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Nom: Codenet SA-NV URL: http://www.codenet.lu Chiffre d'affaires: 955 millions LUF (Belgique & Luxembourg) Effectif: 100 Directeur général: Sandro Bazzanella Pierre Lienard, Directeur Commercial de la filiale luxembourgeoise, e-mail: [email protected] Dates de création: 1993 en Belgique; 1999 au Luxembourg Types de services prestés: Services Voix: direct; indirect (CSC, CPS) Frame Relay ATM IP-VPN Services d'accès fibre, leased lines, ADSL Services Internet Montant des investissements 99, 2000 et 2001 sur le territoire luxembourgeois: NA

1 - À terme, certains prédisent qu'une activité se limitant à des télécommunications "pures" ne suffira pas pour garantir la survie d'une entreprise. Etes-vous d'accord avec cette affirmation' Oui, non, pourquoi?

Il est tout d'abord important de définir ce que l'on entend par le terme «télécommunications pures». Généralement, et surtout lorsque le terme est  utilisé de telle manière, on sous-entend une activité se limitant au transport et à la commutation et au routage de flux de communication, sans apport de valeur ajoutée. Comme toute activité possède une valeur ajoutée intrinsèque, il faut en plus que le service rendu soit banalisé au maximum, disponible en grande quantité sur le marché et que le fournisseur du service ainsi que le service lui-même puissent facilement être remplacés par un autre. C'est la définition type de commodités. Il y a pléthore d'exemples de sociétés fournissant des commodités tout en étant rentables et survivant très bien, et il n'y a pas de raisons pour qu'une société fournissant des commodités en télécommunications ne  puisse pas survivre, pour autant quelle comprenne bien les règles du marché pour ce type de fournitures. Il est toutefois prévisible que le monde; et encore moins un pays; dispose de beaucoup de postes vacants pour ce type d'activité.

Bien souvent, la «valeur ajoutée» est perçue uniquement dans les couches les plus hautes du modèle OSI, ou encore dans la fourniture de contenu, le conseil, l'intégration de services et tutti quanti. Etre bon, voire le meilleur, dans son métier, comprendre à fond ses clients, occuper des niches, offrir ce petit plus, soigner et cultiver son image de marque ou faire preuve de flexibilité et transparence sont toutes des qualités permettant à une société de se distinguer de ses concurrents et de fournir un service rentable.

2 - Pensez-vous que les autorités de régulation au Luxembourg assurent de manière satisfaisante? Ont-elles suffisamment de moyens? Oui, non, pourquoi?

On  constate un certain manque de pro-activité et bien que certaines personnes soient très compétentes et de bonne volonté, les moyens sont incontestablement insuffisants (pas de pouvoir conféré par la loi, même si c'est en train de changer) et on ressent très fortement le manque de pouvoir d'intervention. Sentiment général que l'EPT reste très «libre» de déployer des man'uvres de freinage à la libéralisation, à l'abri de toute sanction.

3 - Quelles sont vos principales cibles (particuliers, PME, entreprises internationales_)? Comment pensez-vous réussir à vous démarquer de vos concurrents?

Codenet s'adresse essentiellement aux entreprises multi-sites sur le territoire belgo-luxembourgeois, aux opérateurs internationaux et aux banques et sociétés cherchant des services à haute bande passante et/ou ayant une importante consommation en communications téléphoniques tant nationales qu'internationales. Codenet a développé des gammes de services spécifiques répondant aux exigences de ces différents types de clients. Pour les entreprises multi-sites, Codenet offre des services de réseaux privés virtuels basés sur des technologies réputées telles que le Frame Relay, l'ATM et l'IP-VPN. L'accès à ces réseaux peut se faire en commuté, en ligne louée fournie par d'autres opérateurs, par ADSL ou par connexion en fibre optique.

Aux opérateurs internationaux, Codenet offre des services de transport, de collecte et de terminaison de communications téléphoniques et de la fibre noire. Aux banques et grandes entreprises, Codenet propose des services de téléphonie nationale et internationale, et des services de communications de données à haut débit tels que Gigabit Ethernet, des connexions ESCON ou de la bande passante pure (DWDM et SDH). Ces services sont fournis grâce à une coopération intense avec Coditel, qui fait  aussi partie du pôle communication du groupe Suez et qui dispose  d'une importante infrastructure en fibre optique au Grand Duché.

Pour se démarquer de ses concurrents, Codenet table essentiellement sur une vaste gamme de services, la qualité de ses services, une approche personnalisée caractérisée par la flexibilité et le sur mesure, et des prix calculés au plus juste.

4 - Haut-Débit, nouvelles manières d'accéder au réseau_ La concurrence est accrue via la multiplication des technologies. Lesquelles sont, selon vous, les plus porteuses de potentialités? Et les plus incertaines? Pourquoi?

Considérons les technologies suivantes:

Technologies de  type fixe:

Cuivre

Paire torsadée

ADSL

HDSL

SHDSL

Coax

Fibre optique

Technologies de type radio:

Faisceau Hertzien

Boucle locale radio

UMTS

Dans les technologies du type fixe, la fibre constitue sans aucun doute le plus grand potentiel en termes de bande passante. Toutefois, les coûts d'installation et de maintenance sont tels que cette technologie reste réservée aux tous très ? hauts débits. Il est fort peu probable de voir arriver dans les 5 à 10 années prochaines des introductions massives chez les particuliers ou les PMEs, surtout que les capacités demandées par ce type de clients sont offertes plus avantageusement par d'autres technologies.

Il reste toujours un grand avenir pour les technologies fixes en cuivre, et on voit déjà une bataille de plus en plus féroce entre la paire torsadée et le coax. La présence abondante de la paire torsadée offre de plus en plus de possibilités pour les accès à haut débit, d'autant plus que grâce à l'utilisation de la fibre pour le transport à longue distance, les raccordements en cuivre peuvent se faire à des distances plus courtes, augmentant ainsi la capacité atteignable. L'ADSL pour les accès asymétriques, étant particulièrement adapté pour un accès combiné à l'Internet et au service de téléphonie vocale, connaît un succès grandissant chez les résidentiels et les PMes?. Le HDSL (2Mbps) et SHDSL (2 à 8Mbps) étant des technologies symétriques sont eux plus adaptés aux entreprises de taille moyenne. Outre la possibilité d'offrir un accès intégré voix-données, ces technologies sont également indiquées à la mise à disposition d'information sur un serveur Internet propre et à la mise en place du commerce électronique. Comme toutefois le SHDSL est moins perturbant pour le spectre que le HDSL, on peut s'attendre à ce que le HDSL disparaisse à l'avantage du SHDSL.

Le câble coaxial offre une alternative intéressante à la paire de cuivre torsadée. Il s'agit toutefois d'une technologie asymétrique, ce qui est plus adapté aux résidentiels et aux PE's. En plus, il est à prévoir que le déploiement du câble touche à sa fin. Avec l'arrivée de la transmission numérique, on peut s'attendre à ce que les opérateurs n'investissent plus dans le déploiement de ce type d'infrastructure.

Pour les technologies radio, le faisceau hertzien (point à point) est comparable à la fibre optique: très haute capacité, mais les coûts d'acquisition et de maintenance sont élevés. Ceci n'empêche pas que le FH soit une alternative intéressante là où la mise en place de fibre optique est trop coûteuse ou prend trop de temps.

La boucle locale radio par contre est nettement plus adaptée aux entreprises de taille moyenne. Appliquée dans des zones à densité de population/entreprises élevée, cette technologie offre une alternative attractive tant en coûts qu'en délais d'installation au cuivre. Offrant des capacités symétriques, la boucle locale radio est toutefois plutôt destinée aux entreprises de taille moyenne à grande. Par contre, il est à craindre que  l'octroie tardif des licences n'ait mis sérieusement en péril les chances de succès de cette technologie dans pas mal de pays européens.

L'UMTS finalement a été considéré longtemps comme la manne divine quant à l'introduction massive de l'accès en haute bande passante. Les prix abusivement élevés des licences, l'immaturité de la technologie et le doute persistant quant à l'utilisation par le grand public mettent des doutes importants sur le succès de cette technologie.

5 - Comment analysez-vous le marché luxembourgeois des télécommunications? Quelles sont ses caractéristiques par rapport aux autres marchés européens? Sur quel(s) point(s) peut-il encore se développer?

Le Luxembourg est un pays peuplé mais de petite taille, la majorité (de l'ordre de 70%) des appels "voix" sort du Grand-Duché. Le volet international est un secteur plus important que dans les pays voisins.

Le marché luxembourgeois présente une autre spécificité: la prédominance du secteur financier. Ce qui signifie que la composante "redondance & sécurité" est fondamentale. Donc, en plus des services classiques de télécommunications (IP, Frame Relay, ATM, bandes passantes internationales), le marché est très demandeur de connexions point à point pour relier des centres informatiques distants (business continuity & disaster recovery plan). Les services - connexions ESCON, Fiber channel et Gigabit Ethernet sur fibres optiques dédicacées sont ici très demandés. Ce qui est une bonne chose car Codenet utilise les services de sa société s'ur Coditel (Coditel et Codenet font partie du groupe Suez) pour offrir ses "Direct Fiber Services" sur fibres dédicacées pour un marché exigeant.

Le Luxembourg est un pays pragmatique, ce qui signifie que l'ouverture du marché des télécoms se fait au rythme de croissance du capital "confiance" que les opérateurs alternatifs inspirent. C'est une évolution lente mais en croissance constante.

6 - La notion de pays en terme de télécommunications a-t-elle encore un sens? Ne faudrait-il pas penser à un niveau "régional', voire Européen'

La notion de pays est en premier lieu d'ordre politique. C'est l'harmonisation légale et fiscale qui peut faire disparaître cette notion. Si en termes de télécommunications, la notion est toujours d'application, cela découle de l'existence d'opérateurs historiques qui par nature sont nationaux. La dérégulation aidant, aussi hétérogène quelle puisse être, combinée avec une concurrence de plus en plus accrue, on constate déjà que la notion de pays est en train de disparaître. L'Internet, offrant un accès à de l'information au même prix, indépendamment de l'endroit où se trouve cette information en est une première preuve. De plus en plus aussi, les entreprises reçoivent des offres pour de la téléphonie vocale où le prix des communications est le même vers un grand nombre de pays de l'Union Européenne, et qui par ailleurs ne diffère pas fortement de celui des communications nationales. La spécificité des pays sur le plan des télécommunications est toutefois encore un fait fortement déterminé par la présence d'un opérateur historique puissant et d'une implémentation hétérogène des directives de dérégulation. Même si on pense à un niveau régional voire européen, il faut s'attendre à ce que la notion de pays reste encore en place pendant un certain temps.

7 - Avec du retard par rapport à d'autres pays de l'Union Européenne, le Luxembourg s'engage dans la voie de l'UMTS et de la mobilité de 3e génération. Quel est le marché potentiel pour le pays? Quels dangers le législateur et le régulateur doivent-ils éviter? Pourquoi?

Il est extrêmement difficile d'évaluer le marché potentiel de l'UMTS au Grand-Duché . L'octroi de licences dans d'autres pays de la Communauté à conduit à des endettements gigantesques des grands opérateurs, vivant à ce moment-là encore dans l'optimisme d'un climat boursier euphorique. La technologie n'est pas encore au point et il est difficile d'évaluer l'adoption des services rendus par les utilisateurs. Dans ce flou économique, les décisions sont à prendre avec précaution. Le régulateur doit veiller à ce que l'évolution technologique du Grand-Duché suive la même cadence que dans les autres pays de la Communauté, même si le marché peut présenter un intérêt moins grand à cause de sa taille réduite. Les candidats aux licences ayant déjà payé le prix fort dans d'autres pays, pourraient très bien ne pas se présenter du tout, comme cela a été le cas en Belgique. L'octroi des licences sur base d'un «beauty contest» est sans doute le meilleur moyen d'avoir assez de candidats valables. De fortes pénalités, y compris la suppression de la licence, voire même «de inbeslagname» du réseau pourraient servir de garde-fou à la réalisation correcte des promesses faites par les bénéficiaires des licences.