L’OCDE vient de publier son tableau de bord Financing SMEs and Entrepreneurs 2014, un pavé de 339 pages fort instructif où figurent 31 États, membres et non membres: Autriche, Belgique, Canada, Chili, Colombie, République tchèque, Danemark, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Israël, Italie, Corée, Mexique, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège, Portugal, Russie, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Thaïlande, Turquie, Royaume-Uni et États-Unis.
L’OCDE dresse notamment un constat sévère: dans la plupart des pays, les petites entreprises ont été assujetties à des conditions de crédit plus strictes (taux d’intérêt plus élevés, échéances plus courtes, exigences plus grandes en matière de sûretés…) que les grandes entreprises et ce, malgré la reprise économique.
Par contre, pas de trace du Luxembourg, pays où les PME représentent pourtant la quasi-totalité du tissu économique avec 99,5% d’entreprises (chiffres 2012) comptant moins de 250 personnes et/ou faisant un maximum de 50 millions de chiffre d’affaires. Et que penser de l’absence de l’Allemagne dont les PME sont réputées dans le monde entier pour leur force d’exportation (le fameux «Mittelstand»)?
Plusieurs explications
«Parmi les explications possibles, on peut suggérer plusieurs pistes: difficultés de collecte, limites méthodologiques de l’exercice qui font que la difficulté de comparabilité des données entre les pays peut rebuter certains d’entre eux ou encore le choix d’une allocation de ressources. Les données étant compilées de façon centralisée, cela requiert que, dans certains États, des ressources soient allouées… ce qui implique une décision politique de la part du pays concerné. Ainsi, lors de l’exercice pilote mené en 2010, neuf pays avaient répondu à l’appel sur la base du volontariat, indique un expert pays.
Concernant l’Allemagne, Jean-Pierre Villetelle, chef du Service d’études et de prévision à la banque de France, qui a été sollicité en tant qu’expert pour la partie France, évoque l’existence d’un «secret statistique» très contraignant entraînant un déficit d’informations collectées par la Bundesbank au sujet des PME. «Aujourd’hui, en Allemagne, on compte, en dehors de l’Office fédéral statistique, 14 bureaux statistiques des Länder et environ 100 bureaux statistiques indépendants dans les villes et les municipalités», rappelle Christian Widmaier, chargé d'études allemand.
Dans un tel contexte, alors que d’une année sur l’autre un nombre croissant de pays figurent dans le tableau de bord de l’OCDE sur le financement des PME et des entrepreneurs (18 en 2012; 25 en 2013 et 31 en 2014), pas sûr que – pour les différentes explications évoquées ci-dessus – le Luxembourg et son voisin allemand fassent partie de la mouture 2015.