Tous secteurs confondus, le salaire moyen des hommes est supérieur à ceui des femmes. C'est le contraire pour le salaire médian. (Photo: Jessica Theis/archives)

Tous secteurs confondus, le salaire moyen des hommes est supérieur à ceui des femmes. C'est le contraire pour le salaire médian. (Photo: Jessica Theis/archives)

Les apparences sont parfois bien trompeuses. Le principe acquis par beaucoup et qui veut que les femmes sont bien moins payées que les hommes n’est pas aussi systématique qu’il pourrait y paraître. Des études menées par le Statec et le Ceps (Centre d'Etudes de Populations, de Pauvreté et de Politiques Socio-Economiques), présentées ce mardi, illustrent que les choses sont loin d’être aussi simples et simplistes et que la variété du nombre de paramètres pouvant entrer en ligne de compte permet une variété de lectures différentes, chiffres à l’appui.

Oui, le salaire moyen des hommes est, généralement, supérieur à celui des femmes, quand bien même le principe d’égalité salariale est inscrit dans la loi. En se basant sur un salaire horaire brut et non ajusté (en fonction du niveau d’études ou de qualification), calculée sur les dix dernières années, la tendance est à la baisse, mais les écarts demeurent. Dans le secteur privé, la différence était de 19% en faveur des hommes en 2002. Elle est tombée à 14% en 2010.

En tenant compte à la fois du secteur privé et du secteur paraétatique, cette différence n’est plus que de 9% en 2010. Et si l’on tient compte de tous les secteurs, y compris public, il tombe à 6%.

La majorité des femmes travaille dans les secteurs les mieux rémunérés

En revanche, si l’on tient compte du salaire médian (celui qui divise la population des salariés en deux parties égales), les résultats sont tout autres. Dans le privé, l’écart, qui était de 16% en 2002, n’est plus que de 6% en 2012. En intégrant le secteur paraétatique, le rapport de forces s’inverse, les salaires des femmes étant de 1% supérieurs à ceux des hommes. Une différence qui monte à 5% (toujours en faveur des femmes) en tenant compte, également, du secteur privé.

Détaillés par branche d’activités, les écarts salariaux peuvent parfois atteindre 25% en faveur des hommes (comme dans le secteur du commerce ou des activités financières), mais sans que cela n’affecte les chiffres moyens. «C’est une illustration du paradoxe de Simpson», explique Jean Ries, chargé d'études principal au Statec, en charge du marché du travail. «Cela provient du fait que 60% des femmes sont salariées dans les six secteurs qui pratiquent les salaires les plus élevés, tels que les administrations publiques, l’enseignement ou la santé, alors que 64% des hommes sont salariés dans les principaux secteurs les moins rémunérateurs.» Cette tendance se retrouve dans les métiers de types «cols blancs» du secteur tertiaire, dans lesquels œuvrent 82% des femmes contre 53% des hommes

En outre, les femmes affichent un niveau général de formation supérieur, puisqu’elles sont 33% à être titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 28% pour les hommes. Pour autant, les femmes sont encore en retrait dès que l’on parle de postes de direction, puisque seules 9% d’entre elles occupent de telles fonctions, contre 19% des hommes.

Les femmes payées 2,8% de plus à la première embauche

Ces données, basées sur des études quadriennales menées par le Statec (la dernière en 2010), ont été complétées par une autre analyse, inédite, réalisée par le Ceps, et qui s’appuie sur les données plus pragmatiques de l’Inspection générale de la sécurité sociale. Elle concerne l’écart salarial selon le genre lors de la première embauche.

Et là aussi, les résultats sont de nature à surprendre, puisque sur la base de 33.095 premières embauches de jeunes de moins de 25 ans (parmi elles, 42% de femmes) étudiées entre janvier 2009 et mars 2012, ce sont également les femmes qui s’en tirent le mieux, avec un écart de salaire moyen brut de 2,8% en leur faveur. «Cela rejoint le fait que les femmes sont généralement plus diplômées que les hommes à la sortie du cycle d’études», précise Kristell Leduc, chercheur au Ceps. «Selon le type de profession, plus la part des femmes recrutées dans une profession est élevée, plus l’écart de salaire selon le genre est faible.»

Au Luxembourg, la situation est, globalement, moins défavorable aux femmes, puisque l’écart de rémunération non ajusté entre hommes et femmes, mesuré, en 2010, était de 8,7%, positionnant le pays en 4e position européenne, derrière la Slovénie (0,9%), la Pologne (4,5%) et l’Italie (5,3%) et très en deca de la moyenne européenne (16,1%).