Les négociations entre direction et syndicats devraient débuter la semaine prochaine.  (Photo: Andrés Lejona/archives)

Les négociations entre direction et syndicats devraient débuter la semaine prochaine.  (Photo: Andrés Lejona/archives)

Après Villeroy & Boch, un autre symbole de l’industrie luxembourgeoise est en perdition. L’imprimerie Qatena (anciennement Imprimerie Victor Buck), créée il y a plus de 150 ans, vient d’annoncer la fermeture de son site au Luxembourg. 90 emplois sont directement concernés.«Le Groupe Victor Buck a annoncé aujourd’hui son intention de réorganiser les activités d’impression de sa filiale Qatena en fermant son site d’impression luxembourgeois. Des mesures d’accompagnement sont proposées pour tous les salariés affectés par cette fermeture.» C’est par ces deux phrases que la société a commencé le long communiqué diffusé ce jeudi soir, annonçant la sinistre nouvelle.

Touché de plein fouet par la crise qui affecte, d’une manière générale, le secteur de l’imprimerie, confronté au double phénomène du développement de la numérisation généralisée des documents et d’importantes surcapacités de production sources de forte pression à la baisse sur les prix, le groupe n’est plus en mesure de faire face à la chute vertigineuse du chiffre d’affaires enregistré ces trois dernières années.

Début 2008, déjà, l’entreprise avait subi un premier coup dur, lorsque l’équipementier de téléphonie mobile, Nokia, avait annoncé la délocalisation de son site allemand de Bochum vers la Roumanie. Spécialisé dans l’impression à haut volume – et selon un système inédit de pliage – de notices techniques et modes d’emploi, le site de Leudelange de l’Imprimerie Victor Buck (qui était alors en train de changer de nom au même moment, pour devenir Qatena) s’était retrouvé du jour au lendemain amputé d’une grosse partie de son activité et une quarantaine d’emplois avaient été touchés. «La politique prévoyante de réduction des coûts et les efforts commerciaux déployés n’ont pas permis de stabiliser la situation économique de l’entreprise», explique le communiqué.

Chiffre d’affaires en baisse de 30%

«Nous avons accusé, en 2008, un recul du chiffre d’affaires de 30% par rapport à 2007, nous a précisé, ce vendredi matin, Steve Decker, le responsable RH du groupe. Nos prévisions en ce début d’année tablaient sur un recul identique pour 2009. C’était évidemment intenable».

La semaine prochaine commenceront les négociations avec les partenaires sociaux pour établir le calendrier de la fermeture du site, aucune date officielle n’étant pour l’instant fixée.

«Le Groupe Victor Buck proposera aux partenaires sociaux des mesures d’accompagnement pour tous les salariés affectés par la fermeture du site. De même, l’équipe de direction travaillera avec les syndicats pour trouver de nouvelles solutions d’employabilité pour les personnes concernées qui bénéficieront de formations et de conseils individualisés», indique le communiqué diffusé ce jeudi soir. «Que ce soit la direction ou les syndicats, tous ont pour unique souhait de sauver tout ce qui peut l’être», explique Steve Decker, le responsable RH du groupe. «Nous sommes les premiers à Luxembourg à arriver à une telle issue, mais la tendance est largement répandue dans le reste de l’Europe, notamment en Allemagne».

Le site slovaque renforcé

Cette fermeture ne touche que la branche d’activités «Print» du groupe. Ainsi, ses filiales Victor Buck Services (solutions d’externalisation de reporting financier pour l’industrie financière en Europe et en Asie, qui emploie 102 personnes à Luxembourg et à Singapour) et Legitech (éditeur de contenus juridiques et fiscaux proposant des bases de données, des livres et des solutions de traitement documentaire juridique, qui emploie 36 personnes à Luxembourg), ne sont pas concernées.

Fondée en 1852, l’Imprimerie Victor Buck avait, depuis l’arrivée de son actuel directeur Nicolas Buck, en 1994, pris la voie de la modernité, privilégiant un développement à l’international s’appuyant sur les technologies les plus pointues.

D’une cinquantaine d’employés réalisant l’équivalent de 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires il y a treize ans, la société, aux moyens propres régulièrement renforcés, a atteint jusqu’à 21 millions d’euros de chiffre d’affaires, et employait, fin 2007, quelque 145 personnes.

Elle a aussi ouvert, en 2007, un site en Slovaquie, qui emploie aujourd’hui 120 personnes. C’est, du reste, ce site de Ziar Nad Hronom (à 180 km à l’est de Bratislava) qui va continuer à prendre en charge les activités d’impression pour le secteur industriel (automobile, technologies, cosmétiques) du groupe.