Parti de l'Hôtel de Bourgogne il y a un an, Jean-Claude Juncker se retrouve, bien malgré lui, au coeur d'une nouvelle polémique sur les rulings. (Photo: Christophe Olinger / archives)

Parti de l'Hôtel de Bourgogne il y a un an, Jean-Claude Juncker se retrouve, bien malgré lui, au coeur d'une nouvelle polémique sur les rulings. (Photo: Christophe Olinger / archives)

Jean-Claude Juncker a promis de «s'abstenir dans ce dossier». Une manière d'éviter le conflit d'intérêt, apprend-on depuis le siège de la Commission européenne. Mais pourra-t-il garder ad vitam le silence autour d'un dossier embarrassant qui, même sans les sorties via la presse de ce matin, était déjà perçu comme un caillou dans sa chaussure, au moment où il arpentait le chemin vers Bruxelles?

La mise en place de rulings – ces arrangements fiscaux entre un État et des sociétés – reprochée au Luxembourg a en effet largement été utilisée durant l'exercice de Jean-Claude Juncker en tant que Premier ministre du Grand-Duché. Ces mécanismes utilisés aussi par d'autres pays, dont le gouvernement en place a tenu à rappeler la conformité ce matin, ont en effet permis d'attirer de grands noms actifs dans différentes industries, avec plus ou moins de substance locale.

Mais ce qui était toléré hier ne l'est plus en raison du changement de contexte économique et donc politique. Depuis plusieurs mois, la Commission européenne a demandé des comptes au Luxembourg afin de statuer sur la nature de ces rulings, pouvant être perçus comme des incitants ou des aides d'État déguisées.

Sanctionner?

Pour la porte-parole de l'exécutif européen, Margaritis Schinas, «la Commission est prête à sanctionner le Luxembourg, s'il y a lieu». Et ce même si les révélations de la presse européenne s'appuient sur des documents anciens. De l'époque de Jean-Claude Juncker. Pas d'intervention directe en revanche – à ce stade – du président Juncker, qui préfère laisser les coudées franches à une membre de son équipe, la commissaire européenne en charge de la Concurrence, Margrethe Vestager.

Sur le plan plus national, le CSV, qui a demandé une réunion en urgence de la Commission parlementaire des finances et du budget, s'est vu retoqué par le président de la fraction DP à la Chambre qui, dans un tweet, a demandé que Jean-Claude Juncker et que l'ancien ministre des Finances soient entendus également, en sus du témoignage du ministre des Finances en poste Pierre Gramegna. Une manière de montrer que ce dossier doit être géré au niveau collectif, en évitant de focaliser sur l'une ou l'autre responsabilité individuelle, sans pour autant se défausser.