Vincent Schaller: «Les missions de longue durée, c'est fini.» (Photo: Julien Becker)

Vincent Schaller: «Les missions de longue durée, c'est fini.» (Photo: Julien Becker)

Monsieur Schaller, comment va le secteur ICT dans la morosité ambiante?

«Avant, on pouvait faire le dos rond et attendre que la crise passe. Aujourd’hui, la morosité économique s’inscrit dans la durée. Les paradigmes, les cadres de référence sont en train de changer. De fait, les entreprises doivent s’adapter, se transformer et, plus concrètement, s’atteler à des chantiers d’importance. Les grosses structures, si elles ont eu comme réflexe d’avoir moins recours à la sous-traitance, vont rapidement refaire appel à ce système pour des chantiers urgents. Cependant, les missions de longue durée, c’est fini.

Quant aux PME, elles ont besoin de rebondir et pour ce faire, elles doivent pouvoir bénéficier d’une informatique performante. Elles adoptent alors deux stratégies différentes: faire avec les moyens du bord ou sous-traiter intégralement leur informatique et se concentrer sur leur core business.

Nous devons pouvoir proposer des services adaptés à chaque besoin, développer une relation de partenariat, conseiller au plus juste nos clients, ce qui suppose de les connaître et de maintenir pour eux une veille technologique.

Comment percevez-vous l’avenir?

«Le cloud computing est un changement culturel profond qui suscite en premier lieu des réactions d’évitement, de frilosité, de réticence, fondées sur des considérations diverses (70% des entreprises déclarent souhaiter connaître la localisation de leurs données, par exemple) mais généralement en lien avec la sécurité. Le gouvernement légifère et met en place une série de mesures dans le but de rassurer et de faire tomber ces barrières. Par voie de conséquence, les entreprises du secteur doivent s’adapter aux nouvelles normes, ce qui n’est pas forcément facile pour certains acteurs, et des défaillances sont à prévoir. Les entreprises qui vont réussir sont celles qui sauront innover, qui feront preuve d’agilité et de maîtrise des enjeux.

Dans ce contexte, les besoins en RH ont-ils changé?

«Les métiers ont évolué et on demande de plus en plus de compétences, à tous les niveaux. Les commerciaux, en plus de savoir vendre, doivent avoir des compétences en économie, en psychologie, et des connaissances métier des clients. Il en va de même pour les techniciens à qui il est demandé d’avoir des compétences commerciales.

On constate par ailleurs qu’une inflation des salaires sans lien évident avec le travail demandé, comme l’ont pratiquée certaines entreprises, a joué sur le marché du travail. Cela renforce les difficultés à trouver les bons profils, des professionnels aux compétences commerciales, techniques et linguistiques (parler le luxembourgeois).

Que feriez-vous pour améliorer la situation du secteur?

«Je suis convaincu d’une chose: le succès va au succès, la croissance va à la croissance. Lorsque la morosité s’installe, il faut démultiplier les forces pour arriver à ses fins.

Le monde économique évolue, aussi faut-il savoir prendre des initiatives pour donner aux entreprises plus d’envie, de couleurs, d’esprit d’innovation. Oui, si j’avais une baguette magique, j’influerais sur l’état d’esprit, pour tendre vers plus de positivisme.»