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L'investissement en immobilier et matériel, à Marloie, est de "plusieurs millions" (on est ici dans le domaine médical et, concurrence oblige, discrétion et confidentialité sont de mise) et reflète la mise en valeur d'un savoir-faire pointu, à haute potentialité. Il est pourtant fort ignoré dans l'opinion publique.

Thymolux, récemment constituée, n'est autre qu'une spin-off du Centre d'économie rurale (CER), associée dans ce cas à cette autre spin-off qu'est Eurogentec, née en 1985 au départ de l'Université de Liège et spécialisée notamment dans la recherche biologique et chimique pour l'industrie pharmaceutique. Et, s'il a fallu passer par la création de Thymolux, "c'est parce que le CER est une fondation d'utilité publique qui ne peut avoir d'activité commerciale", explique le nouvel administrateur directeur du CER, Jean-Claude Bouchat. "Le contrat en question étant tout à fait commercial, il nous fallait donc passer par la constitution d'une société".

Les deux partenaires se connaissent bien car ils entretiennent une étroite collaboration. "Nous avons, avec une importante société pharmaceutique américaine, un contrat de fourniture d'un sérum", explique Gotfried Proess, de Eurogentec. "Thymolux assure la production car le CER dispose d'un excellent savoir-faire vu sa longue expérience dans la production de sérums".

Le client final "utilise cette substance de base dans un médicament contre le rejet de greffe", ajoute Jean-Claude Bouchat. Les travaux liés à l'investissement sont en cours et la pleine capacité de production ne sera atteinte que fin 2008, avec un objectif annuel de 10.000 litres de cette substance. Quant aux quelque 30 emplois (minimum) créés, ils seront hautement qualifiés pour le personnel d'encadrement et de production. Une formation sur place est prévue, car il s'agit d'un travail de haute précision dans un environnement stérile.

Un outil économique important

Ce contrat ouvre-t-il de nouvelles possibilités pour le CER? "En tant que tel, non, répond M. Bouchat. Mais il se pourrait que notre savoir-faire et nos recherches nous permettent d'autres opérations de ce type, que ce soit avec Eurogentec ou d'autres". L'administrateur directeur souligne l'importance du CER, institution provinciale de fait très méconnue, du moins quant à cet aspect de son travail. "Le CER a été créé il y a 35 ans pour valoriser les produits de nos agriculteurs et développer un centre collectif de recherche. Il a été à ce point sollicité et ses recherches, fructueuses, qu'il compte aujourd'hui 130 personnes. C'est un outil économique important en province de Luxembourg et au-delà, qui travaille beaucoup avec les universités et dispose d'un fort potentiel de développement. Mais que, hormis les milieux concernés, très peu connaissent, et encore moins quant à sa valeur scientifique".

C'est précisément parce que le CER connaît ce remarquable développement qu'il fallait en étoffer la direction. "J'étais administrateur, on m'a proposé de devenir administrateur-directeur", explique Jean-Claude Bouchat, qui aura à relever quelques défis. "Malgré son ampleur, le CER a grandi un peu sur le tas. Or, il faut une gestion de pointe, notamment en ressources humaines, en informatique, etc. Mon objectif est de professionnaliser la gestion, aussi bien en management qu'en marketing, en insufflant de nouvelles méthodes. Nous disposons de scientifiques de pointe qui accomplissent une recherche remarquable. Mais, à côté, il y a un certain manque de techniques de management, financières, de rentabilité etc. Amener ces techniques pour ancrer plus encore l'avenir du CER est la mission prioritaire que je me suis assignée".