Pendant que les incertitudes planent comme les doutes sur un pays plein de secrets (encore un peu bancaires, parfois de Polichinelle ou aux parfums de guerre froide et de roman noir), la vie continue. Et, en ces temps de crise prolongée, les nouvelles, parfois, s’entrechoquent.
Le groupe Deutsche Bank annonce un plan social pour 175 personnes. Ce n’est pas le premier du genre. Mais il a un côté emblématique. D’abord parce que le CEO est aussi le président de l’association des banques et banquiers au Luxembourg, en l’occurrence Ernst Wilhelm Contzen. Ensuite parce que la restructuration à laquelle s’attèle le groupe allemand est révélatrice des enjeux du futur immédiat pour la Place.
Fusions et acquisitions font partie du paysage et de l’indispensable évolution des métiers variés de la finance. Mais, quand on ajoute des pièces au puzzle d’un groupe, il peut apparaitre que des fonctions et métiers de back office - services juridiques ou techniques notamment -- sont redondants. Classique, mais toujours douloureux…
Et c’est donc un nouveau plan social sur la Place qui, jusqu’il n’y a pas si longtemps, voulait jusqu’à ignorer l’existence de ces termes, longtemps tabous dans un pays qui ressemblait à Cocagne.
La nouvelle qui a suivi, dans une quasi-simultanéité ce jeudi, était plus réjouissante. Et tout autant emblématique. Une entreprise industrielle, qui plus est de l’est du pays – Euro-Composites, à Echternach – annonce un gros investissement, soutenu par l’État, et crée davantage de production, de valeur et d’emplois. 40 millions, pour 60 emplois annoncés.
Comme le dit d’ailleurs avec un large sourire le ministre Schneider, c’est une forme d’exemple pour l’industrie qui peut encore gagner. Pour autant qu’elle se trouve dans un créneau porteur, qu’elle investisse et qu’elle développe des produits spécifiques après mûres recherches. En tout cas, cela mérite que l’on ne boude pas son plaisir.
Voile pudique
C’est aussi la politique réaliste qui se manifeste dans ces exemples. La realpolitik, comme on dit à la sauce germanique. De ces politiques qui, à l’international, peuvent jeter un voile pudique sur quelques faits d’armes pour mieux se concentrer sur les échanges économiques.
L’exemple-type a été vécu, aussi, cette semaine au Luxembourg, avec le vol inaugural de Turkish Airlines. Il y avait trois ministres luxembourgeois (chacun ayant une présence logique eu égard à ses attributions liées aux infrastructures aériennes, aux développements économiques ou touristiques) pour un ministre turc. Derrière le tapis rouge, chacun a pris bien soin d’éviter les sujets qui fâchent, comme les manifestants de la place Taksim.
Le débat n’était pas là, certes. Au fond, quand on reçoit (encore un exemple d’actualité!) des hauts responsables chinois de la finance, on omet d’aborder les droits de l’homme dans l’empire du milieu…
Pour le volet turc, c’est pareil, même si ce n’est pas comparable. Et le Luxembourg prend même position, très officiellement, pour soutenir la Turquie, partenaire commercial comme un autre, dans ses efforts récurrents pour entrer dans l’Union européenne.
En politique intérieure comme dans les affaires étrangères, le pragmatisme luxembourgeois n’est pas réputé pour rien.