L’intérêt du Luxembourg s’est manifesté tôt. Par exemple, en novembre 2013, Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, était déjà à la Renminbi World Conference à Pékin. (Photo: Luxembourg for Finance / archives)

L’intérêt du Luxembourg s’est manifesté tôt. Par exemple, en novembre 2013, Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, était déjà à la Renminbi World Conference à Pékin. (Photo: Luxembourg for Finance / archives)

Pas plus tard que le 29 avril dernier, la Banque populaire de Chine (PBoC) a attribué au Luxembourg un quota d’un montant initial de 50 milliards de yuans sous le programme RFQII (Renminbi Qualified Foreign Institutional Investor). Sous ce programme, des investisseurs institutionnels basés au Luxembourg pourront investir directement sur le marché des capitaux domestiques chinois. Après la désignation, en septembre 2014, par la même PBoC, de la branche luxembourgeoise de la banque chinoise ICBC en tant que banque de compensation en renminbi (ou RMB) au Luxembourg, c’est un nouveau signe de l’importance du pays par rapport au développement international de la monnaie chinoise.

La volonté de la Chine d’internationaliser sa monnaie pour la faire mieux refléter son poids réel sur la scène internationale est récente. Mais l’intérêt pour le renminbi grandit au fur et à mesure des étapes franchies pour en faire une véritable monnaie de référence au niveau mondial. «C’est impressionnant de constater qu’en trois ans, entre janvier 2012 et janvier 2015, le renminbi est passé du vingtième au cinquième rang des monnaies les plus utilisées dans le monde pour les paiements», constate Grégory Weber, directeur de l’équipe de recherche chez PwC Luxembourg. Face à ce nouvel enjeu financier, la Place a directement développé son savoir-faire pour devenir un acteur de référence.

Des compétences qu’elle veut mettre en évidence au cours du second Renminbi Forum qui se tiendra le mercredi 3 juin. Organisé par Luxembourg for Finance (LFF), ce rendez-vous devenu désormais annuel veut faire mieux connaître les enjeux de la monnaie chinoise, mais également montrer à un public international le poids déjà acquis par les acteurs grand-ducaux dans ce domaine. «C’est le seul forum sur ce sujet dans la zone euro, note Elisabeth Adams, une des responsables de LFF. Le but est clairement de se positionner sur le renminbi. Nos compétences sont déjà connues, mais nous voulons faire part de notre expérience et montrer l’étendue de notre réseau.» La meilleure preuve de cette reconnaissance, c’est que des orateurs viendront tout droit de Chine, ce qui est assez rare. Pour cette deuxième édition du forum, LFF a souhaité des interventions sur des sujets techniques pour lesquels les connaissances sont encore lacunaires. «L’internationalisation du renminbi est arrivée à un stade où les investisseurs demandent plus de produits, explique Elisabeth Adams. Nous allons tenter de cerner ces demandes et détailler ce que les places financières peuvent imaginer faire pour développer ces nouveaux produits.»

Au cours des prochaines années, le renminbi devrait être la monnaie au plus fort potentiel haussier. Depuis les véritables débuts de son extension hors du continent asiatique, en 2012, le Luxembourg a mis tout en place pour devenir un centre de référence européen. «C’était pratiquement une obligation pour une place financière comme Luxembourg qui est ouverte aux échanges avec l’étranger, explique Grégory Weber. Une de ses forces est justement de permettre de traiter toutes les monnaies. Si une nouvelle devise prend de l’importance, le Luxembourg doit autoriser les acteurs à traiter cette devise comme toute autre.» Mais son importance croissante offre aussi des opportunités de voir de nouveaux acteurs aboutir à Luxembourg, attirés par l’activité autour de la monnaie de la deuxième économie de la planète. «Ça pourrait convaincre de nouvelles banques chinoises de s’installer à Luxembourg à côté de celles qui y sont déjà, poursuit le directeur de l'équipe recherche de PwC. Tout comme c’est une opportunité de drainer des opérateurs étrangers qui voudraient investir en Chine et, à l’inverse, des Chinois qui souhaiteraient devenir actifs dans l’économie européenne.»

Mais la Place grand-ducale a déjà fait plus que prendre ses marques. Actuellement, elle est considérée comme le hub étranger le plus important pour la distribution des fonds transfrontaliers avec un total de 300 milliards de renminbi investis en actifs dénominés en monnaie chinoise. La Bourse de Luxembourg est aussi le premier pôle européen d’obligations listées en renminbi tandis que les dépôts (61,5 milliards RMB fin 2014) et les prêts (61,1 milliards RMB fin 2014) en font aussi le principal centre du Vieux Continent.

Des chiffres importants pour une aventure démarrée il y a à peine trois ans.