«Nous sommes en train de voir si nous pouvons lancer des tests sur la 5G au Luxembourg dans les mois qui viennent. Soit seul, soit en partenariat», a indiqué Gervais Pellissier, le directeur Europe du groupe Orange. (Photo: Lala La Photo)

«Nous sommes en train de voir si nous pouvons lancer des tests sur la 5G au Luxembourg dans les mois qui viennent. Soit seul, soit en partenariat», a indiqué Gervais Pellissier, le directeur Europe du groupe Orange. (Photo: Lala La Photo)

M. Pellissier, Orange dispose d’un «fab lab» en Belgique. Planifiez-vous d’en ouvrir un au Luxembourg?

«Oui, nous étudions cette possibilité et il est assez probable qu’au cours de l’année 2018, nous ouvrions un ‘fab lab’ au Luxembourg. Mais celui-ci sera directement en relation avec notre métier. Nous voulons nous ouvrir à des start-up qui vont participer à notre écosystème, pas forcément en travaillant avec Orange, mais en contribuant au développement du monde numérique.

Pour nous, il s’agira d’apporter une petite mise de fonds aux entrepreneurs que nous accueillons, mais surtout d’essayer de leur faire bénéficier de nos services techniques, comme l’usage de la 5G, ainsi que de notre base de clients.

Plus un incubateur qu’un simple ‘fab lab’.

Gervais Pellissier, directeur Europe du groupe Orange

De plus, nous mettrons en relation ces jeunes entrepreneurs avec nos centres de R&D à Paris pour leur ouvrir des perspectives européennes. Ce sera donc plus un incubateur qu’un simple ‘fab lab’.

Orange dispose également d’un fonds d’investissement pour les start-up. Est-ce lié?

«Notre Orange Digital Ventures peut investir dans les start-up présentes dans nos Orange Fab (le groupe en a plusieurs dans le monde, ndlr) si elles lui paraissent intéressantes. Mais ce n’est pas obligatoire. Encore une fois, notre intérêt, en tant qu’opérateur, est d’essayer de développer l’écosystème des entreprises qui proposent des services numériques, car plus il y en aura, plus notre réseau sera consommé.

Orange Digital Ventures a-t-il investi dans une start-up luxembourgeoise?

«À ma connaissance, non.

Certains affirment que l’utilisation de la 5G concernera d’abord le secteur industriel, avant de s’ouvrir à celui des télécommunications pour le grand public. Êtes-vous de cet avis?

«Ce n’est pas tout à fait ce que l’on pense. Pour Orange, les premiers déploiements de 5G vont d’abord servir le grand public. Au-delà de la partie innovante que cette technologie va pouvoir apporter à l’usage industriel, elle représente avant tout la capacité de proposer, avec un spectre plus réduit, plus de capacité à chaque client et des vitesses plus rapides.

Pour nous, le premier intérêt de la 5G est d’améliorer l’expérience client, mais dans la continuité de la 4G. Donc, pouvoir passer des débits plus importants pour plus de clients. Pour prendre un exemple local, cela permettra d’offrir le matin à la gare de Luxembourg de meilleurs services de connexion.

Avec la 5G, nous pourrons fournir à la maison un débit équivalent à de l’ADSL.

Gervais Pellissier, directeur Europe du groupe Orange

Le second intérêt est que la 5G va permettre de proposer des services de connectivité en fixe. Nous allons donc pouvoir faire concurrence aux opérateurs propriétaires du réseau fixe en fournissant une connexion internet à la maison. Nous le testons déjà en 4G dans un ensemble de pays, comme la Pologne et la Slovaquie.

Avec la 5G, nous pourrons fournir un débit équivalent à de l’ADSL, c’est-à-dire une vitesse d’au moins 30MB par seconde. Et cela à une échéance de 2020, 2021.

Vous prévoyez donc d’investir massivement dans la 5G au Luxembourg?

«Nous avons déjà beaucoup investi dans l’infrastructure 4G. Nous menons des tests en laboratoire à Paris, mais aussi dans quelques villes d’Europe, notamment à Bratislava. Nous sommes par ailleurs en train de voir si nous pouvons en lancer au Luxembourg dans les mois qui viennent. Soit seul, soit en partenariat.

D’après nos sentiments, il semble que pour la première phase de la 5G, il n’y aura pas forcément besoin d’installer de nouvelles antennes. Il faudra moderniser les existantes, évidemment, mais elles pourront être réutilisées.

Si la 5G vous permet de concurrencer les opérateurs locaux sur des services fixes sans passer par leur réseau, c’est un nouveau marché qui s’ouvre pour vous?

«Oui, en effet. La question maintenant est de voir quel sera le degré de compétitivité de cette nouvelle infrastructure. Si celui-ci est élevé, on peut imaginer que les opérateurs ouvriront leur réseau fixe à des prix de gros plus intéressants.

Ces transformations technologiques conduiront à revoir les équilibres en place.

Gervais Pellissier, directeur Europe du groupe Orange

Quand vous êtes un opérateur d’infrastructure fixe, comme Orange l’est en France, vous avez tout intérêt d’avoir des clients de gros. C’est très lourd d’amortir cet investissement sur votre seule base client. Je pense donc que toutes ces transformations technologiques conduiront à revoir les équilibres en place, notamment au Luxembourg.

Lancée en France au mois de novembre, Orange Bank a déjà plus de 100.000 clients et offre depuis le 22 mars des crédits à la consommation. La verra-t-on au Luxembourg?

«Aujourd’hui, nous avons pris la décision formelle d’un lancement prochain pour l’Espagne. Ensuite, nous considérons à terme proposer Orange Bank au Belux.

En Europe centrale, nous utiliserons probablement un autre modèle, par exemple par le biais de banques partenaires, comme nous le faisons en Pologne. Pour rappel, le groupe Orange fait 40 milliards de chiffre d’affaires, dont 31 en Europe – plus ou moins 20 milliards en France et 11 milliards dans les autres pays.

Au sein de l’Europe, nous avons un gros pôle Ouest, composé de la France, de l’Espagne et du Belux, et un pôle Est où se trouve la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie et la Moldavie. Et l’idée n’est pas de proposer exactement les mêmes services sur ces deux zones.

À quelle échelle de temps verrons-nous Orange Bank au Luxembourg?

«Plutôt aux alentours de 2020, 2021. Nous ne voulons pas déployer ce service trop rapidement. En France, nous avons pris six mois de retard par rapport à nos estimations de départ. Nous préférons prendre le temps pour ne pas risquer de détériorer notre réputation de qualité de services.

Fournir une expérience client très différente de celle des grandes banques de la Place.

Gervais Pellissier, directeur Europe du groupe Orange

À travers Orange Bank, nous voulons fournir une expérience client qui soit très différente de celle d’un service équivalent dans l’une des grandes banques de la Place. Nous testons actuellement un petit set de fonctionnalités différentes.

Sur Orange Bank en France, par exemple, nous offrons la possibilité, quand vous avez égaré votre carte de crédit, d’en stopper l’usage par un seul clic sur votre téléphone, sans pour autant l’annuler complètement. Si vous êtes en voyage et que vous ne trouvez plus votre carte de crédit, qui est peut-être tout simplement restée à l’hôtel, votre premier réflexe est de l’annuler. Avec notre service, vous avez 48h pour la retrouver et la débloquer.»