Les résultats des élections législatives ont non seulement ouvert la voie à la poursuite de la coalition DP-LSAP-Déi Gréng mais ont aussi élargi le spectre politique. (Photo: Mike Zenari /archives)

Les résultats des élections législatives ont non seulement ouvert la voie à la poursuite de la coalition DP-LSAP-Déi Gréng mais ont aussi élargi le spectre politique. (Photo: Mike Zenari /archives)

Rares ont été ceux qui avaient clamé haut et fort, avant les élections, que la coalition DP-LSAP-Déi Gréng serait reconduite après le 14 octobre. Et pourtant, malgré la perte d’un siège, Gambia est parvenue à conserver la majorité à la Chambre, parvenant par là même à maintenir le CSV dans l’opposition pour cinq années supplémentaires. Une première pour les chrétiens-sociaux qui devraient être écartés du pouvoir une décennie entière.

Mais si le CSV se voit contraint de poursuivre sa phase de renouveau en mettant en selle de nouvelles personnalités déconnectées des années Juncker, d’autres partis ne peuvent également pas échapper à ce mouvement. Le LSAP au premier chef. Avec trois sièges perdus à la Chambre entre 2013 et 2018 et un score passé pour la première fois sous la barre des 20%, le parti subit de plein fouet l’érosion du vote social-démocrate. Une désaffection liée notamment à l’écart de plus en plus grand enregistré entre les attentes de l’électorat traditionnel et les visions défendues par ses élites.

Stratégie «ultra-efficace» des Piraten

Pour répondre à ces défis, le parti a donc fait le choix de mettre en avant de nouvelles têtes dans au gouvernement, féminines en l’occurrence avec Taina Bofferding et Paulette Lenert. Stratégie différente pour Déi Gréng, grand gagnant des élections, qui a opté pour une répartition paritaire des postes. Car les écologistes ont non seulement augmenté leur score de 5% par rapport à 2013, mais ont également réussi à imposer une partie de leurs thèmes de campagne comme enjeux majeurs du scrutin. Résultat: ils passent d’un rôle d’entremetteur entre DP et LSAP au sein de la coalition à celui d’influenceur de Gambia 2.

Le succès enregistré par Piraten et son entrée pour la première fois au Parlement constituent un autre enseignement majeur de ces législatives. Avec deux députés, le parti fondé par Sven Clement a tiré profit d’une stratégie digitale «ultra-efficace» en utilisant des supports jusqu’à présent ignorés des spin doctors politiques. En l’occurrence, le recours à des contenus sponsorisés sur Pornhub ou YouPorn, sites pornographiques où les encarts publicitaires sont généralement utilisés pour vanter d’autres messages et d’autres produits.

Nouvelles options politiques

Désireux de ne pas se laisser enfermer dans un rôle d’opposition sans réel impact sur le jeu politique, le jeune parti n’a pas hésité à s’allier avec l’ADR pour mettre sur pied un groupe technique, dispositif permettant aux deux formations politiques de bénéficier d’une visibilité, d’un accès aux informations sensibles et d’un temps de parole accru.

Plus que la possibilité offerte au DP, au LSAP et à Déi Gréng de poursuivre leur coalition gouvernementale, les législatives 2018 marquent une étape supplémentaire dans la diversification de la vie politique. Avec la probable fin de l’hégémonie d’un seul parti et l’émergence de nouvelles forces politiques. Mais diversification n’est pas pour autant synonyme de représentativité.

Preuve en est la persistance d’un nombre de députées largement inférieur à celui des députés – moins d’un quart à la Chambre pour cette législature contre 30% précédemment –, des types de profils professionnels ou bien encore des origines familiales des élus pour le moins homogènes. Dans un pays où actuellement 48% de la population ne possède pas la nationalité luxembourgeoise, ce dernier point pourrait poser question dans les années à venir.