L’interview Face à Face de Michel Wurth diffusée cette semaine sur paperJam.TV est peu équivoque sur l’avenir de la sidérurgie. (Photo : paperJam.TV)

L’interview Face à Face de Michel Wurth diffusée cette semaine sur paperJam.TV est peu équivoque sur l’avenir de la sidérurgie. (Photo : paperJam.TV)

« Il s’agit d’une mesure temporaire basée sur une demande en déclin. L’ensemble du personnel concerné continuera à être employé via la cellule de reclassement ». Voilà comment Christian Brugnera, directeur du site ArcelorMittal Dudelange, a justifié cette semaine l’interruption de la ligne ELO1 du site exploité par le géant de la sidérurgie.

Si l'usage du mot « temporaire » maintient l’espoir, comme à Rodange & Schifflange, l’annonce a surpris quelques jours seulement après la conclusion de Lux2016. L’accord du mois dernier prévoit un plan d’investissement du gouvernement et de l’entreprise luxembourgeoise pour assurer la pérennité des usines du pays.

« Nous ne nous attendions pas à cela à Dudelange pour lequel nous avions reçu des engagements de maintien de production de la part de la direction, à l‘occasion de la tripartite», a commenté Charles Hennico, secrétaire syndical du LCGB.

Langue de bois oubliée

Et pourtant, l’interview Face à Face de Michel Wurth diffusée cette semaine sur paperJam.TV est peu équivoque sur l’avenir de la sidérurgie au Luxembourg. Le dirigeant ne laisse en fait guère d’espoirs quant à une reprise d’activité des sites en difficultés, oubliant la langue de bois tactiquement rassurante des communiqués de presse.

« Il s’agit d’adapter la sidérurgie luxembourgeoise aux dix prochaines années», prévient-il au sujet de l’accord tripartite. Le Luxembourgeois met de nouveau en avant les problèmes de compétitivité rencontrés par le groupe sur les produits à faible valeur ajoutée des usines mises à l’arrêt. « C’est pour ça qu’il faut arrêter la production. Le problème est de savoir si ce sera pour l’éternité ou bien temporaire. Nous nous donnons un an ou deux pour décider ce qui va se passer. Mais je dois quand même dire que la situation est difficile. »

A propos de la colère des ouvriers, il assure avoir discuté avec les organisations syndicales des deux scénarios possibles, l’un étant « probable », celui d’un arrêt définitif, l’autre « improbable », celui d’une reprise : « Le scénario probable, qui a le plus de chances de réalisation, est celui où nous nous disons : essayons de concentrer tous nos efforts pour que les forces de la sidérurgie luxembourgeoise deviennent encore plus fortes, au lieu d’éparpiller nos moyens et de colmater les brèches pour rester à la pointe du progrès.»

Et d’ajouter : « Si par hasard, il y avait une forte reprise dans un an ou deux, nous aurions les compétences pour reprendre, mais notre schéma principal est de nous concentrer sur les produits phares qui sont à Belval et à Differdange.»

Un schéma principal ou scénario probable qui semble laisser bien peu de place à Rodange, Schifflange, Dudelange ainsi qu’à la tréfilerie de Bettembourg.