La Banque Internationale à Luxembourg, entité rentable du groupe Dexia, suscite des convoitises.  (Photo: Dexia)

La Banque Internationale à Luxembourg, entité rentable du groupe Dexia, suscite des convoitises.  (Photo: Dexia)

Que va-t-il rester du groupe Dexia? Son démantèlement est en cours et la Banque Internationale à Luxembourg (BIL) n’échappera pas à la vente. Les Etats qui se portent garants pour les activités à risque souhaiteront certainement récupérer une contrepartie tangible grâce à la vente des entités rentables du groupe: Dexia Asset Management, DenizBank ou la BIL. Le résultat net de cette dernière atteignait en 2010, 208 millions d’euros (224 en 2009).

Mais la vente se passera sans doute par un découpage par activité. Selon certains commentateurs à l’intérieur des murs du siège route d’Esch, plusieurs repreneurs seraient sur les rangs. Pour la branche commerciale et de détail de la BIL, le nom d’ING a circulé dans les agences, mais le groupe Crédit Mutuel - ou plutôt CM10-CIC -, recueillait les faveurs des observateurs.

Crédit Mutuel pour des synergies

La cinquième banque française, et plus précisément le CIC Est (pour 72,37%) et sa holding, la Banque Fédérative du Crédit Mutuel (pour 27,63%), détient 100% du capital de la Banque de Luxembourg. Acquérir la BIL lui aurait permis de créer des synergies pour son activité de banque privée, avec la banque du boulevard Royal, et d’étendre son réseau d’agences au Luxembourg. Le groupe Crédit Mutuel-CIC avait, selon la même logique, racheté la filiale allemande de Citigroup en 2008.

Le groupe français a traversé la crise sans heurt ni fracas et se retrouve en 2011 dans une situation favorable pour faire figure de candidat numéro un au rachat de la BIL. Son produit net bancaire s’élevait à presque 11 milliards d’euros et le résultat net culminait à 3 milliards. Le groupe compte 76.000 salariés et 24.000 administrateurs pour gérer 29 millions de sociétaires et clients. Avec 32,4 milliards de capitaux propres, le ratio de solvabilité Tier one est de 11,5%. En bref, la banque a les reins solides, mais, selon nos sources, la banque mutualiste aurait fait un pas en retrait au cours des dernières heures.

Foyer pour la gestion de fortune

De persistantes rumeurs font revenir la partie gestion de fortune à Foyer. Là encore, les complémentarités sont évidentes, notamment au niveau de sa filiale Capital at Work. Sollicité, l’assureur luxembourgeois n’a pas donné suite.

Ensuite, la joint venture RBC-Dexia sera de fait concernée. Royal Bank of Canada pourra saisir l’opportunité et acquérir les 50% des parts restantes de l’entité siégeant à Belval et gérant les services aux investisseurs.

Quoiqu’il en soit, nous n’en sommes encore qu’au stade des hypothèses. Contactées, les différentes entités n’ont pas souhaité commenter. Les décisions sont pour l’heure prises au niveau gouvernemental.

En proie aux risques de marché, le groupe bancaire franco-belge est acculé à la scission. La manœuvre est dirigée par les Etats français et belge, avec le Luxembourg en qualité d’observateur.

La France et la Belgique assureront la liquidation des quelque 113 milliards d’euros d’actifs à risque de Dexia via la dorénavant célèbre «bad bank». Les financements des collectivités locales, dont Dexia avait fait sa marque de fabrique en les accumulant dans son portefeuille de crédits, seront repris par la Banque Postale (détenue par la Poste, société anonyme à capitaux publics). Les crédits existants seront adossés à la Caisse des dépôts et consignations. C’est en tout cas ce que laissait entendre François Baroin, ministre des Finances français, ce mardi.

L’avenir de Dexia banque Belgique passera lui par une nationalisation. Le Premier ministre f.f. belge, Yves Leterme, a confirmé hier vouloir sauver l’action Dexia.

Inquiétude des syndicats

A Luxembourg, les syndicats commencent à s’émouvoir de la situation. L’OGBL, Banques et Assurances (SBA), salue la volonté du ministre des Finances, Luc Frieden, de trouver une solution viable à long terme pour la banque, ses employés et ses clients. L’OGBL insiste néanmoins pour que les emplois restent une préoccupation majeure. L’inquiétude paraît légitime. L’acquisition par un établissement de crédit ou un gestionnaire d’actifs créera sans doute des doublons et provoquera, par conséquent, de la casse sociale.