Angela Merkel a estimé que l’Allemagne allait bénéficier d’un système de fiscalité pour les entreprises «compliquées».  (Photo: Patrick Galbats)

Angela Merkel a estimé que l’Allemagne allait bénéficier d’un système de fiscalité pour les entreprises «compliquées».  (Photo: Patrick Galbats)

La chancelière allemande, Angela Merkel, de visite au Luxembourg ce jeudi, a expliqué devant les journalistes réunis au Mudam que si la Grande-Bretagne devait décider d’abaisser ses taux en matière de fiscalité des entreprises, l’harmonisation fiscale dans l’UE à 27 pourrait «redevenir un sujet», certes «difficile», mais «les travaux devront continuer», a conclu la chancelière.

Interrogée par un journaliste, Angela Merkel n’a pas voulu dire si, oui ou non, le Luxembourg était désormais un «élève modèle», comme le souligne régulièrement le gouvernement luxembourgeois. Elle a toutefois félicité Xavier Bettel pour les efforts de son gouvernement en termes de transparence fiscale, qui auraient mené à un «level playing field». En d’autres mots, une base pour des règles communes. Elle s’est également «réjouie» que ces transformations n’aient pas mené à un «chômage en masse» au Grand-Duché.

La chancelière allemande a par ailleurs précisé que l’Allemagne aussi aurait un système de fiscalité pour les entreprises «compliquées». Tandis que le G20 (et donc aussi l’UE) a adopté les recommandations Beps de l’OCDE et que les États ont commencé à transposer certaines nouvelles règles, la proposition de la Commission européenne de créer une assiette consolidée commune n’avance guère actuellement. Le Brexit pourrait donc bien changer la donne.

La PKW-Maut

Si les chefs de gouvernement allemand et luxembourgeois se sont réjouis d’une excellente relation entre les deux pays, ils n’ont cependant pas caché leurs différences concernant le projet d’un péage automobile en Allemagne. Xavier Bettel a publiquement exprimé son désaccord avec le projet, estimant que ce système serait discriminatoire envers les ressortissants européens voyageant en Allemagne. Le Premier ministre n’a cependant pas évoqué une éventuelle plainte devant la justice européenne. Les Pays-Bas et l’Autriche en envisagent une.

Angela Merkel a pourtant voulu rassurer en précisant que le gouvernement fédéral mènerait des discussions avec tous les pays et les Länder concernés, tout en estimant qu’il ne fallait pas s’attendre à une forte baisse du trafic transfrontalier. L’exemple de l’Autriche, où existent des péages, l’aurait bien démontré.

Xavier Bettel a répliqué que le Luxembourg n’a, contrairement à l’Autriche, pas de péage. Le Premier ministre a publiquement exprimé son désaccord avec le projet, prévu pour la fin de l’année, considérant qu’il serait discriminatoire envers les ressortissants européens circulant en Allemagne.

L’avenir de l’UE

Après s’être réunis symboliquement dans la maison natale de Robert Schuman à Clausen ce jeudi matin, les deux chefs de gouvernement ont estimé devant la presse que «le projet européen doit avancer». Angela Merkel et Xavier Bettel ont évoqué le projet du marché digital commun, dans lequel il faudrait prévoir un bon fonctionnement des liaisons numériques transfrontalières. Le marché digital commun serait primordial pour combattre le chômage des jeunes et assurer que les «cerveaux innovateurs» restent en Europe.

La chancelière allemande a, par la même occasion, répété que dans le contexte de la crise migratoire, la libre circulation ne pourrait être préservée qu'en assurant une bonne protection des frontières extérieures de l’UE. Le Premier ministre luxembourgeois a estimé que seules des solutions communes pourraient résoudre les problèmes auxquels fait face l’Union européenne.