L’indépendance énergétique donne une marge de manœuvre supplémentaire aux États-Unis. (Photo: Licence CC)

L’indépendance énergétique donne une marge de manœuvre supplémentaire aux États-Unis. (Photo: Licence CC)

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) basée à Paris, les États-Unis devanceront dès cet automne l’Arabie Saoudite pour la production de pétrole et de gaz liquéfié,  devenant ainsi le premier producteur mondial. La spectaculaire ascension du gaz de schiste a permis aux États-Unis d’acquérir une autosuffisance énergétique, réduisant par là même le déficit commercial avec ses principaux partenaires. Ce phénomène, associé à un décalage de conjoncture avec la zone euro qui ne cesse de se creuser de mois en mois – très nettement en faveur des États-Unis – permet au dollar US (USD) d’entamer un fort mouvement de hausse, que rien ne semble pouvoir arrêter…

Quel contraste en effet avec la zone euro! Alors que la croissance américaine semble repartie sur des bases saines: baisse de l’endettement, baisse du chômage, reprise du marché immobilier, gains de productivité dans l’industrie… la croissance européenne reste désespérément proche de 0. Même l’Allemagne, considérée jusqu’ici comme le bon élève, montre des signes d’essoufflement, avec une population vieillissante et une perte de compétitivité de son industrie.

Si les causes du déclin structurel de la zone euro sont connues: coûts de production trop élevés, manque de spécialisation qui entraîne une lente «désindustrialisation» (à l’inverse d’un phénomène de réindustrialisation» aux États-Unis), manque de flexibilité dans le marché du travail, de véritables réformes de fond pour guérir le «malade» Européen ne semblent pas être à l’ordre du jour.

Risque d’un scénario récession-déflation en Europe

Pour le mois de septembre, l’inflation «core» dans la zone euro sur les 12 derniers mois affiche 0,7%, s’approchant tout doucement de la zone des 0%, alors qu’elle était encore de 1,5% au début 2013. Les risques d’un scénario de récession-déflation sont à présent bien réels, ne faisant qu’empirer un problème d’endettement excessif et une situation sociale déjà très tendue.

Face à ces risques, la Banque centrale européenne se montre très réactive. Après avoir annoncé le mois dernier qu’elle allait massivement intervenir sur les marchés, pour tenter d’assouplir au maximum les conditions de crédit, elle devrait très bientôt accélérer son calendrier et acheter directement des emprunts d’État, à l’instar des banques centrales américaine, japonaise  ou anglaise. Une telle manœuvre reviendrait implicitement à dévaluer sa propre monnaie 

Anticipation des marchés

Les marchés l’ont d’ailleurs déjà anticipé: dans deux ans, les marchés à terme prévoient que les taux courts (à 3 mois) européens seront au même niveau qu’actuellement: 0.2%, aux États unis à l’inverse, ils sont attendus à 2%, contre 0.2% aujourd’hui. Le différentiel de taux ne cesse de se creuser en faveur du USD. Si on garde en mémoire que l’Euro reste, selon bien des mesures, surévalué par rapport au USD – la parité de pouvoir d’achat indique un cours d’équilibre autour de 1,17 - un potentiel de hausse de ce dernier vers 1,15 au cours de l’année 2015 ne semble pas irréaliste… Cette baisse «orchestrée» de l’Euro sera-t-elle tolérée par les autres grandes puissances? On peut l’imaginer, tant le risque est grand de voir la zone euro à elle seule compromettre une reprise mondiale qui reste fragile.

Toutefois, même si cette baisse de l’Euro devait apporter un regain de compétitivité aux pays européens, la BCE ne pourra pas, à elle seule, résoudre les faiblesses structurelles de nos économies…