Les fondateurs de Saga assurent que leur monnaie répondra aux exigences réglementaires suisses en termes de KYC et de lutte contre le blanchiment d’argent. (Photo: Licence C. C.)

Les fondateurs de Saga assurent que leur monnaie répondra aux exigences réglementaires suisses en termes de KYC et de lutte contre le blanchiment d’argent. (Photo: Licence C. C.)

C’est une innovation dans l’innovation. La fondation suisse Saga, spécialement créée pour l’occasion, a annoncé jeudi qu’elle travaillait sur le développement d’une monnaie virtuelle d’un nouveau genre. Celle-ci sera basée sur la blockchain, mais ne reposera pas sur le principe de l’anonymat, comme ses concurrentes.

Ses concepteurs assurent par ailleurs que sa structure se fondera sur un mécanisme limitant sa volatilité. Enfin, Saga – c’est le nom qui lui a été donné – disposera de réserves propres dans des banques commerciales, qui permettront à ses détenteurs de récupérer leur argent s’ils souhaitent vendre leurs avoirs.

«Saga est conçue pour répondre aux préoccupations légitimes exprimées par les décideurs politiques, les régulateurs et le marché, à savoir leur anonymat, leur manque de valeur sous-jacente et leur forte volatilité», précise le communiqué.

Nous voulons que Saga soit une monnaie mondiale complémentaire.

Ido Sadeh Man, président de la fondation Saga

Autre argument de taille pour convaincre les acteurs plus traditionnels de faire confiance à cette nouvelle monnaie virtuelle: la conformité. En effet, la fondation suisse assure que ceux qui souhaiteront acquérir des Saga devront passer par le crible d’un KYC en bonne et due forme et répondre aux exigences en matière de lutte contre le blanchiment d’argent requises par les autorités financières suisses.

30 millions d’euros levés sans ICO

Un projet qui se veut donc solide et rassurant, et qui bénéficie des conseils de quelques grands pontes de l’économie mondiale. En effet, le comité consultatif de la fondation Saga est composé entre autres de Jacob Frenkel, le président de JPMorgan Chase International et ancien gouverneur de la Banque d’Israël, de Myron Scholes, prix Nobel d’économie, et de Dan Galai, co-créateur de l’indice de volatilité VIX.

«Les technologies de la blockchain changeront l’infrastructure financière, pour passer du traitement des transactions à l’analyse des transactions», explique Myron Scholes. «Nous ne voulons pas que Saga remplace les monnaies nationales, mais qu’elle soit une monnaie mondiale complémentaire», a indiqué pour sa part le président de la fondation, Ido Sadeh Man, dans les colonnes du Financial Times.

Une étape de maturité en plus pour les monnaies virtuelles.

Mark Tluszcz, CEO de Mangrove Capital Partners

La fondation Saga précise dans son communiqué qu’elle ne financera pas cette initiative par une ICO – ces levées de fonds numériques basées sur la blockchain –, mais qu’elle a déjà levé 30 millions d’euros de plusieurs sociétés de capital-risque, dont la Luxembourgeoise Mangrove Capital Partners.

Son CEO, Mark Tluszcz, est d’ailleurs directement engagé dans ce projet, puisqu’il fait partie du conseil de la fondation. «Saga représente une étape de maturité en plus pour les monnaies virtuelles, la première qui combine les avantages matériels du système financier existant avec le potentiel et les besoins du monde numérique», estime-t-il.