C’est un dossier qui revient régulièrement auprès du CET, des employés victimes de discrimination lors de leur entretien d’embauche: «Beaucoup de gens ne connaissent pas leurs droits», explique Nathalie Morgenthaler. «Ils ne savent pas ce qui est légal de demander, si l’on doit répondre à ces questions, quelles sont les démarches à entreprendre si la discrimination est manifeste.»
Le grand classique pour l’employeur est de poser des questions d’ordre privé, en général aux femmes quant à leur désir de fonder une famille, de façon plus ou moins subtile. «Au Luxembourg, ce n’est pas explicitement interdit, même si c’est un motif retenu pénalement de discrimination à l’embauche.»
Genre, couleur de peau, âge, handicap
Discrimination liée au genre – surtout à l’encontre des femmes –, à la couleur de peau (un candidat dont l’entretien tourne uniquement autour du fait qu’il soit noir, et en aucun cas de ses compétences), ou encore à l’âge (un pilote qui n’a pas été employé, car jugé trop âgé). Le handicap fait également partie des motifs de discrimination: les personnes qui en souffrent ne savent pas si elles doivent le mentionner avant l’entretien. «Pour le secteur public, c’est souvent une bonne chose, car ils ont des quotas à remplir. Pour le privé, c’est aléatoire.»
L’exemple d’une jeune femme a été présenté: cette dernière est allée à un entretien d’embauche pour un poste dans une maison de jeunes. Les maisons de jeunes font l’objet d’une convention avec le ministère de la Jeunesse. Cette dernière doit être neutre au niveau politique et religieux notamment, mais cela ne concerne pas les employés. La jeune femme qui s’était présentée à l’entretien d’embauche voilée a essuyé un refus: «Le dirigeant de la maison de jeunes lui a dit que le fait qu’elle soit voilée posait problème. Elle nous a contactés et nous avons porté l’affaire aux tribunaux, mais le Parquet a décidé de ne pas poursuivre», regrette Nathalie Morgenthaler. «Il y a une jurisprudence en Europe pour des cas comme celui-ci, mais pas au Luxembourg.»
Avec des exemples concrets, un rappel des lois, la brochure a pour but d’informer les employés sur leurs droits. Pour les employeurs, le CET n’a pas souhaité s’y attaquer cette fois. «Les employeurs sont censés connaître la loi dans le processus de recrutement», explique la directrice du CET.