Yuriko Backes attend beaucoup des débats à venir avec la société civile sur l’avenir de l’Europe. (Photo: Sven Becker / Archives)

Yuriko Backes attend beaucoup des débats à venir avec la société civile sur l’avenir de l’Europe. (Photo: Sven Becker / Archives)

C’est avec une semaine d’avance que, ce mercredi 1er mars, Jean-Claude Juncker a présenté son livre blanc pour l’avenir de l’Europe. Le document servira de base pour la réunion de Rome le 25 de ce mois, où les chefs d’État se retrouveront pour fêter les 60 ans du traité fondateur, signé le 25 mars 1957 dans la capitale italienne.

Cheffe de la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, Yuriko Backes voit ce livre blanc comme un document volontariste. «C’est l’heure des choix. Il faut voir plus loin que le Brexit et démarrer un processus de réflexion pour une Europe à 27.»

Le document proposé par le président de la Commission a l’avantage d’être clair. Il propose cinq scénarios pour un avenir commun sur lesquels les Européens devront se prononcer. Via les exécutifs et les parlements, mais aussi au sein d’assemblées de citoyens qui seront organisées pour mieux impliquer quiconque s’intéresse à l’avenir de l’Union.

Accuser sans cesse l’Europe, ce n’est plus possible.

Yuriko Backes, représentante de la Commission au Luxembourg

Au-delà des propositions, on sent un ras-le-bol de la Commission sur les critiques formulées par les États membres et une volonté de leur faire prendre leurs responsabilités. En fin de compte, par le pouvoir accordé au Conseil, ce sont bien les États qui décident de l’avenir de l’UE. «Accuser sans cesse l’Europe, ce n’est plus possible», insiste la responsable de la Commission au Luxembourg. «Lors de la crise financière, l’UE a mis énormément de choses en place, mais de ça personne ne parle.»

Le choix proposé aux 450 millions d’Européens suggère différents niveaux d’implication de la sphère européenne dans la vie de ses citoyens, de la limitation à un marché unique à l’option fédéraliste. Les cinq scénarios sont les suivants:

  1. S’inscrire dans la continuité
  2. Rien d’autre que le marché unique
  3. Ceux qui veulent plus font plus
  4. Faire moins mais de manière plus efficace
  5. Faire beaucoup plus ensemble

«Dans chacun des scénarios, les 27 restent ensemble. Il est évident que les scénarios 2 et 4 marqueraient un certain recul pour l’Union européenne», commente Yuriko Backes. «On peut décider de continuer comme aujourd’hui ou, par contre, faire plus entre ceux qui le veulent, comme l’envisage le scénario 3, ce qui est aussi une réalité déjà vécue pour l’Euro et Schengen. Il faut en tout cas lancer le débat. Le résultat qui en sortira ne sera d’ailleurs peut-être pas un des cinq scénarios présentés, mais une combinaison d’éléments à en tirer.»

Un moment charnière

Outre le Brexit, les élections à haut risque qui se dérouleront cette année dans trois pays fondateurs – Pays-Bas, France et Allemagne – donnent encore plus de poids au message de Jean-Claude Juncker. Il a tenu à rappeler dans son livre blanc les acquis de l’Europe en 60 ans d’union. «La Commission a fait son travail et a soumis une contribution au débat sur l’avenir de l’Europe», convient Yuriko Backes. «Maintenant, le débat est lancé avec les États membres, les parlements et les citoyens.»

La Commission veillera en tout cas à ce que son document ne reste pas au placard. Le président Juncker en fera un des points forts de son discours sur l’état de l’Union en septembre, et de premières décisions par rapport aux différentes pistes de réflexion sont attendues lors du Conseil européen de décembre. «Le premier grand enjeu, ce sont les élections de 2019 lorsque tous les partis devront se dévoiler face aux électeurs par rapport à ces scénarios», conclut la représentante de la Commission au Luxembourg.