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Le Luxembourg est aussi contrôlé: la Business Software Alliance veille et les vendeurs ou utilisateurs de logiciels sans licence trinquent.

Partout dans le monde, trois lettres font trembler ceux qui alimentent leur ordinateur en denrées frelatées: BSA. Business Software Alliance est le porte-parole de l'industrie mondiale du matériel informatique, du logiciel et de l'Internet auprès des autorités publiques et des consommateurs sur le marché international. La BSA, fondée en 1988, représente essentiellement les éditeurs de logiciels et de systèmes d'exploitation. Et cette armada affrétée par les rois du binaire chasse, aborde et punit les pirates, ceux qui vendent ou utilisent des softwares sans en avoir acquis toutes les licences voulues...

Jusqu'il y a peu, le Luxembourg échappait aux contrôles, BSA étant censée veiller depuis son ancrage belge. La puissante association n'avait en effet pas de relais juridique au Grand-Duché... Depuis janvier dernier, la structure s"est complétée. Corollaire quasi instantané, les contrôles inopinés se sont mis à pleuvoir. "Chez les particuliers, le respect de la licence est très répandu. On a un PC, les logiciels qui vont avec, et autant de licences que de softwares", observe Germain Delagardelle, partner account manager chez Microsoft Luxembourg, en charge de la relation avec les constructeurs locaux et les partenaires vendeurs. "En revanche, dans nombre d'entreprises installées au Luxembourg, il semble que l'on utilise, consciemment ou non, des logiciels considérés comme des pirates".

Ces derniers mois, une volée de sociétés a, de fait, reçu la visite des "enquêteurs" commandités par la BSA. Comment cela se passe-t-il' L'avocat de BSA lance une procédure au nom de ses mandataires, qui peuvent être, par exemple, plusieurs éditeurs ciblant un même client sur lequel ils ont un doute. Sur place, un huissier de justice encadre la visite, menée par un expert en informatique, désigné par le juge des

saisies. Après, tout dépend de ce qui est trouvé dans les machines... Un arrangement à l'amiable est systématiquement proposé à l'utilisateur illégal. Une forme de pacte: on se met en règle et ça ne va pas plus loin.

Si la mauvaise foi prend le dessus et que l'arrangement est refusé, alors qu'il y a fraude manifeste, la procédure suit son cours. Et cela peut faire mal. Le "fautif" doit déjà régler toutes les licences "omises", puis, le cas échéant, payer des amendes et intérêts, de l'ordre de 150% du coût de base de la licence. Cela met le software illégal que l'on pensait gratuit à 2,5 fois son prix normal...

Prévenir les additions salées

Les exemples circulent. Comme l'histoire de cette PME de quatre personnes qui, prise la main dans le sac de softs piratés, a finalement dû s"acquitter de 100.000 euros d'amende, avec en prime la publication d'une annonce dans la presse, une forme d'aveu public à l'effet contre-publicitaire garanti. Une autre anecdote? Un bureau d'architectes, dont le personnel avait manifestement abusé du téléchargement de logiciels, à l'insu du patron.

"On voit et on entend de tout, confirme Germain Delagardelle. Ici, chez Microsoft, nous suivons ce qui se passe. Nous sommes parfois lésés, parfois pas. Il y a de la place pour l'appréciation et, surtout, pour la prévention'. Bon à savoir, en effet. Microsoft, comme d'autres acteurs du secteur, est disposé à conseiller en amont. "Il y a des vendeurs de matériel qui équipent les PC de logiciels pirates, qu'ils font payer parfois plus cher que le prix du marché! Il y a aussi, à l'inverse, des réparateurs qui refusent d'intervenir sur la machine sitôt qu'ils ont constaté qu'elle contenait des copies pirates. Nous pouvons aider à faire en sorte que tout soit légal'.

Au fait, comment surviennent les contrôles? Espions informatiques? Astuces techniques des constructeurs? Dénonciations? "Là aussi, on entend de tout. Souvent, chez Microsoft, nous nous contentons de sourire à toutes ces hypothèses". Le mystère des sources de la BSA restera donc entier. à la mesure du risque que courent les pirates.