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Les facteurs à prendre en compte pour bien assurer son activité sont multiples. Avant toute chose, il importe d’identifier clairement les risques. Et de se faire bien conseiller.

Bien assurer son entreprise n’est pas une mince affaire. Face à la multitude de produits d’assurance et au nombre de facteurs à prendre en considération au cœur de chaque contrat, un dirigeant d’entreprise peut vite se retrouver désem­paré. «Pour être bien assuré, il faut d’abord être conscient du rôle que joue une assurance pour la sauvegarde de son patrimoine, de sa famille, de son entreprise, explique Paul Hauffels, courtier en assurances. Dans la vie d’une entreprise, on ne gagnera pas d’argent en concluant, par exemple, un mauvais marché. Par contre, avec un mauvais contrat d’assurance, ou une couverture mal adaptée, on peut très bien tout perdre.»

De manière générale, précise le courtier, les entreprises matures ont très bien compris les enjeux qui se cachent derrière une bonne couverture. «Etre assuré de manière optimale, que ce soit pour un particulier ou pour une entreprise, c’est disposer des garanties nécessaires et adéquates qui permettront, au cas où un sinistre devait survenir, le règlement des indemnisations dans les meilleurs délais», indique, pour sa part, Sandra Miconi, directeur du bureau de courtage Assurances-Conseils Luxembourg.

On ne couvre toutefois pas une activité économique comme on assure son véhicule personnel. Pour les particuliers, les assureurs disposent de produits standard bien adaptés. Pour le monde des entreprises, c’est autre chose. «La plupart des chefs d’entreprise, simplement parce qu’ils ont souscrit à un contrat d’assurance, pensent être bien assurés, explique David Dentini, account manager chez Aon, société de courtage. Et tant qu’ils ne sont pas confrontés à un sinistre, ils continuent à le croire. Dans de nombreux cas, ils se trompent. Sur le terrain, dans nos relations avec nos clients, on constate qu’il y a souvent beaucoup de lacunes dans les contrats d’assurance.»

Recourir à des experts

Et les conséquences d’un mauvais contrat d’assurance peuvent être fâcheuses. Parce que le risque zéro n’existe pas – l’actualité le rappelle régulièrement – et que personne n’est à l’abri de rien, il importe de sensibiliser chacun sur les risques qui existent et sur les manières de s’en prémunir. Mais s’assurer de manière optimale est tout sauf simple. Et les chefs d’entreprise n’ont que rarement les compétences requises pour comprendre les contrats d’assurance dans tout ce qu’ils comportent. Quand ce n’est pas, bêtement, le courage de les parcourir dans leur intégralité qui fait défaut.

Un courtier en assurances, agréé, indépendant et expérimenté, est sans doute le mieux placé pour orienter un chef d’entreprise et le conseiller dans le choix de ses couvertures. Ou simplement pour le mettre en garde contre un contrat qui est mal adapté ou un risque qu’il n’a pas identifié. «Dernièrement, nous avons visité une importante entreprise industrielle qui avait souscrit une assurance dommage qui couvrait tous ses bâtiments, commente David Dentini. Mais ce que le manager ignorait, c’est que son contrat comportait une clause d’exclusion au niveau des risques électriques en cas d’incendie. Il ne l’avait pas lue. Or, personne n’ignore qu’un court-circuit est souvent la cause des incendies. Dans ce cas précis, l’assurance ne serait pas intervenue.» Au-delà des clauses d’exclusion que l’on ignore, des montants de garantie trop faibles par rapport à l’activité peuvent aussi constituer de mauvaises surprises si jamais un sinistre devait intervenir. Aussi, avant qu’il ne soit trop tard, il convient de vérifier qu’on est bien assuré.

Le faire, c’est avant tout se rendre compte des conséquences que l’on peut éviter en souscrivant à différents produits d’assurance. De manière générale, c’est au chef d’entreprise qu’il appartient d’envisager les risques et de s’en prémunir. «Mais cela implique que l’on prenne en compte un certain nombre de paramètres, qui ne sont pas toujours évidents, confirme Christian Théodose, administrateur délégué de Gras Savoye Luxembourg. Le monde des assurances est complexe. Un chef d’entreprise peut difficilement l’appréhender seul. Le recours à un courtier, indépendant d’une compagnie d’assurance, agréé par le Commissariat aux Assurances, c’est s’assurer d’avoir un intermédiaire avisé qui défendra les intérêts de l’assuré.»

Aucune couverture, pour une entreprise, ne devrait être souscrite sans une analyse préalable. «Pour commencer, il faut avoir évalué correctement la valeur de ses biens, parfois à l’aide d’un expert, pour s’assurer en conséquence, avec le conseil d’un courtier qui a proposé des conditions de prix, mais surtout une étendue de garanties et de services adaptés à l’activité professionnelle exercée», poursuit Sandra Miconi.

Une couverture adaptée, après une telle évaluation de la valeur des biens, nécessite aussi une analyse des risques encourus au niveau de l’activité. A ce niveau également, la prise en compte de la multitude de risques est complexe. «Tout le monde, toutefois, n’a pas les moyens d’engager un risk manager en interne, poursuit Christian Théodose. Mais identifier les risques qui peuvent menacer le métier, l’entreprise, son dirigeant, sa famille, reste l’étape indispensable pour établir une bonne couverture.»

Les risques peuvent varier d’un secteur d’activité à l’autre. Chaque entreprise s’expose à plus ou moins de risques divers. En fonction de sa taille, de la zone géographique sur laquelle elle étend son activité, entre autres facteurs, les enjeux peuvent être totalement différents. «Chaque entreprise, en effet, à ses spécificités. Certaines produisent des biens alors que d’autres sont actives dans le secteur des services. Il y en a qui exportent, d’autres pas.

Certaines travaillent avec des sous-traitants, liste Paul Hauffels. Chacune devra se couvrir par rapport aux risques qu’elle encourt de manière dif­férente. Il faut que chaque couverture ou bouquet de couvertures soit adapté à la réalité de l’entreprise.» Cette diversité des risques fait qu’aucune société, selon les courtiers rencontrés, ne devrait se satisfaire d’un contrat standard, ou même d’un package, proposé par une compagnie d’assurance.

L’analyse des risques réalisée à l’aide d’un courtier et, le cas échéant, d’experts, permettra d’établir une liste exhaustive des couvertures nécessaires à l’entreprise. Mais pas seulement… «L’expertise préalable au niveau des biens et des risques peut amener aussi à une amélioration des systèmes de prévention et de protection, ajoute Sandra Miconi. Parfois, des investissements, au niveau de la prévention, peuvent générer des économies à moyen et long termes.» Précisons aussi que le prix d’une assurance est souvent dépendant du risque encouru. «Mener une politique de prévention est primordial dans la gestion de ses risques et a un impact favorable sur la négociation de ses couvertures d’assurance. Il ne suffit pas de bien se couvrir pour un risque d’incendie, par exemple, sans rien faire pour le prévenir. Car, après plusieurs sinistres, l’assureur peut refuser tout simplement de vous couvrir», commente Christian Théodose. Installer des portes coupe-feu, des systèmes de détection, s’assurer que les extincteurs sont aux normes, mettre en place des plans de prévention de sécurité, recourir à des services de gardiennage, des systèmes d’alarme… tout cela importe pour bien s’assurer et aura un impact sur le prix de l’assurance à laquelle chacun décidera de souscrire.Tous ces éléments pris en considération, il est alors possible de définir les besoins en couverture de l’entreprise. Cela peut passer par la rédaction, avec son courtier, d’un cahier des charges personnalisé qui sera soumis à, au moins, trois compagnies d’assurance. Certains courtiers développent leurs propres textes, des contrats directement adaptés aux besoins de l’entreprise, souvent plus complets que ceux proposés par les compagnies, qu’ils soumettent directement à celles-ci en demandant si elles peuvent y répondre et à quel prix. Car, être bien assuré, c’est ne pas laisser de place à plusieurs interprétations quand le sinistre intervient, et être sûr que dans tous les cas on est couvert de manière optimale.

Assurer et prévenir

Dans le cadre d’un contrat, et lorsqu’il s’agit de faire le choix d’un assureur, ou d’un bouquet de couvertures auprès de plusieurs assureurs, le prix n’est certainement pas le seul facteur à considérer. «Pour certains contrats, les produits standard, pour les flottes ou le matériel roulant, le prix est sans aucun doute le facteur le plus important, assure Paul Hauffels. Mais pour toutes les autres branches, il importe d’arriver à un équilibre entre la couverture et le prix de la prime.»

Les courtiers, sur la question, sont unanimes. Selon Sandra Miconi, ce qui importe le plus aux chefs d’entreprise est le service, la garantie d’être bien couverts. «De notre côté, nous disons toujours à nos clients de ne pas se focaliser sur le prix, assure Christian Théodose. Il faut également veiller au niveau des franchises et les adapter à la nature de la sinistralité (sinistralité de fréquence ou de gravité).»

Le montant de la prime d’assurance dépendra en effet directement de la fixation d’une franchise. Avec une franchise basse, pour une sinistralité importante, la prime d’assurance sera élevée. Dans certain cas, et si l’assise financière de l’entreprise le permet, il peut être intéressant de préférer une franchise plus élevée.

Avoir une bonne couverture signifie-t-il qu’il faut se couvrir pour tout? La réponse à cette question n’est pas évidente. «On peut avoir une couverture pour tous les risques et être mal assuré, indique Christian Théodose. Tout simplement parce que les contrats sont mal adaptés. Les exemples ne manquent pas. On peut citer celui de cet architecte qui, il n’y a pas si longtemps, pensait être couvert comme il le faut grâce à la RC professionnelle à laquelle il avait souscrit. Il s’est rendu compte finalement que la garantie prévue par le contrat d’assurance était insuffisante. Alors qu’il pensait être couvert à hauteur de 10 millions d’euros, il ne l’était qu’à hauteur de 1 million.»

Entre primes et risques

Il faut donc avant tout que les contrats correspondent bien aux attentes et besoins des chefs d’entreprise. Ces derniers, avec leur courtier, pourront identifier ce qui est pertinent et ce qui l’est moins. «S’assurer ou non pour tout n’est pas la bonne question à se poser, ajoute David Dentini. Il faut plutôt se demander quelle part de risques suis-je prêt à prendre pour mon entreprise.» La réponse, une fois encore, dépendra surtout du secteur d’activité, de la taille de la société, et de la branche d’assurances concernée. «Un bon équilibre dépend aussi du choix du patron de prendre des risques ou non, et dans quelle mesure il veut les prendre, poursuit Paul Hauffels. Cela fait partie de sa stratégie et dépend aussi du tissu financier sur lequel il peut s’appuyer.»
Un conseil en la matière n’est toutefois jamais vain. «En notre qualité de courtier, nous préconisons certaines couvertures. Mais nous n’avons pas le pouvoir d’obliger des dirigeants à souscrire à une couverture pour tous les risques, explique Sandra Miconi. Il nous appartient d’attirer leur attention sur certains d’entre eux qu’ils n’auraient peut-être pas identifiés, comme la couverture des diri­geants d’entreprise, par exemple. Ou de les conseiller sur des produits intéressants, par exemple le plan d’épargne-pension comme avantage extralégal pour leur personnel.»

 

Courtiers - Intérêt grandissant

Le marché luxembourgeois des assurances est avant tout un marché d’agents. Le courtage, toutefois, suscite un intérêt grandissant. Après la crise, et pour des raisons économiques, les entreprises désirant réduire leurs coûts se sont alors orientées vers les courtiers. Désormais, assure Sandra Miconi (Assurances-Conseils Luxembourg), «de plus en plus de particuliers se tournent vers nous». Car, au-delà du fait de s’assurer que l’on est bien… assuré, un souscripteur bénéficiera, avec un courtier, d’autres avantages. En effet, la particularité du courtier est avant tout qu’il est indépendant de toute compagnie d’assurance et au service des intérêts de son client. En cas de sinistre, c’est le courtier qui prendra en charge le dossier de bout en bout. D’autre part, un chef d’entreprise qui fait appel aux services d’un courtier en assurances a la certitude de travailler avec un professionnel, qui connaît le marché et qui pourra faire jouer la concurrence entre au moins trois compagnies. C’est en effet une obligation légale. Mais le métier de courtier, c’est aussi du conseil, de la négociation avec les compagnies, l’assurance que son dossier est correctement géré et suivi régulièrement.

Evolution - Suivi indispensable

«Toute entreprise évolue, et les risques auxquels elle s’expose changent aussi. Nous conseillons à nos clients de faire le point, avec nous, au moins une fois tous les trois ans, ou dès que des modifications interviennent dans leurs activités, assure Paul Hauffels. Si la couverture ne doit pas changer, revoir régulièrement son courtier peut permettre, par exemple, de renégocier certains contrats, avec une diminution des primes ou une amélioration de la couverture.»
Et même si une entreprise n’évolue pas, de nouveaux produits naissent, de nouveaux risques sont identifiés. On voit par exemple que la responsabilité des dirigeants ou encore des administrateurs peut désormais être rapidement mise en cause. Dès lors, par exemple, il importe au chef d’entreprise de se couvrir en son nom propre contre d’éventuels risques. Aussi, les couvertures doivent-elles évoluer en fonction des changements au sein de l’entreprise, mais aussi au sein de la société en général. Mieux vaut être informé pour être bien couvert!