À l’heure actuelle, le projet de loi n’autorise pas deux membres d’un même couple à bénéficier d’une activité d’insertion.  (Photo: Sven Becker)

À l’heure actuelle, le projet de loi n’autorise pas deux membres d’un même couple à bénéficier d’une activité d’insertion.  (Photo: Sven Becker)

«Le ministère de la Famille planche actuellement sur un projet de loi visant à réformer le revenu minimum garanti (RMG). Les associations ont été consultées lors de la réflexion et nous attendons désormais de savoir ce que contiendra le texte. La situation n’est pas mauvaise par rapport à ce qu'il se pratique ailleurs, mais il est clair qu’il est possible d’améliorer l’existant sur certains points et nous avançons des propositions pour ce faire», explique Robert Urbé, le porte-parole de Caritas Luxembourg qui a organisé une conférence sur le sujet, ce mercredi. Au registre des préconisations, Caritas Luxembourg plaide globalement pour une approche plus nuancée des situations et des demandes. «Pour l’heure, on applique les textes et point à la ligne. Il faut effectivement gagner en lucidité et en souplesse», précise le responsable. 

Manque d’encouragement à travailler

Dans le détail, Caritas Luxembourg regrette, par exemple, que dans un ménage, si l’un des membres du couple bénéficie d’une activité d’insertion (assortie du bénéfice du RMG ou du salaire social minimum), le conjoint en est privé puisque dès lors, le revenu total dépassera le plafond RMG. «Cette mesure retient environ 6% des bénéficiaires du RMG du marché du travail. Et elle est particulièrement discriminante puisque ce sont surtout les femmes qui n’ont pas la possibilité de travailler», a expliqué Nathalie Georges, chargée d’études au service Recherche et Développement de Caritas Luxembourg. L’association estime que, sur ce point, il serait judicieux d’accepter un dépassement de plafond, partant du principe qu’il convient d’encourager les gens à travailler plutôt que de rester inactifs.

En ce qui concerne  les «trappes d’inactivité», justement, Caritas confirme que financièrement, il est toujours plus intéressant pour une personne de travailler que de toucher le RMG. En tout cas lorsque le travail est à temps plein. Mais la personne qui travaille à temps partiel n’a pas forcément intérêt, sur le plan financier, à vouloir travailler à temps plein. «Une personne seule sans enfants travaillant 10 heures par semaine devrait gagner un salaire de plus de 2.160 euros net par mois pour avoir un revenu total comparable (autres avantages RMG compris), donc l’acceptation d’un plein temps rémunéré au SSM (salaire social minimum) n’est pas du tout avantageux pour elle», précise l’association. Dernier point d’amélioration: le RMG et les moins de 25 ans. «Cette population ne peut pas en bénéficier, mais il faudrait faire preuve d’un peu plus de flexibilité.» 

Les jeunes mis à la porte

«Si ce jeune trouve un travail et qu’il vit toujours chez ses parents qui bénéficient du RMG, son salaire va avoir des conséquences sur les aides reçues. Alors certaines familles choisissent de le mettre à la porte du foyer alors que son salaire ne lui permet peut-être pas de vivre décemment, seul», souligne Nathalie Georges. 

La réforme attendue corrigera ces problèmes, et d’autres encore, espère Caritas Luxembourg. Tout comme la révision du mode de calcul du budget de référence actuellement menée par le Statec permettra de mieux cerner le budget dont a besoin une personne ou un ménage «pour vivre décemment et s’intégrer socialement», pour reprendre l’expression d’Anne Franziskus, chargée d’études à la division statistiques sociales du Statec. Au Luxembourg, 10.028 ménages, 10.696 hommes et 9.535 femmes bénéficient du RMG. Le revenu minimum garanti s’élève à 1.348 euros pour une personne seule et 2.022 euros pour un ménage composé de deux adultes.