Le chômage est un fléau qui pèse lourd sur nos sociétés et qui entraîne des dommages financiers, mais aussi moraux pour les concernés. Au Luxembourg, le chômage a atteint un niveau inquiétant, surtout pour la taille de notre pays et de notre économie. La complexité du problème est apparente quand nous essayons de trouver des explications à ce phénomène afin de trouver des solutions. En effet, la croissance économique dont notre pays a pu se réjouir lors des dernières décennies n’a pas permis de réduire le nombre de demandeurs d’emploi. Au contraire, le chômage a augmenté en même temps que l’emploi. Si les problèmes ne se situent pas au niveau de la demande en main-d’œuvre, nous devons nous pencher sur la problématique de l’offre. Force est de constater que les demandeurs d’emploi ne disposent pas de la formation adéquate pour subvenir à la demande. Souvent, ils ne disposent d’aucune qualification, ce qui rend leur insertion ou réinsertion dans la vie active particulièrement difficile. Les efforts qui ont été réalisés en matière de formation sont bienvenus, mais il est évident qu’ils ne suffisent pas à résoudre le problème.
Nous sommes d’avis qu’il faut changer radicalement d’approche afin de lutter efficacement contre le chômage. Un changement de mentalité est nécessaire. Le système social tel que nous le concevons fait partie du problème. En effet, les demandeurs d’emploi sont indemnisés, non pas pour être intégrés sur le marché du travail, mais pour en être exclus. Psychologiquement, cette exclusion porte atteinte à la confiance des demandeurs d’emploi et les décourage, plutôt que de les encourager à réintégrer la vie économique du pays. La distribution actuelle des indemnités a tendance à fabriquer des chômeurs de longue date et contribue davantage au problème qu’à la solution.
Casser la spirale négative
C’est pourquoi il faut casser la spirale négative et réintégrer les chômeurs dans la société. Nous proposons de réformer entièrement le système sur base de la prémisse suivante : il faut récompenser le travail au détriment du chômage. Pour ce faire, il faut changer de manière drastique les conditions d’obtention des indemnités. Le défi principal est de maintenir les demandeurs d’emploi dans une activité afin de leur montrer qu’ils font partie de la société et n’en sont pas exclus. Cette appartenance à la société apporte aussi des responsabilités. Il faut donc responsabiliser les demandeurs d’emploi en les forçant à prester quelques heures de travail par jour, que ce soit dans des entreprises, ou dans le secteur public, afin d’être indemnisés. Cette mesure permettrait aux demandeurs d’emploi de conserver une routine et facilitera leur réintégration dans la vie active. Cette prestation journalière devra être complétée par un programme de formation rigoureux répondant aux demandes du marché du travail. Cette formation pourra se réaliser en entreprise ou dans une structure étatique. Les statistiques démontrent qu’il est plus difficile de réintégrer un chômeur de longue date, justement parce qu’il a perdu ce contact avec un environnement structuré et régulé.
Cette approche n’est pas étrangère à la nature humaine. Au Japon par exemple, les chômeurs apportent leur contribution à la société en aidant à l’entretien des espaces publics. Il n’est pas rare d’y voir les chômeurs prester de petits boulots qui ne seraient pas réalisés autrement. Ce qui importe, c’est l’activité au profit de l’inactivité. Le sentiment d’appartenance rend aux gens leur dignité.
Afin de réaliser ce changement, tous les éléments de notre société doivent y participer. Nous avons besoin d’un nouveau contrat social qui a pour but de lutter contre l’exclusion. Ce ne sont pas uniquement les chômeurs qui doivent faire des efforts. Les entreprises ont l’obligation de s’engager à intégrer des demandeurs d’emploi dans leurs sociétés, de les former et de les embaucher dès qu’une activité économique permet une création d’emplois. Les pouvoirs publics doivent d’abord réformer le système et ensuite assurer un encadrement adéquat qui garantit son fonctionnement. Enfin, la société doit changer de mentalité afin de donner aux demandeurs d’emploi la confiance de pouvoir surmonter une passe difficile de leur vie, de renforcer le sentiment d’appartenance et de combattre la marginalisation.