L'entrée de la tour Rakuten à Tokyo. (Photo: Licence CC)

L'entrée de la tour Rakuten à Tokyo. (Photo: Licence CC)

Et si le géant japonais du e-commerce, Rakuten – qui a installé son QG européen à Luxembourg il y a quelques années, mais qui est aussi très actif en France – était dans les dessous de l’affaire Monette, cette marque de lingerie française en cours de reprise? En tout cas, le chief logistics technology officer, membre de la direction de Rakuten Europe, Adrian Diaconu, est cité comme l’interlocuteur industriel qui reprend la société de Bourg-en-Bresse…

«Un industriel luxembourgeois sauve des ex-Lejaby». Le titre est encore d’actualité dans plusieurs médias luxembourgeois ce mercredi. L’information est elle-même venue de France, où toute la presse a évoqué le sauvetage, validé par le ministre Montebourg, d’un fleuron de la lingerie hexagonale, Monette, qui avait succédé à Lejaby mais était placé en liquidation judiciaire, depuis la semaine dernière.

Selon la presse française, le tribunal de commerce de Paris a visé favorablement, lundi, l'offre de reprise présentée par «un industriel d'origine roumaine qui possède des activités informatiques et robotiques au Luxembourg», précisant que «la société 7 Fashion est présidée par Adrian Diaconu».

Logisticien du e-commerce

Si la société en question n’a pas (encore?) pignon sur rue au Luxembourg, Adrian Diaconu dispose d’une toute autre visibilité. Il est un des directeurs, depuis janvier 2013, de Rakuten Europe. Il est aussi président d’Alpha Direct Services, une société française qu’il a fondée en 2002 et qui, après avoir bien grandi sur le territoire hexagonal, dans la logistique spécialisée pour l'e-commerce, a été absorbée par le groupe Rakuten, en novembre 2012. Un peu après, M. Diaconu devenait donc directeur en charge de la logistique au siège européen du géant japonais du e-commerce, au Grand-Duché.

On peut préciser que Rakuten a trois sociétés au Grand-Duché: outre Rakuten Europe, il y a Rakuten Payment Services et Rakuten UK Shopping. La société recrute pour Luxembourg en ce moment mais difficile, pour l’heure, d’y avoir un contact direct pour commenter l’information.

Marque et emplois sauvés

À vrai dire, on ne sait pas encore grand chose sur la transaction qui mène à la reprise de Monette. Selon Assya Hiridjee – cofondatrice de la marque Princesse Tam Tam – et créatrice de Monette, le repreneur a pris lui-même contact et «la reprise s’est bouclée en une quinzaine de jours». Il est question d’un investissement de quelque 2 millions d’euros, pour reprendre Monette qui, à court de cash, accuse un passif d’un demi-million, pour un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros en 2013.

Après la faillite de Lejaby, le site de Bourg-en-Bresse avait été relancé, avec le concours d’Arnaud Montebourg et de l’État français, fin 2012. Assya Hiridjee a assuré à la presse française rester directrice de la marque Monette et demeurer sans doute actionnaire minoritaire de la société. 7 Fashion compte, dit-elle, «maintenir le positionnement haut de gamme de Monette et développer ce concept de lingerie autour de la soie, avec des pièces de prêt-à-porter, des accessoires et des bijoux». Selon Assya Hiridjee, l'entreprise dispose d'un bon carnet de commandes pour 2014, et d’une implantation sur les marchés américain et russe.

Les 42 salariés de l'entreprise conservent leur emploi, les locaux parisiens et l'atelier de production de Bourg-en-Bresse étant repris. L'activité pourrait même redémarrer en cette fin de semaine.

PriceMinister etc.

Accessoirement, on peut rappeler que, en juin 2010, Rakuten avait racheté PriceMinister pour 200 millions d'euros. Le cofondateur du site de vente en ligne, Pierre Kosciusko-Morizet (le frère de Nathalie, ex-ministre sous Sarkozy et actuelle candidate à la Mairie de Paris) est devenu COO puis directeur général de Rakuten Europe (depuis fin 2013).

En reprenant Alpha Direct Services fin 2012, Rakuten avait signalé vouloir renforcer son efficacité dans la livraison, l'approvisionnement des entrepôts, le traitement des commandes en ligne et la gestion du service clients. Aller jusque dans la production de biens vendus en ligne serait dans la logique industrielle pilotée par l’entrepreneur d’origine roumaine.