Quel avenir pour la Grèce en cas de «non» au référendum? (Photo: Wikipedia)

Quel avenir pour la Grèce en cas de «non» au référendum? (Photo: Wikipedia)

Depuis des mois que l'on parle de négociations de la dernière chance entre la Grèce et ses créanciers, le référendum proposé par le Premier ministre, Aléxis Tsípras, marque bien cette fois une date butoir. Sans que personne ne puisse dire avec certitude ce qu’il adviendra le 5 juillet au soir, lorsque les citoyens grecs se seront prononcés par rapport au plan d’aide proposé par ses partenaires européens.

Yves Nosbusch, chief economist chez BGL BNP Paribas, envisage deux scénarios. En cas de «oui» au plan, «l’Europe se donnera les moyens de mettre en place un nouveau programme d’accord et les négociations pourront reprendre», analyse-t-il. C’est, pour lui, le schéma qui a le plus de chance de se concrétiser.

Une monnaie parallèle

En cas de «non» ce dimanche, la situation devient plus critique. «Si ça devait se produire, la Grèce devrait introduire rapidement une monnaie parallèle à l’euro, parce qu’elle n’aurait pas assez d’euros pour faire fonctionner l’économie. À ce moment, une sortie de la zone euro, même si elle n’a rien de mécanique, deviendrait probable, parce que l’appartenance à la zone aurait de moins en moins d’intérêt.»

Ce qu’il faut, pour la Grèce, explique Yves Nosbusch, c’est de la croissance. Or, il rappelle qu’en 2014, le pays avait montré des signes encourageants. La saison touristique avait été excellente, la croissance était redevenue positive (0,7%), le marché du travail s’était stabilisé et le solde budgétaire primaire (hors charges d’intérêt) avait été excédentaire (0,4%). Avant un retournement total à la fin de l’année…

Un retour à la drachme serait-il favorable pour le pays? «On ne doit pas en surestimer les bénéfices», met en garde le chief economist de BGL BNP Paribas. Argument: les exportations, que l’on imagine toujours dans une situation favorable avec une monnaie dévaluée, ne représentent, dans le cas de la Grèce, que 33% du PIB. Et les biens manufacturés, sur lesquels pourrait avoir le plus d’effets la nouvelle compétitivité, à peine 13%.

Il ne faut pas surestimer les bénéfices d'un éventuel retour à la drachme.

Yves Nosbusch, chief economist, BGL BNP Paribas.

«Il ne faut pas imaginer non plus que le tourisme va pouvoir beaucoup progresser, observe encore Yves Nosbusch. 2013 et 2014 ont été de bonnes années. Il n’est pas évident qu’avec les capacités existantes, le pays puisse en accueillir beaucoup plus.»

Plus orienté vers la réaction des marchés financiers, Stefan Van Geyt, group CIO chez KBL epb, envisage, lui, trois scénarios en lien avec l’incertitude qui règne sur les marchés par rapport à la situation grecque. «Si le ‘oui’ l’emporte, c’est le signal clair qu’une solution pourra être trouvée, explique-t-il. Si les Grecs disent ‘non’, on s’orientera vers un ‘Grexit’. Ce ne sera sans doute pas une bonne solution pour le pays mais, à moyen terme, ce sera un catalyseur pour voir les marchés remonter.»

La moins bonne option, selon son analyse, serait finalement que les institutions européennes s’accordent avec la Grèce sur une réduction de sa dette. «On peut imaginer, à ce moment, que d’autres pays périphériques qui ont fait des efforts conséquents pour rétablir la situation de leur dette se plaignent à leur tour, créant de nouvelles turbulences.»