Robert Dennewald (à droite) avec Kathan Watfa, le réfugié syrien recruté en tant qu’ingénieur au sein du laboratoire d’essais de matériaux.  (Photo: DR)

Robert Dennewald (à droite) avec Kathan Watfa, le réfugié syrien recruté en tant qu’ingénieur au sein du laboratoire d’essais de matériaux.  (Photo: DR)

Lorsque Jean-Claude Juncker, alors Premier ministre, lui dit un jour, droit dans les yeux: «Tu n’es pas un capitaliste, parce que tu traites bien tes gens», Robert Dennewald le prend comme «un compliment inouï, sachant que M. Juncker ne porte pas nécessairement les patrons dans son cœur, et encore moins le président de la Fedil».

Les faits parlent pourtant pour lui: en 2010, préférant maintenir l’emploi de quelque 160 personnes au sein de son entreprise plutôt que la mise en œuvre d’un projet de développement immobilier bien plus rémunérateur, mais assorti de «casse» sociale, M. Dennewald se sépare de ses partenaires financiers d’alors. «Je ne me vois pas regarder dans les yeux de mes collaborateurs, parfois présents depuis trois générations, pour leur dire de chercher un travail ailleurs, afin que je puisse satisfaire mon appétit sur le plan financier. L’humanitaire et le social ont prévalu chez moi sur des considérations purement pécuniaires et je suis content de mon choix», résume-t-il, estimant qu’à l’approche de la fin d’une carrière professionnelle bien remplie et humainement riche, «le moment est venu pour moi de rendre un peu à cette société qui m’a soutenu et à qui je dois tout».

L’intégration des réfugiés dans le monde du travail constitue la clé pour leur intégration tout court.

Robert Dennewald, président de Chaux de Contern

À ses yeux, le tissu économique du pays a un besoin impérieux d’un grand nombre de PME de type familial, plutôt que subir l’hégémonie de grands groupes internationaux ou de grands fonds d’investissement imposant leurs vues financières envers et contre tout.

S’engager collectivement

Œuvrer pour l’humanitaire sur le pas de sa porte constitue une autre façon de s’engager. Inspiré par l’expérience de Pitt Pirrotte, qui a créé, dans une maison lui appartenant, le restaurant Syriously! avec des réfugiés syriens, M. Dennewald a lui aussi embauché un réfugié syrien au sein de son entreprise: un ingénieur intégré dans le laboratoire d’essais de matériaux, en charge du développement de produits écologiques.

«Les patrons ont un rôle capital à jouer dans l’intégration sur le marché du travail. Si chacun s’engageait à embaucher pour chaque tranche de 200 salariés un réfugié, le problème serait réglé! Le patronat avait lancé le pacte pour l’emploi en 2014 sur l’initiative de la Fedil et le pari a été largement tenu. Pourquoi ne pourrait-on pas prendre collectivement un engagement similaire pour les réfugiés? Leur intégration dans le monde du travail constitue la clé pour leur intégration tout court.»