Pour Richard Forson, « Les syndicats ne peuvent plus se contenter de s’asseoir et dire ‘on ne peut rien faire’ » ( Photo : Charles Caratini / archives )

Pour Richard Forson, « Les syndicats ne peuvent plus se contenter de s’asseoir et dire ‘on ne peut rien faire’ » ( Photo : Charles Caratini / archives )

Monsieur Forson, les résultats 2012 ont été validés lors de l’assemblée générale de ce matin. Ils font état de 35 millions de dollars de pertes. Comment jugez-vous ces chiffres et comment allez-vous redresser la situation?
«35 millions de dollars de pertes, c'est exact. Mais c’est moins que ce que nous avions budgété (60 millions de dollars, ndlr) pour l’exercice. Afin de redresser la situation, nous avons commencé à mettre en œuvre le business plan voté par les administrateurs. Pour parvenir à augmenter les revenus, nous essayons d’en diversifier les sources, en collaborant avec d’autres compagnies (avec le wet leasing par exemple) ou d’autres clients. Nous regardons également le réseau que nous servons pour saisir les opportunités le cas échéant.

Vous avez déjà les chiffres du premier trimestre. Que disent-ils?
«Je les ai déjà présentés au conseil d’administration. Sur les volumes, nous sommes 8% supérieurs à l’année dernière. Ce n’est pas rien quand on regarde les compagnies concurrentes qui accusent un certain repli, notamment en Allemagne. En termes de prévisions budgétaires, nous sommes également 2% au-dessus. Nous affichons donc de bons résultats pour ce qui touche aux volumes. La profitabilité générale est, elle, impactée par les rendements négatifs du marché asiatique.

Est-il possible de chiffrer les objectifs?
«En termes de revenus, nous sommes au-dessus de ce que nous avions planifié. Pour ce qui touche aux volumes, je suis donc relativement optimiste pour le reste de l’année. En termes de rendements, si je regarde l’Amérique ou l’Europe, cela correspond à ce que nous avions prévu. Sur le plan des coûts, nous avions pris des initiatives l’année dernière. Elles ont été reconduites cette année. Nous économisons ainsi dans le secteur informatique ou renégocions les contrats de manutention avec les entreprises partenaires. Mais le défi de l’année se situe sur le plan du coût du travail. Les négociations sont en cours.

Où en êtes-vous justement dans les négociations sur la convention collective dénoncée en septembre?
«Pour moi, nous en sommes vraiment à un point où les parties devraient s’entendre sur un accord pour avancer. En tant que compagnie aérienne, il faut se montrer flexible. J’ai dit aux syndicats qu’ils ne peuvent plus se contenter de s’asseoir et de dire ‘on ne peut rien faire’. Il faut se concentrer sur l’efficacité et l’amélioration de la productivité. Cela n’arrivera pas du jour au lendemain. Afin d’y parvenir, je demande certaines concessions. Et quand l’augmentation de la productivité se traduira à nouveau en bénéfices, alors on pourra remettre en place certains avantages.

Quel type de concessions attendez-vous?
« Les concessions concerneront tous les employés de Cargolux, direction incluse. Je peux en tout cas confirmer que cela n’impliquera pas de coupes pures et simples dans les salaires. Je vise plutôt les avantages. Je peux par exemple mentionner les heures supplémentaires. Nous payons plus que la loi ne l’exige. Je demande juste à ce que Cargolux paie ce qui doit être payé en vertu de la loi.

Qu’en est-il de votre position? Vous êtes depuis août 2012 CEO par intérim et CFO. Est-ce que cela va durer?
«Cette question devrait être posée aux administrateurs. Mais aussi longtemps que je serai président et CEO par intérim, je poursuivrai ce que je jugerai bon pour Cargolux.

Quels regards portez-vous sur les prochaines échéances importantes pour Cargolux, notamment la nécessité de trouver un nouvel actionnaire?
«La question de la cession des 35% du capital est dorénavant entre les mains du gouvernement. Nous leur offrons notre aide si besoin, mais ils conduisent la procédure. Ma principale préoccupation est de suivre le business plan et le budget votés par les administrateurs. Toute mon énergie y est dédiée. Et tous les objectifs que nous nous étions fixés pour ce moment-là de l’année ont été remplis.
Après, je ne sais pas ce qui va se passer en Europe durant les prochains mois. Pour moi le plus gros défi est de sortir de cette conjoncture difficile. C’est pour cela qu’il nous faut être le plus flexibles possible au niveau des coûts. Si les revenus font défaut, si les rendements sont moindres, il nous faut pouvoir ajuster notre structure de coûts en adéquation. Comme je l’ai dit aux syndicats, je peux proposer la convention la plus généreuse de l’histoire, mais si les revenus ne couvrent pas les coûts, quel sens à cette convention à la fin ? Il suffit de regarder de l’autre côté de la frontière. En Allemagne, Air Cargo Germany vient juste de suspendre ces activités. Personne ici ne veut que Cargolux vive ce genre de situation. Et il ne faut bien sûr pas attendre de se trouver dans une telle situation pour réagir».