Damien Petit, head of investment advisory de la Banque de Luxembourg. (Photo: Banque de Luxembourg)

Damien Petit, head of investment advisory de la Banque de Luxembourg. (Photo: Banque de Luxembourg)

La correction enregistrée sur les actions mondiales au troisième trimestre a été sévère: l’indice MSCI World All Countries a ainsi perdu pratiquement 10% (en euros). Les spreads de crédits d’entreprises, en particulier sur la dette de faible qualité («high yield»), se sont par ailleurs fortement tendus, reflétant ainsi une nette recrudescence de l’aversion au risque.

Croissance mondiale révisée à la baisse

La décision de la Banque centrale chinoise de dévaluer le yuan en août a ravivé les craintes d’un ralentissement brutal de l’économie chinoise. Plus généralement, l’accès de faiblesse observé au sein de nombreux pays émergents et les risques financiers qui en résultent suite à l’augmentation considérable de l’endettement dans ces pays au cours des dernières années inquiètent les investisseurs. De nombreux organismes internationaux continuent d’ailleurs de revoir à la baisse leurs attentes de croissance. Le Fonds monétaire international a par exemple très récemment abaissé ses estimations de progression de la richesse mondiale à 3,1% et 3,6% pour 2015 et 2016 respectivement (contre 3,3% et 3,8% précédemment). L’institution a notamment révisé sensiblement à la baisse ses perspectives pour l’Amérique latine. La croissance y sera négative cette année, la région étant notamment pénalisée par la lourde chute des prix des matières premières, une conséquence directe du ralentissement chinois.

Des politiques monétaires durablement accommodantes

Dans cet environnement morose sur le front économique et en l’absence de pressions inflationnistes au sein des pays développés, les politiques monétaires devraient rester très accommodantes, un facteur généralement positif pour les actifs risqués. Outre-Atlantique, la Réserve fédérale a justifié l’absence de relèvement des taux d’intérêt en septembre par les incertitudes économiques et financières mondiales. L’attention accordée à la date du premier relèvement des taux doit toutefois être relativisée. Le rythme du processus de normalisation de la politique monétaire est plus important pour l’investisseur. Ce rythme devrait s’avérer nettement plus progressif que lors des cycles de relèvements précédents. Au sein de la zone euro, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, inquiet de la trop faible croissance actuelle des prix, a affirmé qu’une extension de l’actuel programme d’assouplissement monétaire quantitatif - au niveau de sa taille, son échéance et de sa composition - était envisageable si les objectifs d’inflation à moyen terme étaient à risque. Enfin, au Japon, la dynamique économique décevante et l’inflation toujours très éloignée des objectifs des autorités pourraient également inciter les autorités monétaires du pays à adopter de nouvelles mesures visant à assouplir davantage leur politique.

Quels actifs privilégier dans un contexte de taux bas?

Dans cet environnement de taux durablement bas (abondance de liquidité, persistance de freins structurels sur la croissance…), la classe d’actifs actions continue d’offrir les perspectives de rendements les plus intéressantes en termes relatif. Les valorisations ne sont pas excessives et, en l’absence de retournement brutal du cycle conjoncturel, le risque de déception sur la dynamique bénéficiaire des entreprises semble relativement contenu. Privilégier les actions de première qualité (bilans solides, génération de flux de trésorerie stable, avantage compétitif pérenne…) payant des dividendes réguliers constitue toujours selon nous la stratégie la plus adaptée compte tenu notamment des risques (en particulier l’endettement excessif) pesant sur l’économie mondiale.