La table ronde prolongeait le 6e congrès du Réseau international de recherche sur les organisations et le développement durable. (Photo: David Laurent/Wide)

La table ronde prolongeait le 6e congrès du Réseau international de recherche sur les organisations et le développement durable. (Photo: David Laurent/Wide)

Panel de choix et succès de foule, pour la table ronde sur la RSE. Le paperJam Business Club prolongeait le 6e congrès du Réseau international de recherche sur les organisations et le développement durable (RIODD), co-organisé par le CEPS Instead, et la conférence sur l’entrepreneuriat responsable proposée par la LSC, l'INDR et la FEDIL. L’occasion de partager expériences et points de vue, entre vision internationale et angles locaux.

La RSE, outre qu’elle divise sur sa dénomination même (responsabilité sociale ou sociétale?), a des dénominateurs communs, note Michel Capron (Université Paris 8), un des délégués français ayant contribué à l’élaboration de la norme ISO 26000: réduire les effets négatifs, œuvrer au bien commun et rendre compte aux tiers. «On est sorti de la logique philanthropique imaginée il y a 20 ans aux Etats-Unis. On est au cœur même de l’entreprise, inscrite dans la société.»

Un label luxembourgeois

Cette nouvelle manière de penser économie et gestion est-elle un effet de mode? Pour Pascale Griveaud (Agir Anticiper Durablement), «il y a peut-être une forme de marketing, mais la crise a bien mis en lumière le besoin de pérenniser ces concepts ».

Les exemples concrets existent au Grand-Duché. L’IFSB (formation pour le bâtiment) a enclenché le projet REDDEC (Responsabilité développement durable des entreprises de construction), soutenu par des fonds européens. «Les bonnes pratiques sont là, appuie Elisabeth De Sousa. On a un guide, une check-list pour les décideurs, le secteur a décidé d’organiser des transports en commun.»

Le Luxembourg a développé son propre label ERS (sigle anglophone de la RSE), le premier en Europe. BGL BNP Paribas l’applique: «nous nous appuyons sur les RH, précise Karin Schintgen. On peut agir à tous les niveaux, surtout dans une grande entreprise. Cela peut se mesurer en kilos de papier ou en milliers de kilomètres parcourus par le personnel, par exemple.»

Le pragmatisme qui dit non

On peut néanmoins s’interroger, comme le fait notamment le professeur Capron, sur le fait que le Luxembourg n’ait pas voté le texte fondateur d’ISO 26000. «Une partie non négligeable du droit international se retrouve dans cette norme, poursuit Isabelle Daugareih (Université Bordeaux 4). Elle est importante parce qu’elle s’adresse à tous, à des organismes, à des entités privées, sans le filtre de l’état-passeur. Les entreprises peuvent directement faire leur droit international.»

Mais le Luxembourg a voté contre, comme d’ailleurs les Etats-Unis ou l’Inde par exemple. Eléments de réponse? Il existait déjà le label national. «Le Luxembourg, très pragmatique, a pu se demander en quoi la norme aide une PME locale, note Madame Griveaud. Mais la norme existe et c’est très bien!» La BGL-BNP Paribas témoigne que l’ESR n’a rien de light. «500 questions servent de base à l’audit. Mais on tend vers l’ISO.» L’IFSB a estimé qu’il fallait un outil applicable, dès 2008: «sur base de la norme finalement, nous avons un référentiel non seulement national mais sectoriel, un indicateur de performance et même un outil de comparaison avec les pays voisins. Un exemple de ‘think global, act local’…»

Emulation, évolution, innovation

Si la norme ISO 26000 est un guide et pas un certificat, le label luxembourgeois pourrait être exportable. «L’important, note Madame Daugareih, est d’être dans l’application. Cela peut varier selon les histoires, les pays ou les cultures, et même d’une entreprise à l’autre.»

Comme le souligne Madame Griveaud, «le reporting est important, il y a de la place pour l’innovation, qui peut venir de l’émulation. Beaucoup d’entreprises font de la RSE sans le savoir.» «C’est une politique de petits pas. Et cela peut payer sur le long terme», termine Madame Schintgen.
Le développement durable et la responsabilité sociétale ont, sans aucun doute, un avenir à défendre, au-delà du présent qui fait débat.