Félix Braz a présenté un audit du Service central d'assistance sociale (Scas). (Photo:  Steve Eastwood/archives)

Félix Braz a présenté un audit du Service central d'assistance sociale (Scas). (Photo: Steve Eastwood/archives)

Manque de personnel, absence de procédures claires, dossiers qui traînent et personnel démotivé: l’audit présenté ce mercredi par le ministre de la Justice, Félix Braz (Déi Gréng), à la commission juridique de la Chambre des députés est sans appel. Le Scas, «service exécutant les décisions judiciaires», notamment en charge du contrôle social et psychique des justiciables et des enquêtes pour le juge de la jeunesse, serait à la dérive.

Les problèmes ne datent pourtant pas d’hier. Malgré sa soixantaine de psychologues, criminologues et agents de probation, on pouvait déjà lire dans le rapport d’activité du Scas de 2015: «Au fil des années écoulées, la direction du Scas ne s’est pas lassée de réclamer des renforcements en personnel.» Un coup de gueule rare à trouver dans un rapport d’activité.

La présidente de la commission juridique, Viviane Loschetter (Déi Gréng), insiste en revanche sur le fait que le service ne serait pas «arrivé à ce point mort» uniquement à cause du manque de personnel, mais également parce que ces dernières années, le Scas aurait été «livré à lui-même». La députée aurait appris ce mercredi que l’ancien directeur du service aurait été «absent».

Encore plus de travail

Après avoir présenté les résultats de l’audit à la commission juridique de la Chambre des députés, le ministre de la Justice, Félix Braz, lui a expliqué qu’une réorganisation était en cours. La première réorganisation du service depuis sa création il y a environ 40 ans.

La nouvelle direction mise en place début 2016 et dirigée par Marie-Claude Boulanger n’aurait pas attendu les résultats de l’audit pour instaurer ou clarifier certaines procédures. Une partie des recommandations serait d’ores et déjà transposée.

Viviane Loschetter pense même qu’avec les autres mesures qui seraient à présent «sur la table», le service serait prêt à s’adapter à la réforme de la protection de la jeunesse et la réforme de l’exécution de peines, qui engendreront sans doute du travail supplémentaire pour le Scas.

Il faudra un an et demi ou deux

En admettant que le manque d’effectifs ne soit pas le seul problème, l’audit cite néanmoins des chiffres assez impressionnants. En moyenne, les employés de la section des assistances éducatives s’occuperaient chacun de 117 enfants par an. Il manquerait cinq postes à temps plein. Dans le service probatoire, un psychologue aurait 16 heures en moyenne à vouer à un client, or il lui en faudrait 20. Le service des tutelles aurait 8 à 10 mois de retard et le service d’aide aux victimes s’occuperait actuellement de 230 clients.

Une fois réparé, le Scas pourra compter sur plus de moyens. Le ministre de la Justice prévoit désormais un plan pluriannuel qui permettra au Scas de recruter plus, même si Viviane Loschetter avertit qu’«on ne peut pas embaucher tout le monde en même temps». À ses yeux, il devrait y avoir assez de candidats pour les postes, il faudra cependant éviter de recruter plein de nouveaux assistants sociaux et psychologues en même temps pour ne pas déstabiliser le service.

Viviane Loschetter estime qu’il faudra attendre un an et demi ou deux ans pour pouvoir rattraper les retards et ramener le Scas à son efficacité maximale. En attendant, elle rassure que malgré les sous-effectifs, les enquêtes urgentes ordonnées par la justice seraient effectuées sans délai. Au vu de l’importance et de la sensibilité du Scas, la députée est soulagée qu’après la présentation de l’audit, il n’y ait plus de «tabous» et que les choses puissent avancer.