Jean-Claude Juncker et Xavier Bettel, deux Luxembourgeois au cœur d'un agenda européen malmené.  (Photo: SIP / archives)

Jean-Claude Juncker et Xavier Bettel, deux Luxembourgeois au cœur d'un agenda européen malmené.  (Photo: SIP / archives)

On aurait pu espérer meilleur agenda pour une présidence européenne. Si, passé l’accord conclu avec le gouvernement d’Alexis Tsipras, juillet et août ont permis l’organisation de réunions, tantôt à Bruxelles tantôt au Kirchberg, sans enjeux brûlants, l’agenda de rentrée est nettement plus chaud.

La manifestation organisée ce lundi par les agriculteurs européens mécontents - et qui l’ont fait savoir énergiquement à Bruxelles - et la crise des réfugiés venus pour la majorité de Syrie sont deux dossiers, certes bien différents, mais qui rappellent l’urgence d’une Union. Et donc d’une marche effective des institutions, sous l’impulsion de leaders priés d’être engagés, de s’engager.

L’Europe réagit souvent dans l’urgence. Elle le devra pour aider les réfugiés, même si on voit déjà combien l’accueil d’une population étrangère suscite des réflexes du côté de certains dirigeants ou leaders, heureusement souvent du bon côté, mais parfois aussi avec certains relents que l’on aimerait voir remiser à certains chapitres de l’Histoire. 

À l’inverse des accords rapides en mode bilatéral menés par l’Allemagne qui connaît l’importance de l’accueil de réfugiés, ces accords bilatéraux semblent fonctionner. Et débloquent des solutions concrètes, à l’instar de l’arrivée prévue de 50 réfugiés cette semaine au Luxembourg.

Et si les crises que nous vivons (migratoire, économique voire identitaire) pouvaient trouver une issue grâce à l’engagement de politiques? Le vœu est pieux, mais mérite d’être formulé. En ces temps de difficultés, tenir un agenda sur le long terme et une hauteur de vue – sans arrière-pensée électorale nationale – relève pourtant de la gageure. Mais pas de l’impossible. 

À chaque leader politique de prendre ses responsabilités. Si la chancelière allemande semble prendre les siennes dans le dossier syrien, Xavier Bettel indiquait, dans les colonnes du Soir, espérer ne pas être le président d’une Union qui ne trouve pas de solution, à l’aune de la réunion prévue la semaine prochaine à Bruxelles.

Mercredi, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker présentera son premier discours sur l’état de l’Union. Si l’agenda – décidément – prête plutôt à des notes pessimistes sur cet état, l’ancien Premier ministre luxembourgeois désormais à la tête du moteur exécutif de l’Europe devra trouver les mots justes, avec le franc-parler qu’on lui connaît et qui est bien nécessaire pour contrecarrer le repli sur soi prôné par d’autres. 

Car à défaut de l’émergence d’un leader reconnu par tous qui puisse mettre au diapason un concert européen souvent discordant, l’axe Berlin-Paris-Bruxelles-Luxembourg peut jouer le rôle de catalyseur des différents instruments et de retour aux valeurs fondatrices de l’Europe. Dans une Union qui est souvent en perte… de valeurs.