Pour Dan Neven, le rôle de Design Luxembourg pourrait être utilement renforcé. (Photo: Julien Becker)

Pour Dan Neven, le rôle de Design Luxembourg pourrait être utilement renforcé. (Photo: Julien Becker)

Monsieur Neven, quels changements y a-t-il eu dans votre secteur ces derniers mois?

«La crise économique a engendré un nouveau type de réflexion sur l’utilisation du budget de communication. Même si certains de nos clients n’ont pas forcément revu leurs budgets à la baisse, ils ont effectivement procédé à un rééquilibrage, causé en partie par la crise, certes, mais aussi par une réadaptation aux nouveaux modes de communication et de consommation. En ce sens, les nouveaux médias, notamment les réseaux sociaux et toutes sortes d’applications mobiles, prennent une part de marché de plus en plus importante, au détriment des supports print, pour lesquels le retour sur investissement est plus difficile à atteindre.

Comment, dans ce contexte, voyez-vous l’avenir?

«On ne peut pas prévoir comment la crise économique va évoluer et donc dans quel sens le marché va s’orienter. Cependant, nous sommes d’avis que le rééquilibrage évoqué avant, au niveau de la politique de communication, pourrait se répercuter à un autre niveau, à savoir celui du mix marketing. La part budgétaire accordée à la publicité pourrait y être revue, à la baisse ou à la hausse. Dans tous les cas, nous pensons qu’en temps de crise, il ne faut pas réduire sa présence médiatique, bien au contraire. Mais il faut remettre en question le mix média traditionnel, en considérant l’évolution du marché et des consommateurs. C’est dans cette direction que nous essayons de conseiller et d’accompagner nos clients.

Avez-vous cherché à remodeler votre équipe pour répondre au mieux aux besoins?

«Nous avons la chance de travailler avec une équipe dont les compétences sont complémentaires. Il y a à peu près un an, nous nous sommes renforcés en engageant un media designer. C’est justement avec ce type de profil – qui est le plus difficile à trouver aujourd’hui – que nous arrivons à affronter l’évolution des médias et à en saisir les opportunités. Pour ce qui est des graphistes, le parcours de la plupart d’entre eux est plutôt traditionnel; leurs compétences sont avant tout focalisées sur le print et reflètent les modes de communication des 10 dernières années. L’évolution de notre secteur est pourtant étroitement liée à celle des nouvelles technologies et, pour former des professionnels répondant au plus près aux besoins du secteur, les formations en communication, marketing et design doivent pouvoir s’adapter de manière flexible et réactive à ces changements.

Quel aspect majeur souhaiteriez-vous changer pour améliorer les performances du secteur?

«Les fédérations sont, comme pour la plupart des secteurs, le meilleur moyen de représentation et de défense des intérêts de leurs membres. Je pense que le rôle de Design Luxembourg peut être davantage renforcé. D’une part, afin d’éviter des situations de concurrence déloyale entre les agences. D’autre part, pour garantir des conditions de travail justes par rapport aux annonceurs, par exemple dans le contexte des appels d’offres. Mais aussi et avant tout, pour promouvoir les valeurs du design sur le marché local.»