Romain Dinouard s'est plongé dans une entreprise luxembourgeoise bien ancrée dans le tissu économique, où il aime toucher un peu à tout. (Photo: Annabelle Denham)

Romain Dinouard s'est plongé dans une entreprise luxembourgeoise bien ancrée dans le tissu économique, où il aime toucher un peu à tout. (Photo: Annabelle Denham)

Monsieur Dinouard, il n’est pas inutile de rappeler les différents métiers propres à Luxexpo. Quels sont-ils?

«Il faut préciser d’emblée que, contrairement à ce que pensent de nombreuses personnes, Luxexpo n’est pas un établissement public. C’est une société anonyme qui a pour actionnaires des organismes professionnels, la Ville de Luxembourg et des banques publiques. Luxexpo est le centre d’exposition et de congrès de Luxembourg et accueille, ou organise, une centaine d’événements chaque année: des banquets, des salons, des foires grand public et des événements professionnels. Nous avons en fait trois métiers. Nous assurons la location d’espaces que nous mettons à disposition de clients, notamment des organisateurs d’événements et de foires. Nous sommes également organisateurs d’événements, comme la Foire de Printemps ou le salon Vakanz, que nous assumons de A à Z. Enfin, nous commercialisons également tout un catalogue de services complémentaires et à la carte, destinés à nos clients dans des domaines comme la communication, la décoration, l’aménagement de stands… L’entreprise dispose de 34.000 m2 de surfaces couvertes et emploie 33 personnes. S’y ajoutent des intérimaires réguliers, entre 10 et 40 personnes. Mais sur de grands événements, l’effectif peut être porté à 150 personnes afin d’assurer la sécurité, le montage et démontage des stands, etc.

Quel est le chiffre d’affaires?

«En 2014, il est d’environ 8 millions d’euros. Il progresse de 5% par rapport à l’année précédente. Mais l’impact de Luxexpo sur l’économie nationale est autrement important. Les retombées pour les entreprises luxembourgeoises, de l’horesca et de l’artisanat pour ne citer que ces deux secteurs, s’élèvent à plusieurs dizaines de millions d’euros par an. Luxexpo a une véritable mission d’intérêt général. C’est un lieu de rencontre et d’échange ainsi qu’une plateforme de promotion et de développement économique. C’est également une vitrine de l’économie du Grand-Duché et, au-delà, de la Grande Région.

Le secteur des foires et salons est un marché mature, mais qui offre des perspectives

Comment l’entreprise est-elle organisée en interne? Et comment vous situez-vous dans cette organisation?

«L’organisation s’articule autour de deux grands pôles. Le premier, placé sous la responsabilité du directeur d’exploitation, est en charge du développement des activités. Il recoupe les services Marketing et Vente, les activités de support et un service technique. Le second pôle, placé sous ma responsabilité, réunit les services Comptabilité/Finance, l’IT et le service Bâtiment et Sécurité. Une petite équipe de six personnes y travaille.

Votre champ de responsabilités est plutôt hétéroclite pour un responsable administratif et financier.

«Effectivement, cela peut surprendre. Mais au-delà de correspondre à mes affinités, ces responsabilités répondent, surtout, à une nécessité. Produire une information financière et des états prévisionnels pertinents, donner des instructions efficaces au jour le jour, s’impliquer dans les réflexions et les décisions, tout cela demande d’être en contact direct et permanent avec le terrain et le marché. Je ne manque jamais de visiter chacune des manifestations que nous accueillons afin de rencontrer nos clients et de m’assurer de la pertinence des investissements éventuels. Je suis à la fois un analyste averti et un interprète des chiffres et des résultats financiers, la base de la décision stratégique et du pilotage. Challenger les projets, les idées et les raisonnements, cela fait partie de mon rôle. La gestion de trésorerie et la vigilance budgétaire sont d’autant plus importantes actuellement que Luxexpo entre dans une phase de transition où d’importants investissements visant à rénover et moderniser nos installations sont en cours.

Quelles sont les missions qui vous ont été confiées?

«Ma mission première est de produire des informations financières fiables et appropriées, puis d’identifier les risques, et enfin, de mettre en place les systèmes et les procédures qui permettent de les maîtriser. Je suis, bien entendu, également responsable de l’établissement du budget annuel, ce qui implique de multiplier les échanges avec les différents services et de procéder à des arbitrages afin d’allouer des enveloppes au mieux des intérêts de l’entreprise. Mais au-delà de ces grands classiques inhérents à mon métier, j’accompagne le processus décisionnel en associant mes compétences à celles du directeur d’exploitation et du directeur général. Ce n’est pas forcément simple dans la mesure où la grande spécificité de notre activité tient au caractère d’ ‘intérêt général’ que j’évoquais précédemment. Cette dimension n’est pas accessoire, elle fait partie intégrante de l’ADN de l’entreprise. À ce titre, la recherche d’une rentabilité maximale n’est pas systématique, ce n’est pas l’ambition ultime ou la priorité absolue. Mais dans le même temps, il faut aussi que l’entreprise soit profitable pour continuer à offrir des services de qualité et à investir. En tant que directeur financier, il me faut composer de temps à autre. Les discussions au sein du comité de direction sont parfois animées mais toujours constructives. C’est stimulant et nécessite, aussi, de se montrer flexible et innovant.

Pouvez-vous nous présenter une journée type?

«Dans une petite structure, le directeur administratif et financier n’est pas un professionnel qui passe ses journées devant son ordinateur. Et c’est ce qui rend mon job particulièrement passionnant. Je n’ai donc pas de journée type. J’ai la chance de toucher à de nombreux projets, voire de les mener de A à Z. Et de façon très concrète. Par exemple, pour la rénovation de notre restaurant – qui est ouvert toute l’année à l’heure du déjeuner –, j’ai participé à l’établissement du cahier des charges, j’ai discuté avec les architectes et les différents acteurs impliqués, j’ai été amené à faire des choix parmi les fournisseurs. Tout cela donne du sens à mon métier. Cela dit, s’il me faut être réactif et disponible car je peux être sollicité à tout moment par des clients, des fournisseurs mais aussi par le conseil d’administration, le comité d’audit voire un ministère, j’ai aussi besoin de planifier et d’anticiper. Sur un plan plus personnel, il ne se passe pas un matin où je ne me fais pas le plan de ma journée avant de partir travailler. Et chaque dimanche, je prépare celui de ma semaine. Chaque journée est donc différente de la précédente, même si en période budgétaire ou de clôture, j’ai effectivement tendance à rester confiné dans mon bureau pour des raisons évidentes de concentration.

Dans une petite structure, le Daf ne passe pas ses journées devant son ordinateur

Quels sont vos outils stratégiques à portée de main?

«J’utilise un nombre d’indicateurs financiers relativement limité mais ils sont pertinents. Je dispose notamment d’un tableau de bord qui me permet d’avoir une vue synthétique des résultats par produit et centre de coûts. Je ne veux surtout pas être noyé sous une batterie d’indicateurs. Ce serait contre-productif. La taille de la société et l’organisation interne favorisent également les remontées et les échanges d’information; et j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur une équipe performante.

Vous avez évoqué précédemment des investissements. Pouvez-vous nous dire un mot sur ces différents projets?

«Le secteur des foires et salons est un marché mature, mais qui offre des perspectives. Nous allons investir et innover, en concertation avec la Sipel – le propriétaire des bâtiments – et avec le soutien de nos actionnaires. L’enveloppe est considérable puisqu’elle est d’environ 15 millions d’euros. Sans trop entrer dans les détails, 4 millions d’euros sont investis dans l’aménagement d’un centre de congrès et de conférences. Ce chantier a démarré l’an dernier. Une dizaine de millions vont également être investis afin de développer notre offre en parking, de créer une nouvelle entrée sud et de réaménager nos espaces. L’ambition est de renforcer l’accessibilité et la polyvalence de nos installations. Les premiers travaux ont démarré en début d’année mais le chantier est d’envergure. Ces nouvelles installations seront opérationnelles en 2017. Notre objectif est d’élargir notre marché pour rayonner à l’échelle de la Grande Région et à l’international. Et cela en nous positionnant notamment dans le domaine du Mice (Meetings, Incentives, Conventions, Events). Cela se fera en coordination avec les acteurs locaux et en relation avec nos partenaires, notamment les membres du cluster Mice, créé il y a quelques mois. Nous allons, bien entendu, renforcer notre équipe commerciale et affiner notre communication pour aller chercher et convaincre ces nouveaux clients.

Vous l’avez souligné, vos journées sont bien remplies. Avez-vous encore un peu de temps pour les loisirs?

«Comme dans la vie professionnelle, je m’intéresse à plein de choses, même si le temps me manque pour tout faire. Dès que j’en ai l’occasion, je m’arrange pour échanger et m’enrichir auprès de gens venus d’horizons différents. J’aime aussi beaucoup la musique. J’ai pratiqué le violon pendant 12 années au conservatoire. Mais j’apprécie tout particulièrement le sport. J’ai fait du judo pendant une dizaine d’années ainsi que de l’aviron. Pour me détendre, je pratique le tir sportif, un sport qui requiert beaucoup de concentration et permet d’évacuer le stress. Cela fait partie de mes bonnes résolutions: me libérer un peu de temps pour transpirer plus régulièrement. J’aime aussi passer du temps en famille, avec mes deux enfants, et entre amis.»

Parcours
Des grands cabinets à la PME de terrain. Né en 1976, originaire de Lille, dans le Nord de la France, Romain Dinouard est marié et père de deux enfants. Il est titulaire d’une maîtrise en sciences économiques, option gestion des entreprises, de Panthéon-Assas Paris II et d’un master en audit, contrôle de gestion et système d’information de l’ESC Lille. Il est également expert-comptable. Au Luxembourg, il a travaillé près de 11 ans au sein de cabinets d’audit internationaux de renom, tels que Ernst & Young (devenu EY) et BDO. «Ces expériences professionnelles m’ont, notamment, permis d’acquérir une bonne connaissance des sociétés industrielles et commerciales», précise l’intéressé qui s’est également forgé une solide expérience dans le domaine du contrôle des sociétés, législatif et comptable. Après une décennie à s’investir dans ce domaine, Romain Dinouard décide de changer d’horizon. Son ambition est d’intégrer une PME qui lui offre l’opportunité de multiplier les tâches, au quotidien. Il intègre alors l’équipe de Luxexpo en octobre 2011.