Ancienne dirigeante de grandes banques, Gilberte Beaux a aussi côtoyé Bernard Tapie, notamment dans le contexte du rachat d’Adidas. Elle fut aussi proche de Raymond Barre. (Photo: DR)

Ancienne dirigeante de grandes banques, Gilberte Beaux a aussi côtoyé Bernard Tapie, notamment dans le contexte du rachat d’Adidas. Elle fut aussi proche de Raymond Barre. (Photo: DR)

Madame Beaux, est-ce important de participer à cette rencontre organisée le 25 novembre?

«Je suis très heureuse de venir au Luxembourg, c'est un pays que je connais et aime bien, j'y compte beaucoup d'amis. Je suis d'autant plus ravie de m'y rendre pour soutenir l'association qui œuvre pour faire en sorte que les enfants, plus précisément les filles puissent avoir accès à l'école.

Quels enseignements souhaitez-vous livrer aux femmes qui vous rejoignent durant ce type de rencontre?

«Je constate tout d'abord avec plaisir que beaucoup de femmes sont désormais nombreuses dans les milieux d'affaires, j'ai donc l'impression d'être en quelque sorte un dinosaure(!). C'est pour moi l'occasion de partager quelques enseignements dont l'importance de croire en ce que l'on fait. Nous avons souvent des choix à faire dans la vie et il ne faut pas hésiter à considérer ce que l'on vous propose, à saisir les opportunités. L'un des points clés est aussi d'accepter que l'on ne puisse pas être toujours la meilleure, de ne pas oublier que l'humilité a un sens, de se remettre en cause. On peut être bon à un moment donné, dans certaines affaires, sans que cela soit le cas pour d'autres projets. Il faut donc conserver un certain sens de la lucidité pour faire les bons choix.

Quelle est l'image du pays à l'étranger selon vous?

«Le Luxembourg est un joli pays comme je le disais, mais sur le plan financier, certains pays se sont lancés dans une chasse aux sorcières contre le Grand-Duché, au lieu de trouver des solutions à leurs propres problèmes. Au lieu de donner des amendes à des grandes banques ou à des sociétés, il conviendrait de mieux gérer son propre pays, ce qui n'est pas toujours le cas, y compris pour la France. À l'inverse, ceux qui systématiquement cherchent une trop grande harmonie fiscale n'ont pas toujours raison non plus. C'est une question de juste mesure de chaque côté. 

Compte tenu de l'évolution du monde des affaires, est-ce plus difficile pour les femmes de progresser?

«Je pense au contraire qu'elles ont plus d'accès aux postes importants dans le monde des affaires. À mes débuts, il était exceptionnel de voir arriver une femme à un poste de direction. Je me souviens d'une réunion du groupe Simca où je siégeais au milieu d'une centaine d'hommes qui ne comprenaient pas que je pouvais être à même de discuter au même niveau qu'eux des enjeux du groupe. Ce n'était pas forcément méchant, mais plutôt une ignorance du rôle qu'une femme pouvait jouer. Ce qui me fait dire que quand on veut arriver à quelque chose il faut le faire tout en se jugeant à sa vraie valeur et ne pas vouloir accéder à n'importe quoi.

J'ai travaillé pendant 25 ans avec Jimmy Goldsmith et nous avions parfois des grands éclats de rire, car nous ne regardions jamais les affaires du même point de vue. Mais on se retrouvait autour de la même conclusion. Ce qui veut dire que nous avions balayé un spectre plus large autour d'une problématique puisque nous étions un homme et une femme, avec des approches différentes.

Quels sont vos projets?

«Je n'ai pas de nouveau projet spécifique, je poursuis mes investissements et passe le plus clair de mon temps en Argentine où je suis devenue en quelque sorte une paysanne (elle y possède une estancia, ndlr). Cela prend une grande partie de mon temps, de mon énergie. Nous sommes dans une période plus compliquée quant à l'évolution des investissements en bourses et des affaires en général et me consacrer à ces activités me permet de voir à quel point on peut avoir des résultats tangibles, en deux ou trois ans, avec une autre façon de créer de la valeur, de construire.

Pourriez-vous accepter un poste de responsable politique?

«J'ai essayé de faire de la politique lorsque Raymond Barre était aux affaires et probablement que s'il était devenu président de la République, j'aurais continué. Les choses ont changé depuis, mais je vois que le programme que nous proposions à l'époque est celui que 'les gens biens' essaient de promouvoir maintenant. Raisonnablement je suis à un âge où je peux conseiller, aider, mais je ne me vois pas prendre des responsabilités politiques.»

Les renseignements et inscriptions à l'événement sont possibles via l'agenda de Paperjam.lu.