Guy Castegnaro (Eela): «On note au Luxembourg des interventions assez régulières et assez fortes du législateur.» (Photo: David Laurent/archives)

Guy Castegnaro (Eela): «On note au Luxembourg des interventions assez régulières et assez fortes du législateur.» (Photo: David Laurent/archives)

À compter de ce jeudi et jusque samedi, l’European European Employment Lawyers Association (Eela), présidée depuis 2012 par l’avocat luxembourgeois Guy Castegnaro, organise sa grande conférence annuelle. L’édition 2013 se tient à Anvers et traitera, entre autres choses, de l’encouragement des actions positives envers les femmes dans les entreprises.

Il y sera également question de sujets plus récurrents concernant, par exemple, les restructurations et les licenciements collectifs. Avec un orateur de marque: Michael Rubenstein, le grand spécialiste anglais des questions de droit, qui se penchera sur les derniers arrêts rendus par les juridictions européennes.

«Il s’agit de lancer des discussions entre membres, sans volonté de faire pression sur qui que ce soit. Nous nous considérons comme un think tank et non pas comme un lobby», précise Guy Castegnaro.

Eela, compte plus de 1.300 membres au sein de l’Union européenne et des pays de l’Espace économique européen, dont 24 pour le seul Luxembourg.

À chaque pays son approche

L’ombre de la crise économique actuelle planera évidemment sur bon nombre de débats et discussions qui auront lieu ces deux prochains jours. «Il y a, du reste, une session qui va justement traiter de la façon dont les différents États membres gèrent la crise actuelle sur le plan du droit du travail», explique Me Castegnaro, qui constate deux grandes tendances qui se dégagent.

«D’un côté, on a les États qui réglementent encore davantage le droit du travail pour mieux protéger les salariés et éviter les licenciements. Ils préfèrent mettre en place des mesures de maintien dans l’emploi. C’est le cas, par exemple, du Luxembourg, mais aussi de la France, de la Belgique ou de l’Allemagne. D’un autre côté, on a les pays plutôt du sud où c’est le contraire: le droit du travail est libéralisé, ce qui donne la possibilité aux entreprises de se restructurer, et donc de licencier plus facilement ou bien d’avoir recours de manière plus systématique à des contrats à durée déterminée (CDD) ou bien intérimaires, afin de flexibiliser davantage le travail.»

«Plus la crise durera, plus le droit bougera»

Au final, le droit du travail apparaît comme l’une des matières qui a le plus tendance à évoluer dans un contexte de crise. On se rappellera ainsi que, au Luxembourg, toutes les dispositions applicables en matière de préretraite datent de la crise de l’Arbed dans les années 70. «On note dans le pays des interventions assez régulières et assez fortes du législateur, surtout dans les mesures de maintien dans l’emploi, ce qui doit permettre d’éviter des licenciements secs. C’est la même chose pour toutes les mesures mises en place en vue d’éviter le chômage des jeunes et des seniors», constate Guy Castegnaro.

Et de citer les dispositifs tels que le contrat initiative emploi, établi avec l’Adem, ou encore la récente loi concernant la protection des travailleurs âgés. «Là aussi, il y a eu un certain interventionnisme de l’État, pour justement mettre un peu d’ordre dans le marché du travail, suite notamment à la crise économique. C’est très intéressant. Plus la crise durera, plus le droit bougera. Il existe, depuis 2009, plein de mesures provisoires qui, tous les ans ou tous les deux ans, sont encore prolongées.»

Retrouvez l’interview intégrale de Guy Castegnaro dans l’édition de juin de paperJam.