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Après plus de deux ans de concurrence entre LuxGSM et Tango, la téléphonie mobile se prépare à concurrencer le réseau fixe.

Et le moins cher est? LuxGSM. Même s'ils le communiquent mal, les revendeurs du premier réseau de téléphonie mobile (P&T, Mobilux et CMD) offrent depuis leur dernière baisse des tarifs ? en premier lieu supposée les ramener aux mêmes prix que le concurrent ? en dessous de ceux de Tango sur un produit très spécifique: les cartes téléphoniques prépayées. Cela vaut-il vraiment d'être mis en avant? Oui, car depuis quelque temps déjà, la majorité des nouveaux clients du GSM préfèrent ces cartes à recharges à l'abonnement traditionnel. Ils n'ont pas tout à fait tort.

La grande nouveauté lors du lancement du second réseau de téléphonie mobile était l'abonnement "Hip-Hop".

Avec zéro franc de taxe mensuelle, Tango ouvrait grande la porte à tous ceux qui "voulaient seulement être joignables", sans l'ambition d'utiliser eux-mêmes beaucoup leurs portables. Aujourd'hui, cet abonnement gratuit ressemble de plus en plus à un luxe plutôt cher. Avec 29 francs en journée et 7 francs aux heures creuses pour appeler le réseau fixe, "Hip-Hop" ne peut guère concurrencer les cartes prépayées. "Pronto" de Tango coûte ainsi 12 et 7 francs, les formules "Tip Top" (P&T), "Kiwi" (Mobilux) et "Easy" (CMD) ne facturent même plus que 10 et 5 francs.

Un inconvénient reste: avec une carte prépayée, il faut soi-même veiller à avoir suffisamment de minutes en stock et s'approvisionner à temps avec une recharge. Certains services sont, de même, soit inaccessibles soit plus compliqués avec une "pre-paid'. Si on préfère recevoir une facture à la fin du mois et bénéficier des mêmes tarifs, ce service coûte 250 francs chez les revendeurs LuxGSM.

Plus de 2 ans après l'arrivée de la concurrence sur le marché de la téléphonie mobile, ils sont sans doute rares à tirer un bilan négatif. Adieu, les taxes d'initialisation; bye-bye, les abonnements à 2.000 francs; et finis les minutes au téléphone facturées à 30 francs. D'un abonnement standard de 500 francs pour des communications à 30 et 5 francs la minute, on est passé, pour un même tarif mensuel, à 5 francs à toute heure. Le prix plancher ?5 francs? est quant à lui resté stable. On reste donc loin du prix d'une communication locale sur le réseau fixe, qui s'élève à 1,25 francs. Le système de facturation du GSM ? à la minute voire à la seconde ? est cependant plus avantageux que les impulsions du réseau traditionnel.

Le premier gagnant (et responsable) de l'explosion du marché des GSM depuis deux ans est bien sûr le nouvel entrant sur ce marché : Tango. Sans avoir vraiment cassé la baraque avec ses tarifs, mais en préférant baisser ses prix en plusieurs étapes, le deuxième réseau GSM a rapidement trouvé sa place sur le marché. Au début de l'été 2000, l'opérateur pouvait se féliciter de son 100.000e client. Fin août, le chiffre avait dépassé les 106 000. LuxGSM ne peut pas pour autant se plaindre. Lors du lancement de Tango, en mai 98, le réseau des P&T comptait 75 000 abonnés. Aujourd'hui, ils sont à plus du double avec 156.000. Ces chiffres ? 262 000 abonnés au GSM pour quelque 415 000 habitants ? sont toutefois à prendre avec précaution, puisque les cartes prépayées sont venues brouiller un peu les données. D'un point de vue des parts de marché, les P&T et leurs partenaires ne doivent pas moins s'interroger. De 100% en mai 98, ils sont tombés à quelque 60% aujourd'hui. Le résultat d'une attitude défensive, laissant depuis le début à Tango la possibilité de se positionner comme "price leader" incontesté.

Quel serait le tableau aujourd'hui, si LuxGSM avait changé de stratégie dès janvier 98? Surtout les fournisseurs de services Mobilux (filiale à 100% des P&T) et CMD (en voie d'être repris à 80% par les P&T) ont fait les frais de l'arrivée de Tango. Les chiffres d'abonnements indiquent qu'au début, ils ont encore profité du boom général du GSM déclenché par l'arrivée d'un deuxième réseau. Depuis presque un an maintenant, ces mêmes chiffres confirment par contre une stagnation voire un recul du nombre de leurs abonnés. Il n'est en fait aujourd'hui plus possible de pousser cette analyse plus loin: LuxGSM ne publie plus depuis peu que des chiffres globaux, sans faire de répartition précise par revendeur.

La tendance à recourir de plus en plus aux cartes prépayées explique en partie que la plupart des nouveaux clients LuxGSM soient des clients des P&T. Jusqu'il y a peu, "Tip Top" était en effet la seule carte disponible sur le premier réseau. Lancer leurs propres versions devenait dès lors une question de survie pour Mobilux et CMD. Et avec leur tarification agressive, elles relancent les deux marques de plus belle. Même si, en fait, trois campagnes de publicité mettent en avant ce qui est, en fin de compte, un même produit.

Si le nombre d'abonnés a logiquement tendance à augmenter moins vite qu'il y a douze mois encore chez tous les opérateurs, la relation des clients aux GSM a fortement évoluée depuis deux ans. La baisse des tarifs par Tango, suivi de LuxGSM, a permis de vérifier une des grandes théories de la libéralisation des télécommunications.

L'élasticité de la demande par rapport aux prix ferait que plus les prix baissent, plus le volume des communications augmente. En clair, même avec des marges moins élevées, les opérateurs de réseaux GSM gagnent aujourd'hui plus d'argent qu'il y a un an encore. Alors qu'à trente francs, le client réfléchissait encore au coût avant d'appeler quelqu'un, cette retenue a entre-temps disparu. Ainsi, grâce aux baisses des prix, les Luxembourgeois sont passés du stade de propriétaires de téléphones portables à celui d'utilisateurs assidus du GSM. Et si ce n'est pas pour appeler quelqu'un, c'est au moins pour lui envoyer un SMS.

A quoi faut-il encore s'attendre sur le front des offres GSM ? Alors que Wap reste pour l'instant un service plutôt marginal, le lien entre GSM et Internet se nouera au plus tard avec GPRS (General Packet Radio Service). Ce nouveau standard, que Tango prévoit de lancer dans les mois à venir, permet des transmissions de données vers un téléphone portable à un débit dépassant de loin celui du ISDN. Au plus tard avec ce nouveau service, le GSM se positionnera donc en concurrent de plus en plus direct et de plus en plus redoutable du téléphone fixe.

La formule "home zone", comme Tango l'avait lancée sans grand succès et telle proposé par certains opérateurs en Allemagne, devrait encore renforcer cette tendance.            En diminuant les tarifs pour les appels de chez soi, en offrant un accès rapide et stable à Internet, le GSM deviendra de la sorte, surtout pour une clientèle de jeunes urbains, une alternative réelle au réseau fixe.

Surtout Tango devrait se lancer dans ce créneau. Pour les P&T, ce sera sans doute plus difficile. A quel point l'ancien monopoliste voudra-t-il concurrencer via LuxGSM son propre réseau fixe?

Mais comme l'évolution des tarifs de connexion à Internet l'a démontré, dans le monde des télécommunications, des offres qu'on disait hier encore impossibles et irréalisables peuvent voir le jour demain.

Annexe1:Développement des réseaux de mobilophonie

LuxGSMTango

05.9875.000-

12.9892.50037.000

05.99102.00048.000

12.99129.00078.000

03.00138.00087.700

09.00156.500106.000