. Bien entendu, l’emplacement est certainement l’élément qui influe le plus sur la valeur d’un bien, mais il est d’autres facteurs à intégrer. «L’accès à l’appartement et à la maison est une dimension à prendre en considération. Il doit être beau et plaisant. La rue, le quartier, la ville ou le village, l’accès aux transports publics, les éventuelles nuisances sonores générées par le trafic, le microclimat, l’orientation par rapport au soleil, sont autant d’éléments qui vont avoir une influence sur les conditions de vie et de confort», rappelle M. Bauer.

D’où l’importance de visiter un logement à différentes heures de la journée pour voir comment cet environnement évolue, mais aussi de s’informer sur d’éventuels projets en matière d’urbanisme ou de transport. Il est une autre dimension à ne pas sous-estimer: le temps qui passe. Cela implique, pour les familles (ou les futurs parents) d’anticiper l’évolution des besoins, en termes de place, mais également de services: médecins, écoles, mobilité. Investir dans un appartement de trois pièces dépourvu d’une place de parking, par exemple, n’est pas trop pénalisant pour un jeune couple, mais posera rapidement de sacrés problèmes avec un bébé.

«Une autre bonne question à se poser aussi: le bâtiment est-il un bon exemple architectural dans la rue et le sera-t-il encore après quelques années, lorsque certains styles seront dépassés et que le vieillissement aura laissé de vilaines traces?», insiste Christian Bauer, pour qui «bien habiter, bien transmettre aux générations futures et participer à l’embellissement de l’environnement, valent la peine d’avoir aussi un œil critique sur le marché».